Il fut une période où les voyages vers la Turquie au départ de France étaient très importants. Nous pensons, bien évidemment, à Marmara lorsque l’entreprise était dirigée par Hervé Vighier. Malgré l’efficacité du groupe TUI qui avait racheté l’entreprise, la destination n’a pas retrouvé le niveau qu’elle avait connu. Néanmoins, un certain nombre de voyagistes proposent la Turquie.
Par ailleurs, des agences de voyages construisent des voyages à la carte pour leurs clients via des réceptifs locaux. Ayons en mémoire que la Turquie avait accueilli plus de 52 millions de touristes en 2024 dont plus de 6 millions de touristes allemands et plus d’un million de Français!
En Allemagne, la Turquie est la destination numéro 1
Comme le rapporte Hürriyet, citant Eurostat, la Turquie a connu la plus forte hausse des prix des services touristiques en Europe en avril 2025, soit 41,9 %. À titre de comparaison, l’inflation touristique n’était que de 4,8 % en Espagne et de 1,9 % en France. Malgré un taux de change favorable pour les utilisateurs de l’euro, les voyageurs ressentent l’impact de la hausse des prix, notamment dans l’hôtellerie et la restauration.
Cette situation affecte également les ventes de voyages organisés vers la Turquie : selon la TDA, le nombre de voyages en Turquie réservés depuis l’Allemagne pour l’été 2025 aurait diminué d’environ 10 % à fin avril, selon le FVW . La Riviera turque est particulièrement touchée, avec une baisse de 12 %. En mer Égée, en revanche, aucune baisse n’est constatée. L’année dernière ‘2024), la Turquie a enregistré un record de 6,5 millions de visiteurs allemands et un peu plus d’un millions de Français.
Quel TO propose la Turquie au départ de France ?
Certains voyagistes proposent leurs propres offres comme TUI et ses clubs, Fram, le Club Med, NG Travel. Il y a bien sûr Pacha, une des entreprises de Paul Mumtaz Teker. On peut également citer Mondial Tourisme qui appartient à Ahmet Ozcan. Parfois les statistiques sont trompeuses car nombre d’agences produisent leurs propres solutions en s’adressant à un réceptif local. Avec le soutien de Benoit Tredez, nous sommes allés à la rencontre de Şentürk DEMİRCAN, cofondateur de Scope Voyage. Il connaît bien le marché français ayant travaillé pour Marmara, Pacha, Maxi et depuis plus de 10 ans, il œuvre chez Scope Voyages Turquie.
Nous avons posé quelques questions à Şentürk Demircan:
Mistertravel (MT) :Cette année, la Turquie a vécu la fermeture de certains hôtels avant la haute saison ?
Şentürk DEMİRCAN (SD) : Il est exact que plusieurs centaines d’établissements ont récemment été contraints de suspendre temporairement leur activité, à la suite des contrôles rigoureux engagés par les autorités turques en 2025. Ces mesures, loin d’être arbitraires, visent exclusivement des structures non conformes : hôtels sans licence touristique officielle, établissements fonctionnant sous simple autorisation municipale, ou encore ne répondant pas aux standards fondamentaux de sécurité, d’hygiène ou d’assurance.
Loin de susciter l’inquiétude, ces fermetures viennent renforcer la lisibilité et la crédibilité de l’offre touristique nationale. Elles s’inscrivent dans une dynamique de régulation et de professionnalisation qui bénéficie à tous. Chez Scope Voyage, nous avons toujours fait le choix d’une collaboration exclusive avec des établissements certifiés, solides, régulièrement audités sur le terrain. Notre mission est de garantir à nos clients une expérience à la fois inspirante et parfaitement encadrée.
MT : Depuis un certain temps, l’inflation en Turquie a fait son apparition, quel impact sur le tourisme ?
SD : L’inflation est une réalité tangible. Si elle s’explique en partie par un contexte mondial instable, elle est également le fruit d’une gestion monétaire nationale qui, à certains moments, a souffert d’un manque d’anticipation et d’une rupture avec les fondements éprouvés de l’art économique. Le fait que le billet le plus élevé en circulation — 200 TL — n’équivaut aujourd’hui qu’à environ 4,50 € en dit long sur la fragilité monétaire actuelle. Ce n’est pas une saillie ironique, mais bien une donnée économique structurante.
Cela dit, notre secteur bénéficie de mécanismes d’amortissement : nos prix sont contractualisés à l’avance avec nos partenaires, nous permettant de préserver une grille tarifaire cohérente et lisible pour le voyageur. Par ailleurs, la dépréciation de la livre turque se traduit par un pouvoir d’achat renforcé pour les visiteurs étrangers : repas, transports, musées… Les dépenses sur place restent accessibles. La Turquie demeure, en ce sens, une destination au rapport qualité-prix correct.
MT : Quelle perception as-tu sur le conflit Israël – Iran et penses-tu que la Turquie est assez sécuritaire pour les touristes ?
SD : Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient suscitent à juste titre des interrogations. Toutefois, la Turquie, bien que géographiquement proche, demeure un îlot de stabilité dans une région souvent tourmentée. Éloignée des foyers de conflit, elle s’impose comme un territoire de paix, où l’on peut voyager en toute quiétude.
Nos itinéraires s’articulent autour de zones hautement touristiques comme Istanbul, la Cappadoce ou la côte égéenne, où les conditions de sécurité sont excellentes et l’accueil des plus chaleureux. Nos voyageurs témoignent d’un sentiment de sécurité renforcé tout au long de leur séjour.
MT : Si la Turquie est une grande destination pour le marché allemand, les vacanciers français sont beaucoup moins nombreux à y séjourner ! Quelle est ton analyse ?
Le constat est juste : les Allemands, comme les Nordiques, entretiennent depuis plusieurs décennies un lien de fidélité presque familial avec la Turquie. Trois générations y passent leurs vacances, souvent dans les mêmes établissements, avec une régularité rassurante.
Le public français, quant à lui, a parfois été plus hésitant, influencé par une couverture médiatique réductrice ou par une offre touristique limitée à quelques stéréotypes balnéaires.
Mais ce paradigme évolue. Nous observons l’émergence d’un nouveau regard : celui de voyageurs français cultivés, exigeants, en quête d’authenticité, de profondeur, de récits. Ce sont eux qui redécouvrent aujourd’hui la Turquie sous un jour inédit.
Les points forts de Scope Voyage
Diplômés du lycée de Galatasaray, mon frère Ertürk et moi avons grandi dans cette culture de l’accueil et du dialogue. Nous avons assisté à l’arrivée des premiers groupes français à Antalya dans les années 1990, à l’époque où Öger Tours, installé en Allemagne, en était l’un des principaux vecteurs.
Aujourd’hui, avec Scope Voyage, nous poursuivons ce chemin avec une vision renouvelée : proposer une Turquie sensible, littéraire, sensorielle, humaine.
Une Turquie loin des clichés. Celle des villages de montagne, des marchés couverts, des cafés de quartier, des livres oubliés et des silences habités. Une Turquie qui ne crie pas, mais qui murmure à l’oreille de ceux qui savent écouter.