La fièvre jaune, une maladie virale transmise par les moustiques, constitue une menace croissante en Colombie en 2025. Avec une flambée de cas sans précédent depuis des décennies, le pays a déclaré une urgence sanitaire nationale, révélant des défis structurels et environnementaux.
Une épidémie d’une ampleur inédite
Depuis septembre 2024, la Colombie a enregistré 85 cas confirmés de fièvre jaune, dont 38 décès, soit un taux de létalité alarmant de 44,7 %. Ces chiffres, rapportés par le ministère de la Santé colombien au 4 mai 2025, surpassent largement les années précédentes, où les cas annuels ne dépassaient pas la dizaine. Dix provinces sont touchées, avec Tolima (59 cas, 23 décès) et Putumayo (7 cas) comme épicentres. La maladie, autrefois cantonnée à l’Amazonie, s’est propagée à des zones non historiques, comme Caldas, dans la région du café, signalant une expansion géographique inquiétante.
Faible couverture vaccinale
Bien que le vaccin contre la fièvre jaune, efficace à vie après une seule dose, soit gratuit en Colombie pour les personnes dès 9 mois, la couverture vaccinale reste insuffisante. En 2024, seulement 54 % de la population de Tolima âgée de 1 à 59 ans était vaccinée, contre une moyenne nationale de 64 %, avec un déficit notable chez les 41-50 ans. La baisse de la vaccination, exacerbée par les perturbations liées à la pandémie, a laissé des populations vulnérables, favorisant la résurgence de la maladie.
La déforestation est l’une des raisons
Le réchauffement climatique et la déforestation ont élargi l’habitat des moustiques vecteurs, permettant à la fièvre jaune de s’étendre au-delà des zones sylvatiques traditionnelles. L’urbanisation croissante, notamment dans des régions comme Tolima, accroît les interactions entre humains, singes (réservoirs du virus) et moustiques, augmentant le risque d’épidémies urbaines, absentes depuis 1929. Les fortes pluies de 2024 ont également favorisé la prolifération des moustiques, aggravant la situation.
On constate un impact sur le tourisme
La Colombie, qui a accueilli plus de 6 millions de touristes en 2024, voit son attractivité touristique menacée par l’épidémie. Le 15 avril 2025, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont émis un avis de voyage de niveau 2, recommandant la vaccination au moins 10 jours avant le départ pour les zones à risque, incluant Tolima, Meta et Caldas. Le Département d’État américain a également relevé son alerte à niveau 3 (« reconsidérer le voyage ») en raison de l’épidémie et de troubles civils, décourageant les visites dans des régions comme Arauca et Norte de Santander. En conséquence, les réservations touristiques pour des destinations comme le triangle du café ont chuté de 15 % au premier trimestre 2025, selon les opérateurs locaux.
La Colombie doit renforcer la couverture vaccinale
Pour endiguer l’épidémie, la Colombie doit atteindre une couverture vaccinale d’au moins 95 % dans les zones à risque, un objectif loin d’être atteint. Les campagnes de sensibilisation doivent surmonter la méfiance vaccinale, particulièrement chez les populations âgées, en insistant sur la sécurité et l’efficacité du vaccin. Des efforts accrus pour vacciner les migrants et les communautés isolées sont également cruciaux.
Quels sont les symptômes ?
La fièvre jaune, transmise par les moustiques Aedes et Haemagogus, se manifeste par des symptômes initiaux tels que fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, nausées et vomissements, qui disparaissent souvent en 3 à 4 jours. Cependant, 15 % des patients entrent dans une phase toxique marquée par une jaunisse, des saignements et une insuffisance rénale, avec un risque de décès de 50 % dans les 10 à 14 jours. Cette gravité, combinée à la difficulté de diagnostic précoce, amplifie l’impact de l’épidémie.
