Compagnies aériennes: des profits en hausse au détriment de l’expérience passager ?

En 2025, les compagnies aériennes mondiales affichent une santé financière remarquable, avec des profits en forte progression, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Cependant, cette réussite économique s’accompagne d’une dégradation de l’expérience des passagers, confrontés à des frais annexes croissants pour des services autrefois inclus, comme le choix des sièges ou les bagages en cabine. 

Des profits record en 2025

Selon l’IATA, les compagnies aériennes mondiales devraient générer un bénéfice net de 36 milliards de dollars en 2025, une hausse significative par rapport aux 30,8 milliards de 2024. Les revenus totaux de l’industrie atteignent 996 milliards de dollars, portés par une demande robuste avec 5,2 milliards de passagers transportés, soit une augmentation de 6,7 % par rapport à 2024. La région Asie-Pacifique, avec une croissance de 10,5 % du trafic passager en avril 2025, et le Moyen-Orient, avec une marge bénéficiaire de 8,7 %, mènent cette reprise. En Europe, les compagnies affichent une croissance plus modérée (+2 %), mais les marges restent solides grâce à des prix de billets élevés et une demande soutenue sur les routes internationales.

Les frais annexes, moteur de rentabilité

Les frais annexes, tels que les suppléments pour les bagages en cabine et en soute, le choix de sièges ou les services à bord, sont devenus une source majeure de revenus. En 2024, les compagnies aériennes ont collecté 12,4 milliards de dollars rien qu’avec les frais de sélection de sièges, selon un rapport du Sénat américain. En Europe, des compagnies low-cost comme Ryanair ou EasyJet tirent jusqu’à 30 % de leurs revenus de ces frais, selon Le Figaro. Cette stratégie, bien que lucrative, alimente les critiques sur l’érosion de l’expérience passager.

Une expérience passager en déclin

Les voyageurs font face à une multiplication des frais annexes, transformant les billets à bas prix en factures salées. Par exemple, Ryanair facture jusqu’à 36 € pour un bagage cabine de grande taille, tandis que Vueling peut exiger jusqu’à 280 € pour un bagage non conforme, selon Le Parisien. En France, des associations comme UFC-Que Choisir dénoncent ces pratiques comme illégales, s’appuyant sur un arrêt de la Cour de justice de l’UE de 2014 qui stipule qu’un bagage à main raisonnable doit être inclus dans le prix du billet. Malgré cela, des compagnies continuent de facturer des suppléments, suscitant frustration et confusion chez les passagers.

Une qualité de service en question

La course à la rentabilité a souvent conduit à une réduction des services de base. Les compagnies low-cost, comme Spirit Airlines, ont été critiquées pour des incidents hygiéniques, comme une infestation de cafards dans une cabine “premium” en mai 2025, selon Travel and Tour World. Aux États-Unis, une passagère a poursuivi United Airlines après qu’un bagage mal rangé lui est tombé dessus, soulignant un manque d’assistance de l’équipage pour les bagages en cabine. En Europe, les passagers en classe économique, comme sur American Airlines, se retrouvent souvent sans espace de rangement pour leurs bagages à main en raison d’un embarquement tardif. Une expérience que vous avez peut-être déjà vécue?

Une croissance modérée en France

En France, le trafic aérien a atteint 37,4 millions de passagers au premier trimestre 2025, en hausse de 4,6 % par rapport à 2024, selon la DGAC. Cependant, cette croissance est inférieure à celle des pays du Sud de l’Europe, comme l’Espagne (+7 %) ou l’Italie (+6 %). Les compagnies françaises, notamment Air France, bénéficient de la demande internationale, mais les vols domestiques stagnent face à la concurrence des TGV. Les frais annexes, comme les 25 € facturés par Transavia pour un siège sélectionné, pèsent lourd sur les voyageurs, surtout sur les routes populaires comme Paris-Nice. On évitera de parler de la grève de Transavia ces derniers jours.

Une régulation européenne sous tension

L’Europe tente de répondre aux abus des frais annexes. En novembre 2024, l’Espagne a infligé une amende de 179 millions d’euros à cinq compagnies low-cost, dont Ryanair, pour des pratiques jugées “abusives”, comme les frais de bagages en cabine ou l’absence de transparence tarifaire. En France, UFC-Que Choisir a saisi la Commission européenne pour exiger l’inclusion d’un bagage à main dans le prix du billet. Ces actions reflètent une volonté de protéger les consommateurs, mais les compagnies, représentées par “Airlines for Europe”, défendent ces frais comme un moyen d’offrir des tarifs de base compétitifs.

Les défis d’un modèle économique

Malgré les profits record, l’industrie aérienne opère sur des marges étroites, avec un bénéfice moyen de 6,9 dollars par passager en 2025, selon l’IATA. Les coûts opérationnels, notamment le carburant, restent une menace, bien que les prix du kérosène aient baissé en Europe, offrant un répit aux transporteurs. 

Vers une expérience passager plus équitable ?

La pression des régulateurs et des consommateurs pourrait forcer les compagnies à repenser leur modèle. Aux États-Unis, une nouvelle règle du Département des transports, entrée en vigueur en octobre 2024, impose des remboursements automatiques pour les frais annexes en cas d’annulation de vol. En Europe, une réforme des droits des passagers aériens est en discussion, visant à harmoniser les règles sur les bagages et à imposer plus de transparence sur les tarifs. Ces changements pourraient améliorer l’expérience passager, mais risquent d’augmenter les prix des billets.