Voyages de luxe à petits prix, jusqu’à –70%, déclare le site de l’agence Voyage Privé. Rêvons. Va pour ce « luxe à petit prix » en Islande pour un séjour en couple. Le luxe n’est pas grand, le prix pas si petit.

J’avais bien vu en réservant les voyages (1200 € pour 4 jours par personne en demi-pension, vols et transferts inclus) que seuls la nuitée et les petits-déjeuners au Hilton Nordica de Reykjavik à l’arrivée et au départ sont inclus et que le reste du séjour, dans les hautes terres d’Islande, serait organisé en formule demi-pension. Sans surprise, il faudra ajouter le prix de 8 repas au prix payé à l’inscription.

Les vols se feront sur la compagnie dite « low-cost » islandaise Play. Première surprise à l’aéroport (partiellement de ma faute): il était noté bagage à main et bagage cabine inclus, ce que j’ai distraitement interprété par bagage à main et en soute. Or, à l’aéroport il faut payer 100 € par bagage en soute, ce qui revient quand même à 83 € si on les règle en ligne à l’avance, ce que je ferai pour le retour. Le vol lui-même à l’aller étant tarifé à 180€ ! Au total 366 € de frais de bagage pour l’aller-retour sur lequel il serait judicieux que Voyage Privé attire l’attention.

L’avion, un Airbus A321 Néo est propre, quasi neuf, les hôtesses toutes vêtues de rouge comme la carlingue de l’avion. Le repas (payant évidemment) à bord, comment dire…. frugal ? Partant le matin à 11h pour 3h de vol plus les transferts, mieux vaut avoir quelque chose dans l’estomac quand même. Je me lance : des pâtes sauce tomate. Oui, je sais, c’est risqué… Arrive une double mini-barquette en plastique, un côté rempli de fusilli totalement collés entre eux, l’autre rempli à ras bord de sauce tomate.
Le sport va consister d’abord à décoller les pâtes à l’aide d’une mini-fourchette en bois qui craque sous l’effort ; il va se doubler d’un exercice d’équilibriste pour tenter de réunir les pâtes et leur sauce sans le moindre espace pour les mélanger. Et, si possible, éviter le badigeon sauce tomate sur mon pull. C’est là qu’on se découvre des trésors de patience pour manger les pâtes en les trempant délicatement après les avoir désolidarisées une à une dans le liquide rouge. Je demande un verre d’eau. Pas de verre d’eau : il faut acheter une bouteille, sinon rien.
Pas mal de faux frais à prévoir

Arrivée à l’heure prévue à l’aéroport de Keflavik distant de 60 km de la capitale Reykjavik où se trouve notre hôtel. On m’avait dit, par téléphone, que nous serions attendus avec notre nom sur une tablette mais on ne m’avait pas précisé où. Il me faut donc comprendre que je dois d’abord me rendre à un guichet de l’aéroport, y donner nos noms et obtenir deux tickets de transfert par bus. Il neige à la sortie de l’aéroport et il y a plusieurs bus. Je trouve le bon Flybus. Il mettra environ une heure pour arriver à Reykjavik au terminal des vols nationaux. Là, toujours personne dans les environs qui soit muni d’une tablette portant nos noms.
Après dix minutes d’attente nous restons seuls devant la sortie de ce terminal et donc repérables par un chauffeur sympathique et même francophone qui me demande si ce n’est pas nous, par hasard, qui irions au Hilton Nordica. Il nous y emmène. Ouf, nous voici arrivés. Le luxe va sûrement commencer là. Chambre pas très grande, dite queen-size (même le lit ne l’est pas) mais fonctionnelle, donnant sur le périphérique et un parking. Fenêtre mal isolée laissant passer un courant d’air (on nous accordera deux couvertures supplémentaires), piles h.s. dans la télécommande de la télévision, lumière au-dessus du lavabo h.s. aussi, bruit de soufflerie toute la nuit. Dîner au restaurant de l’hôtel excellent, petit-déjeuner buffet aussi. On ne peut pas tout rater quand même.

Le lendemain nous partons pour le séjour principal vers Kerlingarsfjöll dans les Highlands. Nulle part sur les documents il n’est indiqué que nous ne partons pas directement de l’hôtel. Le concierge n’est au courant de rien. Je finis par trouver, sur les documents, le téléphone d’un réceptif sur place qui m’envoie l’adresse à laquelle il faudra se trouver le lendemain matin à 8h30 pour monter dans les super-jeeps capables de franchir ce désert de lave et de glaciers recouverts de neige. Et le lieu se trouve à 3 km de l’hôtel. Nous devrons prendre un taxi à nos frais pour nous y rendre.
Et nous voici partis avec trois autres passagers pour 5 h de route et un arrêt de 10 m entre deux avec le très souriant Magnus, chauffeur tout terrain et de fort bonne humeur pour arriver avant la tombée de la nuit vers 15h30 à Kerlingarsfjöll.

Bonne surprise : les deux journées intermédiaires
L’hôtel de facture très récente sert de base aux innombrables randonnées autour des sources naturelles d’eau chaude, des glaciers, des caldeiras que recèle cette région vraiment magnifique et pratiquée l’été essentiellement. Mais en cet hiver très enneigé, le lieu devient méditatif. Niché au creux de collines avec comme seul son extérieur celui des rivières et chutes d’eau qui, malgré le froid glacial, restent vives puisque naturellement chaudes, c’est l’un des lieux les plus exotiques qui soit. Le luxe, ici, n’est pas ostentatoire. Il est dans le détail parfaitement étudié de tout ce qui contribue au confort.
Épais murs en bois, bonne isolation thermique aussi bien que phonique, accessoires des chambres et des salles de bains de grande qualité et personnel toujours disposé à agrémenter votre séjour. Restauration excellente et ambiance douce et chaleureuse. L’attraction majeure est le Spa extérieur auquel on accède librement à toute heure par un couloir souterrain. Ses bassins d’eau de source non filtrée et d’une température de 37° rendent peu héroïques les trois pas sur un tapis caoutchouté qui les séparent de la porte de l’hôtel. Respirer l’air pur alentour dans ce décor de rochers enneigés devient vite une addiction.

L’hôtel propose aussi chaque jour des animations : légendes du pays des sagas, sortie à la rencontre des sources d’eau chaude, ski, et, les jours fastes : observation des étoiles et chasse aux aurores boréales. A condition que la météo le permette ce qui en quatre jours de chutes presque ininterrompues de neige n’était pas à l’ordre du jour. En contrepartie, bénéficier de ce bâtiment protecteur et confortable, tout en bois, regarder le jour bleuté se lever à l’horizon, profiter du grand sauna et des piscines chaudes naturelles est un luxe d’un exotisme incomparable. Retourner, après deux nuits et trois jours vers la capitale en traversant ce magnifique désert de neige et de glace dans les solides super-jeeps ne l’est pas moins.

Retour d’expérience
L’heure du départ de l’hôtel n’était pas précisée mais il n’y en avait qu’un par jour à 13h. Au retour, le paysage après les fortes chutes de neige avait considérablement changé. Tout est recouvert de poudreuse blanche. La jeep bringuebale sur le terrain glacé enneigé recouvrant les champs de lave. L’horizon s’étale à perte de vue interrompu, rarement, par un pont enjambant un cours d’eau tumultueux ou par un troupeau de robustes petits chevaux islandais que la neige ne semble pas déranger.
Arrivés à Reykjavik, il nous faudra reprendre un taxi à nos frais depuis le terminal des bus jusqu’au même Hilton Nordica où nous aurons juste le temps de dîner et de tenter quelques brèves heures de sommeil puisqu’il faut être présents dans le hall à 2h30 le matin pour monter à bord du Flybus nous menant avec d’autres passagers à l’aéroport de Keflavik à une heure de là.
Le petit-déjeuner étant compris dans la nuitée, mais le restaurant fermé à cette heure; nous pourrons nous servir d’un sandwich caoutchouteux, d’une salade de fruits -qui, à l’évidence, ont manqué de soleil pour mûrir-, et d’un muffin chocolaté mou et collant, le tout entreposé dans une armoire frigorifique près du comptoir d’accueil. Sincèrement, la chaîne Hilton ne saurait dorer son blason à la lumière des prestations de cet établissement vieillissant…
De retour à Paris, surprise: le montant de la dernière nuitée hôtelière a été débité de notre carte de crédit pour un montant de 123€. Erreur ou tradition maison? Après un coup de fil témoignant de ma surprise, on m’indique de ne pas m’inquiéter et de surveiller mon compte bancaire: la somme sera recréditée ces prochains jours… (ce qui depuis a été fait). Vol retour sans problème après avoir payé, cette fois-ci, 83 € par bagage en soute.
Le voyage annoncé à 1200 € par personne pour 4 jours revient en réalité à environ 1450 € sans inclure les 5 repas non intégrés au forfait, ni d’éventuels frais d’acheminement aller-retour depuis l’aéroport parisien. Donc, pour 4 jours, le montant est de l’ordre de 1800 à 2000 € par personne. Et davantage si, sur place, vous réservez une excursion spécifique. Un autre aspect pratique dont il faut tenir compte : si vous ne pratiquez pas l’anglais ce sera difficile de vous faire comprendre: il n’y a aucun accueil francophone sur place.
Conclusion: si le luxe se loge dans les détails, le compte n’y est pas!
Evelyne Dreyfus (texte et photos Evelyne Dreyfus)
NDL : Voyage privé est une agence de voyages en ligne spécialisée dans la vente privée. Leur site a été lancé en mai 2006. Le siège de la société est installé à Aix-en-Provence. Le site propose une sélection de séjours et de loisirs pour des destinations en France et dans le monde, à des prix négociés pour ses adhérents.
Au moment où le syndicat des agences de voyages (EDV) lance son site contre les travel-planners et autres consultants sans licences, le client peut se poser des questions sur la façon dont certaines agences vendent leurs forfaits vacances…