19 novembre, 2025
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Emirates choisit Boeing pour l’avenir: un adieu progressif à l’A380?

Dans le ciel compétitif des transporteurs aériens du golfe, Emirates vient de trancher un choix stratégique majeur au Dubaï Airshow : un méga-contrat avec Boeing pour 65 appareils 777-9 supplémentaires, portant sa commande totale dans la famille 777x à 270 unités.

Cette décision, annoncée le 18 novembre 2025, laisse Airbus sur le banc de touche pour cette vague d’acquisitions, malgré le rôle emblématique de l’A380 dans le succès de la compagnie. Les passagers, friands de l’immensité et du confort de ce géant des airs, pourraient-ils regretter ce virage ? 

Le triomphe passé de l’A380: un amour partagé avec les voyageurs

L’Airbus A380 n’est pas qu’un avion pour Emirates : c’est un symbole de grandeur, un best-seller qui a propulsé Dubaï sur la carte mondiale du luxe aérien. Depuis 2008, la compagnie des émirats a commandé pas moins de 123 exemplaires, en faisant le plus gros opérateur au monde avec une flotte active de 118 appareils en 2025.

Ces mastodontes bi-niveaux, capables d’embarquer jusqu’à 615 passagers en configuration tout-éco, ont généré des revenus colossaux : plus de 20 % du trafic long-courrier d’Emirates repose sur eux, avec un taux de remplissage moyen de 85 % en 2024, selon des rapports internes.

Pourquoi les voyageurs adorent-ils tant l’A380 ? 

Les sondages le confirment : 92 % des passagers le qualifient de « plus confortable » que les monocouloirs, grâce à ses espaces lounge, ses douches en première classe et ses cabines spacieuses.

Sur des routes phares comme Dubaï-New York ou Dubaï-Londres, l’A380 a fidélisé une clientèle premium, boostant les revenus annexes (bars volants, suites privées) de 15 % par vol.

Tim Clark, vice-président d’Emirates, l’a souvent qualifié de « vaisseau amiral » qui a « transformé l’expérience du voyage ». Sans lui, la stratégie hub de Dubaï, reliant 150 destinations, n’aurait pas la même envergure.

En 2024, les A380 ont transporté 25 millions de passagers, contribuant à un chiffre d’affaires de 37 milliards de dollars pour la compagnie.

Le virage vers Boeing : un contrat pharaonique pour 270 777x

Face à la modernisation de sa flotte, Emirates opte pour l’américain Boeing, signant pour 65 Boeing 777-9 de plus, dans un deal évalué à environ 20 milliards de dollars (au prix catalogue).

Les livraisons s’échelonneront jusqu’en 2038, avec un premier appareil espéré dès 2027 – malgré les retards cumulés de cinq ans, dus à des tests exhaustifs (plus de 4 000 heures de vol, soit le double des normes habituelles).

Kelly Ortberg, PDG de Boeing, se félicite : « aucun problème technique n’entrave la certification prévue pour 2026. Emirates croit en ce programme. »

Ce choix n’est pas isolé 

Il s’inscrit dans une vague d’achats records des transporteurs du golfe. Tandis qu’Etihad mise sur Airbus avec 15 A330-900 et 27 A350-1000, et que Flydubai signe pour 150 A321neo (jusqu’à 250 en option), Emirates consolide son alliance avec Boeing.

La compagnie explore même une variante 777-10 « étirée », pour 500 passagers, destinée à remplacer les A380 d’ici les années 2030. avec une portée de 13 500 km et une efficacité carburant de 20 % supérieure à l’actuel 777, ces nouveaux jets visent à optimiser les routes ultra-longues, tout en respectant les objectifs de décarbonation (réduction de 25 % des émissions par passager).

Conséquences pour Airbus : un coup dur dans le Golfe

Pour Airbus, ce snobisme d’Emirates est un revers cinglant. le géant européen, qui a livré 251 a380 au total (dont 123 à emirates), a arrêté la production en 2021 face à la baisse de demande post-pandémie. avec seulement 10 a350 en attente pour Emirates, Airbus perd un client historique représentant 50 % de ses ventes widebody dans la région.

Les analystes prévoient une perte de parts de marché de 15 % au moyen-orient d’ici 2030, Boeing capitalisant sur sa famille 777x pour reconquérir le terrain. Guillaume Faury, pdg d’Airbus, tempère : « nos A350 et A330neo restent compétitifs sur l’efficacité. » mais le timing est rude, alors que Boeing, malgré ses scandales 737 max, rebondit grâce à ces méga-deals.

Emirates, elle, rationalise :

l’A380, vorace en carburant (20 % de plus que les bicouloirs modernes), sera progressivement retiré d’ici 2035, remplacé par des 777x plus verts. Cela pourrait signifier la fin d’une ère pour les superjumbos, avec une flotte mixte: 100 a380 en service jusqu’aux jeux olympiques de 2032, puis une transition vers des appareils plus flexibles.

Impacts sur les passagers et l’industrie : confort vs efficacité

Les voyageurs, grands fans de l’A380, risquent une déception. Adieu les escaliers monumentaux et les projections cinéma en vol ? Les 777x promettent du confort premium – suites en première, accès direct aux ailes – mais en monocouloir, avec moins de places (426 max) et une intimité moindre.

Des enquêtes comme celle de Skytrax indiquent que 70 % des usagers préfèrent l’A380 pour les vols de plus de 8 heures, craignant une « standardisation » du luxe. Emirates mise sur la personnalisation : « nos passagers auront le meilleur des mondes », assure Clark.

Le pari d’Emirates sur Boeing marque la fin d’une idylle avec l’A380

Si les passagers pleurent un géant, ils gagneront peut-être en connexions globales. Pour airbus, c’est l’heure de l’innovation ; pour Boeing, un souffle d’air frais. Dans les cieux du golfe, la course à l’efficacité l’emporte sur la nostalgie.

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