29 septembre, 2025
spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Manifestations à Madagascar : il est conseillé de reporter tout voyage

Depuis le 25 septembre 2025, Madagascar est secoué par des manifestations d’une ampleur inédite, principalement à Antananarivo, contre les coupures récurrentes d’eau et d’électricité. Ces protestations, portées par la jeunesse de la « ben z », ont dégénéré en violences, pillages et incendies, poussant le président Andry Rajoelina à limoger son ministre de l’énergie le 26 septembre. Malgré cette mesure, la tension persiste.

Andry_Rajoelina

Une révolte née des pénuries et de la corruption

A Antananarivo, la capitale malgache, les coupures d’eau et d’électricité, parfois jusqu’à huit heures par jour, exaspèrent la population. ces « délestages », dus à la mauvaise gestion de la société nationale Jirama et à la sécheresse affectant les barrages hydroélectriques, rendent le quotidien invivable. « on est obligés de préparer nos soutenances dans le noir », témoigne une étudiante de 23 ans de l’université d’Antananarivo.

Le mouvement, initié par le collectif « gen z Madagascar » sur les réseaux sociaux, a mobilisé des milliers de personnes, surtout des jeunes. Brandissant le drapeau pirate de la série « one piece », symbole de contestation anti-régime vu ailleurs, comme au Népal, ils ont défié l’interdiction préfectorale de manifester le 25 septembre. les pancartes affichaient : « nous sommes pauvres, en colère et malheureux » et « nos voix brillent plus que la lumière que vous nous refusez »

Escalade et répression violente

Le 25 septembre, malgré un important dispositif sécuritaire, la situation a dégénéré. Les forces de l’ordre, déployées en masse, ont utilisé gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc pour disperser les manifestants. Des barricades de pneus enflammés ont été érigées, et des pillages ont visé supermarchés, banques et magasins d’électroménager. Une station de téléphérique, projet phare du gouvernement, et les domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir ont été incendiés.

Un bilan non officiel fait état de cinq morts, dont un étudiant à Antsiranana, porté en cortège par ses camarades. « Ils ont tiré sur nous avec des balles en caoutchouc alors qu’on réclamait juste nos droits », déplore Aina, étudiante de 20 ans. Un couvre-feu nocturne a été instauré dans cinq villes, dont Antananarivo, Antsiranana et Mahajanga, prolongé jusqu’au 27 septembre.

Olivier Jean Baptiste – ministre Madagascar

Limogeage du ministre et accusations de déstabilisation

Face à la crise, le président Andry Rajoelina, alors à New York pour l’assemblée générale de l’ONU, a annoncé le 26 septembre le limogeage de son ministre de l’énergie, Olivier Jean-Baptiste, jugé incompétent. Dans une vidéo, il a dénoncé des « actes de déstabilisation » et une « tentative de coup d’État », accusant des opposants d’avoir orchestré les violences. « J’ai eu les larmes aux yeux en voyant les images », a-t-il déclaré, tout en condamnant les pillages.

Ce limogeage n’a pas apaisé la colère. La gen z, se désolidarisant des casseurs, a appelé à une nouvelle manifestation pacifique le 27 septembre, à partir de l’université d’Antananarivo. « venez nombreux, filmez tout ! », ont-ils lancé sur les réseaux sociaux, réclamant non seulement l’accès à l’eau et à l’électricité, mais aussi le respect des droits fondamentaux.

Un pays miné par la pauvreté et la corruption

Au-delà des pénuries, ces manifestations traduisent un malaise profond. Madagascar, riche en ressources naturelles, reste l’un des pays les plus pauvres du monde, avec 75 % de sa population sous le seuil de pauvreté en 2022, selon la Banque Mondiale. classé 140e sur 180 dans l’indice de corruption de Transparency International, le pays souffre d’une gestion défaillante et d’une méfiance envers ses dirigeants. Andry Rajoelina, réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, est accusé d’ignorer les besoins de base.

Le mouvement gen z, porté par une jeunesse connectée et inspirée par des contestations globales, dépasse les seules coupures. Il dénonce la corruption et l’incapacité de l’État à offrir des services essentiels. Des projets comme le téléphérique d’Antananarivo, financé à hauteur de 200 millions d’euros par la France, sont critiqués comme inutiles face aux priorités urgentes.

Madagascar – Avenue des Baobabs – wikimedia

Un tourisme en péril et un appel au calme

Les violences ont des répercussions immédiates. L’ambassade de France a conseillé de reporter tout voyage à Madagascar, et un vol Air France a été dérouté vers la réunion le 25 septembre. Le tourisme, vital pour l’économie malgache grâce à ses paysages et sa biodiversité, risque de pâtir de cette instabilité.

Notre ami Jean-François Colonna tente d’aider une association bien utile

La Forêt retrouvée est une ONG basée à Madagascar, dans la région nord-est de Majunga. Leur mission s’appuie sur la reforestation et la restauration des écosystèmes en faisant œuvre de pionnier en matière d’éducation à l’environnement et en associant les communautés locales à chaque étape. Vous pouvez la soutenir même avec peu de moyens.

 

 

A découvrir dans la même catégorie..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

L'Actualité du jour