La cuisine italienne, emblème de convivialité, de tradition et d’excellence gastronomique, pourrait bientôt rejoindre les rangs des trésors immatériels de l’humanité. Le 10 novembre 2025, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a émis un avis favorable à son inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel.

Cette reconnaissance, si elle est confirmée en décembre à New Delhi, couronnerait des années de candidature et positionnerait l’Italie comme pionnière mondiale dans la valorisation de son art culinaire global. Inspiré des annonces récentes, cet article explore les enjeux et les perspectives de cette avancée culturelle majeure.

Une candidature lancée en 2023
Le gouvernement italien a officiellement déposé la candidature de la cuisine italienne au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco le 23 mars 2023, lors d’une conférence de presse animée par le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Francesco Lollobrigida. Ce dossier, rédigé par l’expert Pier Luigi Petrillo – déjà à l’origine des inscriptions du régime méditerranéen et de l’art du pizzaiolo napolitain –, met l’accent sur les pratiques sociales, rituels et gestes qui transcendent les simples recettes.

Le processus, initié en 2020 par des associations et institutions culturelles, vise à célébrer la « mosaïque de traditions » reflétant la biodiversité du terroir italien. Après validation unanime par la Commission nationale italienne, le dossier a été transmis au ministère des Affaires étrangères pour évaluation, avec une décision attendue initialement fin 2025. L’annonce à Lyon en septembre 2023, lors d’un événement promotionnel avec des restaurateurs locaux, a marqué le coup d’envoi d’une campagne européenne de sensibilisation.

L’avis favorable de l’Unesco : une première étape décisive vers décembre 2025
Le 10 novembre 2025, le comité d’experts de l’Unesco a publié un avis positif sur la candidature italienne, aux côtés d’autres traditions comme le yodel suisse ou l’origami japonais. Cette évaluation préliminaire, issue d’un examen approfondi des éléments culturels proposés, pave la voie pour une décision finale du comité intergouvernemental, réuni du 8 au 13 décembre à New Delhi.

Si validée, cette inscription ferait de la cuisine italienne la première au monde à être reconnue dans son ensemble, surpassant les approches fragmentées d’autres nations comme la France (avec son « repas gastronomique » et la baguette) ou le Japon (washoku). L’Unesco souligne ainsi la dimension universelle de ces pratiques : non seulement des plats, mais un mode de vie axé sur le partage et la transmission intergénérationnelle.

Qu’est-ce qui définit la cuisine italienne comme patrimoine? Une mosaïque de traditions et de savoir-faire
Au-delà des pâtes, pizzas et gelati mondialement célèbres, la candidature met en lumière un système holistique de valeurs : préparation des repas comme moments de rencontre, gestes ancestraux des artisans, et lien indéfectible avec les produits locaux. Francesco Lollobrigida l’a décrit comme une « complexité constituée d’un système de valeurs consolidées au fil du temps dans notre nation ».

L’Italie compte déjà 4 inscriptions alimentaires au patrimoine immatériel : la culture des vignes de Pantelleria (2014), l’art du pizzaiolo napolitain (2017), la transhumance (2019) et la recherche de la truffe (2021). Cette nouvelle reconnaissance élèverait le total à six, renforçant la position de l’Italie comme leader mondial avec 59 sites au patrimoine mondial (matériel et immatériel). Elle soulignerait aussi la rivalité amicale avec la France, qui n’en compte que deux dans le domaine culinaire.

Implications et perspectives : une victoire pour la culture, l’économie et la diplomatie
Une inscription définitive boosterait l’industrie agroalimentaire italienne, déjà exportatrice de 50 milliards d’euros annuels, en promouvant l’authenticité face aux imitations mondiales. Elle favoriserait aussi la préservation des savoir-faire locaux menacés par la mondialisation, tout en renforçant le tourisme culturel -l’Italie attirant déjà 60 millions de visiteurs par an- en partie pour sa gastronomie.

Sur le plan diplomatique, cette reconnaissance consoliderait l’influence italienne à l’Unesco, où le pays brille par ses 59 sites protégés. Des voix comme celle de Gianmarco Mazzi, sous-secrétaire à la Culture, y voient un « match » impliquant 140 millions d’Italiens de la diaspora.
Rendez-vous en décembre à New Delhi pour sceller ce triomphe méditerranéen – et peut-être, pour trinquer avec un bon Chianti !


