Suite à la crise des pilotes que l’on avait évoqué sur MisterTravel, la compagnie aérienne indienne IndiGo a reçu l’ordre du gouvernement de réduire son programme de vols de dix pour cent.
Cette décision fait suite à l’annulation de plus de 2 000 vols en une seule semaine, due à de graves erreurs de planification consécutives à l’introduction d’une nouvelle réglementation sur les temps de repos et de service des pilotes. Selon le ministre de l’Aviation, Ram Mohan Naidu, cette réduction des fréquences vise à stabiliser le réseau et à prévenir de nouvelles annulations massives.
Une compagnie aérienne éternue et toute l’Inde tombe malade…
Cette mesure n’est que la partie émergée de l’iceberg d’une crise plus vaste : l’effondrement opérationnel d’IndiGo, la plus grande compagnie aérienne du pays, a mis en lumière les risques systémiques d’un marché qui dépend presque exclusivement de deux acteurs.
Le marché de l’aviation indien, le plus dynamique au monde, fonctionne de facto comme un duopole. IndiGo et le groupe Air India (qui comprend sa filiale low-cost Air India Express) contrôlent 92 % des parts de marché.
Cette concentration engendre des vulnérabilités importantes. Tandis qu’IndiGo rencontre des difficultés avec son programme de vols, son concurrent Air India, qui détient 27 % du marché, est confronté à ses propres défis. La compagnie nationale, privatisée en 2022, doit gérer une flotte vieillissante et faire face à une surveillance accrue suite à l’accident de juin qui a coûté la vie à 260 personnes, selon un rapport de l’agence.
Malgré les efforts du Premier ministre Narendra Modi pour démocratiser le transport aérien – notamment sa célèbre déclaration selon laquelle les personnes en sandales devraient également pouvoir voyager en avion –, la réalité financière est implacable. Des taxes élevées, une concurrence féroce et des problèmes d’approvisionnement ont entraîné la faillite de compagnies aériennes telles que Kingfisher, Jet Airways et Go First ces dernières années, renforçant ainsi le pouvoir des compagnies survivantes.