L’Asie du Sud-Est ploie sous les assauts répétés de la mousson. Après des inondations catastrophiques au Vietnam et en Thaïlande, c’est au tour de la Malaisie de se préparer à une vague similaire, exacerbée par le phénomène La Niña et le réchauffement climatique. Ces « inondations sur inondations », comme les qualifient les experts, ont déjà causé des dizaines de morts, déplacé des milliers de personnes et infligé des milliards de dollars de dégâts.
Une mousson tardive au Vietnam : des crues record dans le delta du Mékong
Au Vietnam, les pluies torrentielles ont frappé durement le delta du Mékong, région agricole vitale qui abrite 18 millions d’habitants. Depuis fin octobre 2025, des précipitations dépassant les 500 mm en quelques jours ont provoqué des inondations sans précédent, submergent des milliers d’hectares de rizières et de vergers. Selon les autorités, au moins 20 personnes ont perdu la vie, et plus de 100 000 ont été évacuées dans les provinces de Đồng Tháp et An Giang. Les crues ont atteint des niveaux records, avec des eaux montant jusqu’à deux mètres, isolant des villages entiers et contaminant les sources d’eau potable.
La mousson de fin de saison
Cette mousson est amplifiée par La Niña qui refroidit les eaux du Pacifique et intensifie les pluies, et un réchauffement global qui élève le niveau des mers, aggravant la salinité des sols. « Ces inondations ne sont plus des anomalies, mais la nouvelle norme », avertit le ministre vietnamien des Ressources naturelles, Nguyen Hong Dien. L’économie agricole, pilier du pays, pourrait perdre jusqu’à 1 milliard de dollars, avec des récoltes de riz détruites à 30 % dans le delta.

La Thaïlande sous les eaux : un bilan humain et économique lourd
En Thaïlande, les inondations ont touché 20 provinces du nord et du centre, dont Bangkok, transformée en archipel urbain. Depuis mi-novembre, des pluies cumulées de 400 mm ont causé au moins 15 morts et déplacé 50 000 personnes, selon le Département de prévention des catastrophes. Les routes et ponts ont cédé, et les glissements de terrain ont isolé des zones montagneuses comme Chiang Mai. À Bangkok, les stations de métro et les marchés flottants ont été engloutis, paralysant le trafic et les commerces. Vous pouvez revoir notre article sur les Provinces touchées ICI
Le gouvernement a mobilisé l’armée pour des opérations de sauvetage, distribuant des kits d’urgence à 200 000 familles
Mais les experts pointent du doigt une urbanisation anarchique et une déforestation qui accélèrent l’écoulement des eaux. « La Niña nous frappe de plein fouet, mais le changement climatique rend ces événements plus intenses et imprévisibles », explique le climatologue thaïlandais Anond Snidvongs. Les dégâts économiques s’élèvent déjà à 500 millions de dollars, avec un impact majeur sur le tourisme (10 % du PIB), alors que la haute saison approche.

La Malaisie en alerte : une inondation imminente qui menace la péninsule
La Malaisie n’échappera pas à la chaîne. Avec l’arrivée prévue de la mousson du nord-est fin novembre, les autorités ont placé sept États en alerte rouge, dont Johor et Pahang. Des pluies intenses, jusqu’à 300 mm par jour, pourraient submerger Kuala Lumpur et les zones côtières, où vivent 70 % de la population. Déjà, cinq morts sont recensés dans des incidents isolés, et 20 000 personnes se préparent à l’évacuation.
Le Premier ministre Anwar Ibrahim a promis 100 millions de ringgits (environ 20 millions d’euros) …
…pour les secours, tandis que l’Agence météorologique nationale met en garde contre des crues « pires que celles de 2021 ». Influencée par le même système La Niña, la Malaisie fait face à une vulnérabilité accrue : mangroves dégradées et infrastructures vieillissantes. « Nous devons investir dans des digues intelligentes et une reforestation massive pour briser ce cycle », plaide l’experte environnementale malaisienne Faye Sina.
Changement climatique et réponses régionales : vers une résilience collective ?
Ces inondations s’inscrivent dans une tendance alarmante : selon l’ONU, les catastrophes hydrométéorologiques en Asie du Sud-Est ont augmenté de 20 % depuis 2000, dues au réchauffement qui booste l’évaporation et les tempêtes. La Niña, prévue jusqu’en 2026, prolongera la saison des pluies, menaçant un effet domino sur l’économie régionale (PIB combiné de 1 000 milliards de dollars).
Les gouvernements réagissent
Le Vietnam lance un plan de 2 milliards de dollars pour des digues anti-salinité, la Thaïlande teste des systèmes d’alerte par IA, et la Malaisie intègre des prévisions climatiques dans son budget 2026. Mais les ONG comme Oxfam appellent à une coopération ASEAN renforcée : « Sans action concertée, ces inondations deviendront annuelles et insurmontables. »


