À l’approche des élections fédérales du week-end prochain en Allemagne, les poids lourds du tourisme prennent position. Après que le PDG de TUI, Sebastian Ebel, ait mis en garde contre les projets de l’AfD la semaine dernière, le PDG de Rewe et de DERTOUR, Lionel Souque, a également pris position. Cette information a été diffusée par le média spécialisé allemand Reise Vor 9. Nous sommes d’accord avec les propos de ces deux dirigeants.
Maintien de l’euro et de l’Union Européenne
Sebastian Ebel avait déclaré dans une émission de la chaîne télé ARD que la position économique de l’Allemagne était de plus en plus menacée par la position de l’AfD sur l’Union européenne et l’euro. L’Allemagne, en tant que nation exportatrice, a bénéficié de l’introduction de l’euro. « Si nous n’avions pas cet avantage, notre implantation serait encore plus difficile et d’autres investissements partiraient alors à l’étranger », a déclaré le patron de TUI. Si l’euro était effectivement aboli dans ce pays, cela conduirait inévitablement à une hausse du chômage et à une inflation nettement plus élevée.
Appels similaires chez Rewe
Lionel Souque, PDG de Rewe qui détient le groupe Dertour, s’est également exprimé sur le sujet. Même s’il ne mentionne pas explicitement l’AfD dans sa déclaration, la teneur de son appel est néanmoins claire. « Bien qu’en tant que Français je ne sois pas autorisé à voter en Allemagne, cette élection est particulièrement importante pour moi », écrit Souque sur la plateforme Linkedin. Le pays est confronté à des défis majeurs qu’il ne peut « résoudre qu’ensemble » et « par le dialogue » ! Le nouveau gouvernement devra s’attaquer à un certain nombre de problèmes : tout d’abord, il devra « définitivement renforcer » la position de l’Allemagne en tant que troisième économie mondiale. Pour y parvenir, il faut soutenir les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, rendre le travail plus attractif et réduire considérablement la réglementation et la bureaucratie.
Il est urgent d’agir
Les dirigeants des deux plus grandes entreprises touristiques du pays sont d’accord sur tous ces points – contrairement à l’époque où le patron de Rewe aimait se moquer des aides d’État accordées à TUI parce que le groupe n’était « pas à proprement parler une entreprise allemande ». Il existe désormais un large consensus au sein de la sphère politique.
Sebastian Ebel a également critiqué la bureaucratie et les obstacles à l’investissement et a demandé à l’Allemagne de se concentrer sur ses propres forces.
Dans sa contribution, Lionel Souque exige également qu’un nouveau gouvernement « prenne au sérieux les préoccupations et les problèmes des citoyens et les résolve ». Cela inclut la garde d’enfants et le système scolaire, la santé et les soins, ainsi que la sécurité – des questions qui devraient figurer « en tête de l’agenda politique ». C’est la seule façon pour l’Allemagne d’«éviter que sa société ne s’oriente vers les extrêmes politiques par frustration et par protestation», explique le patron de Rewe. « Donnons ensemble l’exemple – de la démocratie et du discours », conclut-il son appel.
C’est quoi l’Afd ?
Alternative pour l’Allemagne (AfD) est un parti politique populiste d’extrême droite et de droite en Allemagne. L’AfD est eurosceptique et s’oppose à l’immigration en Allemagne, en particulier celle de croyance musulmane. La justice allemande a classé le parti comme « suspecté d’extrémisme ».
Son programme électoral appelle à ce que l’Allemagne quitte l’Union européenne – une politique qui a mis l’économie britannique à genoux – et à ce que les relations avec le Kremlin de Vladimir Poutine soient comparables à celles de la Maison Blanche. Il soutient en outre la nécessité de restaurer la dépendance du pays vis-à-vis du gaz naturel russe en reconstruisant le gazoduc Nord Stream 2.
Il existe une différence substantielle par rapport aux partis populistes d’autres pays, comme les Frères d’Italie de Giorgia Meloni : les membres de l’AfD sont connus pour banaliser le passé nazi de l’Allemagne ou pour nier catégoriquement l’Holocauste.
Et le Tesla Boy dans tout ça?
Avec une richesse estimée à 440 milliards de dollars, Elon Musk a décidé de tout miser pour soutenir son ambitieuse campagne dans l’UE. Le PDG de Tesla exporte son style politique qui divise dans la plus grande économie d’Europe, exhortant les électeurs à soutenir l’AfD populiste lors des élections de février.
Musk a salué l’approche de l’AfD en matière de déréglementation, qui reflète en partie les directives de l’Union européenne, et sa position défendant l’identité culturelle allemande contre la mondialisation et l’ouverture des frontières.
Le milliardaire tente également d’influencer la politique britannique. Nigel Farage, chef du Parti réformiste populiste et allié de Trump, a confirmé qu’il était en pourparlers pour recevoir un don important de Musk, à condition qu’ils respectent les lois britanniques sur le financement des campagnes électorales.
