À l’approche des vacances d’été 2025, période de forte affluence touristique, l’Office mineurs (OFMIN) de la direction nationale de la police judiciaire lance une alerte sur les risques de pédocriminalité liés au tourisme.
Ce fléau, loin d’être limité aux destinations exotiques, touche également la France et d’autres pays prisés. Nous allons explorer les enjeux, les zones à risque, les initiatives de prévention et le rôle clé des voyageurs et des professionnels du tourisme dans la lutte contre ce phénomène.
Les vacances, un terrain propice aux abus
Les périodes estivales, marquées par une mobilité accrue et un relâchement des routines familiales, offrent un terrain favorable aux pédocriminels. Les lieux touristiques – plages, campings, parcs d’attractions, ou encore clubs de vacances – attirent des foules où les enfants peuvent être moins surveillés. Zina Nessah, adjointe au chef du bureau d’aide à l’enquête de l’OFMIN, explique : « Les vacances scolaires rendent les enfants plus accessibles, parfois dans des environnements où les prédateurs exploitent l’anonymat et la foule. » En France, des destinations comme la Côte d’Azur, la Bretagne ou les stations balnéaires de la Méditerranée sont particulièrement surveillées.
Un phénomène global
La pédocriminalité liée au tourisme ne se limite pas aux pays en développement, souvent associés à ce problème dans l’imaginaire collectif. En Europe, des pays comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce, très prisés en été, signalent des cas. À l’international, des destinations comme la Thaïlande, le Maroc ou le Mexique restent des points chauds, selon les rapports d’ECPAT International. Les prédateurs, qu’ils soient locaux ou voyageurs, exploitent les failles des systèmes de protection et les vulnérabilités socio-économiques des populations locales.
La France, une destination concernée
Contrairement aux idées reçues, la pédocriminalité itinérante ne se limite pas aux destinations lointaines. En France, les zones touristiques populaires, comme les campings du Sud-Ouest ou les stations de ski en hiver, peuvent être des lieux d’opportunité pour les prédateurs. Les festivals estivaux, où l’alcool et l’ambiance festive prédominent, augmentent également les risques pour les adolescents. L’OFMIN note une augmentation des signalements dans ces contextes, souvent liés à des rencontres en ligne initiées avant les vacances.
Points chauds à l’international
Certaines destinations touristiques internationales sont particulièrement vulnérables en raison de contextes socio-économiques ou de failles dans les cadres légaux. Par exemple :
– Asie du Sud-Est (Thaïlande, Cambodge) : Malgré les efforts des autorités, le tourisme sexuel impliquant des mineurs reste un défi majeur, notamment dans des villes comme Bangkok ou Phnom Penh.
– Afrique du Nord (Maroc, Tunisie) : Les inégalités économiques et le tourisme balnéaire attirent des réseaux criminels exploitant des mineurs.
– Amérique latine (Mexique, République dominicaine) : Les complexes tout compris, souvent isolés, peuvent masquer des activités illégales.
Ces régions, bien que prisées pour leurs attraits touristiques, nécessitent une vigilance accrue de la part des voyageurs.
Les acteurs du tourisme : une responsabilité essentielle
Les professionnels du tourisme – hôteliers, guides, agents de voyage, animateurs de clubs – sont en première ligne pour détecter et prévenir les abus. L’OFMIN encourage la mise en place de formations spécifiques pour repérer les signaux d’alerte, comme un adulte voyageant seul avec un enfant sans lien apparent, des comportements inappropriés ou des demandes suspectes. Des initiatives comme le Code de conduite d’ECPAT, adopté par des groupes comme Accor ou TUI, établissent des standards éthiques pour protéger les mineurs dans le secteur touristique.
Coopération avec les autorités
La collaboration entre les professionnels du tourisme, les forces de l’ordre et les ONG est cruciale. En France, l’OFMIN travaille avec Interpol et Europol pour traquer les réseaux pédocriminels transnationaux. Les compagnies aériennes, par exemple, sont formées pour signaler des comportements suspects lors des embarquements. À l’échelle internationale, des partenariats avec des organisations comme ECPAT renforcent les capacités de signalement dans des pays à risque.
Le rôle des voyageurs dans la prévention
Chaque touriste peut contribuer à la protection des enfants en adoptant une attitude proactive :
– Observer les signaux d’alerte : Un adulte interagissant de manière inappropriée avec un enfant, des mineurs non accompagnés dans des lieux touristiques, ou des situations d’exploitation visible doivent alerter.
– Signaler immédiatement : En France, le 119 (Allô Enfance en Danger) est disponible 24/7. À l’étranger, contactez les autorités locales ou l’ambassade de France. La plateforme PHAROS permet de signaler des contenus ou comportements en ligne suspects.
– Sensibiliser son entourage : Parlez des risques aux enfants et adolescents avant de partir, notamment sur les dangers des interactions en ligne ou dans des environnements touristiques.
Les efforts internationaux
Des organisations comme ECPAT International mènent des campagnes mondiales pour sensibiliser les voyageurs et former les professionnels. Leur programme « The Code » engage plus de 350 entreprises dans 40 pays à adopter des pratiques anti-exploitation. Par ailleurs, Interpol coordonne des opérations comme l’Opération Global Chain, qui a conduit à l’arrestation de 1 500 pédocriminels entre 2020 et 2024.
En France : des mesures renforcées
En France, l’OFMIN, créé en 2006, centralise les enquêtes sur les violences sexuelles contre les mineurs. En 2024, l’office a traité plus de 2 000 signalements liés à des abus en contexte touristique, un chiffre en hausse de 15 % par rapport à 2023. Des campagnes de sensibilisation, comme « Protéger les enfants, ici et ailleurs », sont diffusées dans les aéroports et gares avant l’été. Les autorités appellent également à renforcer les contrôles d’identité dans les établissements touristiques.
Conseils pratiques pour des vacances sécurisées
Pour les familles
– Supervision accrue : Ne laissez pas les enfants sans surveillance dans les clubs de vacances ou les espaces publics.
– Éducation aux risques : Expliquez aux enfants comment reconnaître un comportement inapproprié et à qui s’adresser en cas de problème.
– Vérification des structures: Choisissez des hébergements ou clubs ayant des politiques claires de protection des mineurs.
Pour les professionnels
– Adopter des protocoles : Intégrez des formations anti-pédocriminalité pour le personnel et mettez en place des procédures de signalement.
– Collaborer avec les ONG : Participez à des initiatives comme celles d’ECPAT pour renforcer vos pratiques éthiques.
