Bientôt trente ans d’existence pour le TO Grands Espaces, spécialisé dans les croisières d’expéditions polaires. A sa tête, Christian Kempf, dont la première expédition en collaboration avec Paul-Émile Victor en Antarctique, remonte à 1987. Grand Prix de l’Exploration, cet ancien enseignant en écologie animale arpente la banquise arctique depuis près de cinq décennies. Spécialiste de l’expédition francophone, ce septuagénaire a réalisé plus de 200 périples, dont seize expéditions scientifiques… et rencontré plus d’un millier d’ours blancs. Mais au fil des années, il a surtout observé sur le continent blanc- du Groenland à la Sibérie ou au Spitzberg et même en Antarctique – les effets néfastes du réchauffement climatique, alors qu’il vient principalement de nos contrées modernes.
Près de 100 millions de chiffre d’affaires
Fort de ses 1.300 clients, il a réalisé un chiffre d’affaires proche de 100 millions d’euros entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024. Au niveau commercial, son approche est double : la clientèle directe contribue à hauteur de 65% de son chiffre d’affaires. Les agences spécialisées et le BtoB réalisent le solde.
Actuellement le panier moyen tourne autour de 8.000 euros par personne, hors vol. Sur les yachts de petite capacité, il se chiffre aux environs de 13.000 euros.
Destinations 2026 : aux frontières du monde
Près de 80 voyages sont programmés pour l’année prochaine. Avec quatre grandes destinations
- Norvège & Spitzberg – Aurores boréales et paysages arctiques d’exception.
- Groenland & Grand Nord Canadien – Expéditions au plus près des fjords et des peuples inuits.
- Antarctique – Navigation entre les icebergs géants, observation des manchots et plongeon dans l’histoire polaire.
- Amazonie – Exploration de la forêt tropicale, immersion dans les cultures locales.
Christian Kempf
Des bateaux de petite capacité
A la différence de ses concurrents comme HX Expéditions, Norvegian Cruise Line ou le Ponant ou encore Exploris one, ce TO de niche, embarque ses passagers sur des bateaux de petite taille. Il propose aux voyageurs curieux, des aventures immersives : la découverte des fjords du Spitzberg ou d’icebergs géants du Nord Est du Groenland ou encore de la péninsule Antarctique. « Soucieux d’explorer de manière respectueuse et durable les merveilles de notre planète, nous avons toujours privilégié des voyages en petits groupes à bord de petits navires – 12 à 75 places-, afin de minimiser notre impact sur les écosystèmes fragiles que nous explorons » explique Christian Kempf.
En faisant sortir de sa flotte, l’Ocean Nova d’une capacité de 75 passagers, qui entame sa dernière saison en Arctique, il se tourne vers des navires polaires de capacité encore plus réduite. A savoir limitée à 36 voire 12 passagers. « Pour des raisons de respect des communautés locales, les gouvernements de ces régions éloignées – comme par exemple aux Galapos ont tendance à restreindre l’accès des bateaux de plus de 100 places » poursuit Christian Kempf.
Avec la forte augmentation du nombre de paquebots et de navires d’expédition croisant en zone arctique et notamment au Groenland, les risques d’incident, voire d’accident, progressent. En témoigne l’échouement de l’Ocean Explorer de la compagnie Aurora Expéditions avec 206 passagers à bord, en septembre 2023.
Déjà 6 bateaux en exploitation
Au fil des années, Grands Espaces a assis sa notoriété sur l’usage exclusif de bateaux. Que ce soit pour des expéditions dans l’Arctique ou en Antarctique ou encore au Congo, ce TO exploite actuellement six bateaux. Sur ce total, il est propriétaire deux yachts polaires de 12 places. D’ailleurs afin de mieux contrôler sa flotte, Christian Kempf a créé récemment une autre structure : la SSCC (small ships cruise compagny) chargée de la gestion de bateaux avec équipages.
Cette structure a acheté le yacht polaire Nanook. D’une capacité de 12 passagers, il est donné en location à des agences de voyages haut de gamme, du type Voyages d’Exception. Bon à savoir : en langue inuktitut, Nanook signifie ours polaire.
Appel à l’ouverture de capital.
Même les yachts polaires représentent un gros investissement. Avec l’aide financière d’un fonds familial chilien, la SSCC vient de racheter le Grand Explorer, un bateau baptisé auparavant Explorer. Renforcé pour naviguer dans les glaces, ce confortable yacht polaire de 46,5m positionné en Norvège, accueille à son bord, 12 voyageurs portés par le silence du Grand Nord, entre immersion et vues infinies sur les paysages polaires.
La flotte devrait encore s’étoffer l’an prochain d’un troisième yacht polaire de 12 places, et d’un quatrième de 28 places.
Demain, un navire à voiles solaires
Toujours pour préserver cet environnement fragile, un nouveau navire polaire, Captain Artic, réinventera la croisière expédition. Opérationnel en principe dès novembre 2026, ce navire d’une capacité de 36 Personnes qui sera positionné à Tromso en Norvège et dont Grands Espaces en a la distribution exclusive, sera propulsé par le vent et alimenté par le soleil.
Destiné à naviguer à douce allure et silencieusement, il réduira de 90% ses émissions par rapport à un navire polaire classique.
Pas de doute, la compagnie Grands Espaces met tout en œuvre pour préserver la beauté immaculée de l’environnement polaire.
Martine Denoune