L’archipel de Mayotte a été frappé par le cyclone Chido le samedi 14 décembre 2024, avec des conséquences dévastatrices pour le territoire et la population. Un phénomène d’une ampleur inédite depuis plus de quatre-vingt-dix ans pour Mayotte.
-Zainaba MOHAMED – Présidente de l’OT du centre ouest – Charles Henri MANDAILAZ – Président (AaDTM)
« Quatre mois après le passage du cyclone Chido – calamité exceptionnelle – sur notre île, Mayotte panse ses plaies tout en faisant preuve de résilience » commente Michel Madi, directeur de l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte (AaDTM), lors d’une conférence de presse à Paris.
Etat des lieux de l’attractivité touristique de Mayotte
Courageux et tenaces, les opérateurs touristiques tentent de reprendre leur activité. Actuellement 68% du bâti est hors d’usage ou en mauvais état. Suite aux dégâts matériels, le coût des travaux est estimé à 45 millions d’euros. Confrontés à de grosses difficultés d’approvisionnement, seulement 43% des restaurateurs déclarent être ouverts. Quant à la filière nautique comme celle des croisières, elles restent très impactées.
A cela s’ajoute un état financier précaire : les assureurs se font tirer l’oreille pour indemniser dans les temps, les entreprises ou entrepreneurs sinistrés. Le préjudice financier de ces derniers est estimé à 21 millions d’euros.
Un tourisme peu développé avant le cyclone
En temps normal, l’île au Lagon ne compte que 600 chambres d’hôtel. Quelque 200 chambres seraient en projet. En générant 88 millions d’euros de recettes par an, le tourisme constitue une activité importante pour Mayotte, à côté de l’agriculture, la pêche et la construction.
Destination plutôt confidentielle, cette ile de l’Océan indien accueillait 72.000 touristes, venant essentiellement de métropole et de la Réunion, située à 1.500 km. Le trafic affinitaire reste important avec 57% des arrivées. Le tourisme d’affaires et le tourisme loisirs, surtout de plongée, représentent respectivement 20% et 23% des arrivées.
Le lagon, la pépite de l’archipel
Avec sa double barrière de corail, Mayotte abrite l’un des plus grands lagons au monde. Ce premier parc marin d’outre-mer et le deuxième français, de 1100 km² et d’une profondeur moyenne de 40 mètres, fait l’objet d’une candidature de classement comme patrimoine mondial de l’Unesco. A suivre donc.
En attendant, c’est un paradis pour les plongeurs bouteilles ou seulement munis de palmes et d’un masque. Pas de doute, les tortues marines, la faune et la flore sous-marine très développées en font un atout majeur pour le développement du tourisme.
Les mesures indispensables pour rebondir
Dès cet été, ce département éloigné de 8 000 kilomètres de l’hexagone et situé à deux heures d’avion de La Réunion, mise sur la reprise de la « consommation touristique » des locaux. Et ce, en donnant des coups de pouce financiers aux salariés du privé et aux seniors.
Pour attirer les clients étrangers, il souhaite à moyen terme étoffer son offre hôtelière et la monter en gamme. Et bien sûr améliorer la formation des professionnels de la filière.
« Si ces catastrophes agissent comme un révélateur des vulnérabilités et d’instabilité du 101ème département, les acteurs du tourisme entendent bien mobiliser les énergies et les soutiens nécessaires pour en faire une opportunité favorable à la reconstruction et à la construction de nouvelles dynamiques du secteur du tourisme » conclut Michel Madi. De belles perspectives, surtout si des mesures fermes sont prises pour renforcer juridiquement les moyens de lutte contre l’immigration illégale.
Martine Denoune
