De Victor Hugo à Claude Cahun, plusieurs figures majeures de l’art français ont trouvé à Jersey un refuge, un laboratoire d’idées ou une source d’inspiration. Aujourd’hui encore, l’île conserve leurs empreintes à travers des lieux emblématiques à découvrir.

Claude Cahun – L’esprit libre du surréalisme à St Brelade
Née à Nantes en 1894, Claude Cahun pseudonyme de Lucy Schwob et figure avant-gardiste du surréalisme, s’installe à Jersey à la fin des années 1930 avec sa compagne Marcel Moore. Les deux artistes y trouvent un refuge et y développent une œuvre fascinante qui mêle photographie, écriture et mise en scène. Pendant l’Occupation allemande à Jersey, i.elles s’engagent dans la Résistance et diffusent tracts et messages subversifs avant d’être arrêtées.
Le Jersey Museum & Art Gallery, situé à Saint-Hélier, présente la plus importante collection au monde d’œuvres de Cahun tandis que la maison qu’elles occupèrent à La Rocquaise, sur les hauteurs de St Brelade, reste un symbole de liberté créative, où les visiteurs peuvent aujourd’hui se recueillir sur leur tombe. Le Liberation Trail, parcours commémoratif poignant dédié à la Seconde Guerre mondiale, permet d’ailleurs d’évoquer leur courage et leur engagement sur l’île.

Claude Debussy – Une parenthèse amoureuse au Grand Hotel de Saint-Hélier
En 1904, au sommet de sa carrière musicale, Claude Debussy traverse la Manche pour rejoindre Jersey, accompagné d’Emma Bardac, la femme d’un riche banquier parisien. Le compositeur, déjà célébré en France pour ses œuvres avant-gardistes, y trouve un refuge discret à un moment charnière de sa vie personnelle.
Le couple séjourne plusieurs jours à l’emblématique Grand Hotel de Saint-Hélier, face à la baie de Saint-Aubin. C’est là-bas que Debussy finalise Masques, une oeuvre pour piano empreinte de mystère et de tension, écrite en écho à ses tourments intérieurs.
Cette escapade, placée sous le signe du secret et de la liberté, fut pour le compositeur une parenthèse avant la tempête médiatique qui suivit leur retour à Paris. La lettre qu’il adresse depuis l’île à son éditeur Jacques Durand témoigne de l’importance de ce moment suspendu, une pause qui aurait inspiré l’une de ses plus célèbres compositions : La Mer.

René Lalique – Le génie du verre à St Lawrence
Figure majeure de l’Art nouveau et de l’Art déco, René Lalique, surnommé « l’inventeur de la joaillerie moderne », a laissé sur Jersey une trace unique : l’église St Matthew, connue sous le nom de Glass Church. En 1934, Florence Boot, philanthrope et habitante de l’île, fait appel à l’artiste pour créer un décor entièrement réalisé en verre opalescent, en hommage à la mémoire de son mari Jesse Boot, fondateur des pharmacies Boots.
Située dans le village de St Lawrence, au sud de l’île, l’église, dont les vitraux, l’autel et les anges translucides composent un ensemble d’une beauté rare est considéré comme le seul exemple entièrement préservé d’un travail religieux signé René Lalique.

Victor Hugo – 3 ans d’exil dans un havre de paix
En 1852, après son opposition à Napoléon III, Victor Hugo trouve refuge politique à Jersey. Après un court séjour au sein de l’hôtel Pomme d’Or à Saint-Hélier, il s’installe sur l’île avec sa famille pendant trois ans dans une maison appelée Marine Terrace, dans la baie de Saint-Hélier.
Sur l’île, il rédige une partie des Châtiments, plusieurs poèmes de La Légende des Siècles et reçoit des intellectuels et des artistes aussi exilés. C’est également depuis Jersey qu’il défend la liberté de la presse en publiant dans le journal L’Homme, avant d’être lui-même expulsé de l’île en 1855 pour s’installer sur l’île voisine de Guernesey.
Aujourd’hui, il est possible de suivre ses traces à travers la Route Victor Hugo, un itinéraire littéraire qui relie les lieux qui ont nourri son inspiration, tels que des sites mégalithiques comme la Hougue Bie, des criques sauvages et des panoramas évoqués dans Les Travailleurs de la mer.
Texte et visuels fournis par GroupExpression en France.


