À peine relancés, les trains de nuit reliant Paris à Berlin et Vienne pourraient disparaître dès décembre 2025. Ces lignes, symboles d’un tourisme écologique et accessible, particulièrement prisées par les jeunes et les étudiants, font face à une menace imminente due à la fin d’une subvention publique. Alors que le secteur ferroviaire européen vise une transition verte, cette décision soulève des inquiétudes sur l’avenir des voyages durables.
Une relance historique pour des voyages écologiques
Les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne ont marqué un retour triomphal après des années d’absence. La ligne Paris-Vienne a été remise en service fin 2021, suivie de Paris-Berlin fin 2023, neuf ans après leur suppression. Exploités par l’opérateur autrichien ÖBB, ces trajets nocturnes offraient une alternative séduisante à l’avion : un départ le soir de la gare de l’Est à Paris, pour arriver reposé au cœur des capitales européennes le lendemain matin.
Avec des taux de remplissage honorables de 66 % en 2024, ces trains incarnent un modèle durable. Émettant jusqu’à 90 % de CO2 en moins qu’un vol équivalent, ils répondaient à l’urgence climatique tout en favorisant une mobilité douce. Pour les jeunes voyageurs, étudiants en tête, ces options étaient idéales : tarifs abordables (dès 29 € en couchette), flexibilité pour des budgets serrés, et une expérience immersive sans jet-lag.
Le coup de grâce budgétaire
La menace plane avec la suppression d’une subvention française accordée pour un an au lancement des lignes. Cette aide, destinée à compenser les coûts initiaux et à tester la viabilité commerciale, expire fin 2025. Sans renouvellement, ÖBB pourrait suspendre les services, comme cela s’est produit pour la ligne Bruxelles-Berlin dès mars 2025.
Les raisons invoquées sont techniques et économiques : des travaux de modernisation des infrastructures en France et en Allemagne ont retardé le plein potentiel, et les marges restent fines face à la concurrence aérienne low-cost. Malgré une fréquentation encourageante, l’absence de soutien public met en péril cette relance européenne, soutenue par l’UE dans son Pacte Vert.
Impacts pour les jeunes voyageurs et l’environnement
Pour les étudiants et les jeunes, ces trains représentaient plus qu’un moyen de transport : une opportunité d’évasion accessible et responsable. Conçus pour les budgets modestes, avec des compartiments partagés et des horaires adaptés aux emplois du temps universitaires, ils permettaient des séjours culturels à Berlin ou Vienne sans compromettre l’écologie. Leur disparition priverait une génération de cette mobilité verte, forçant un retour vers l’avion et aggravant l’empreinte carbone du tourisme.
Sur le plan environnemental, c’est un recul majeur. Ces lignes, alignées sur les objectifs de l’UE pour 2030 (réduction de 90 % des vols courts), incarnaient la transition vers un rail nocturne efficient. Leur suppression pourrait décourager d’autres initiatives, comme les projets Paris-Amsterdam ou Paris-Prague, et freiner la dynamique des trains de nuit en Europe.
Espoirs d’un sursis ?
Un collectif d’usagers et d’associations ferroviaires alerte depuis des semaines, appelant à une mobilisation citoyenne pour exiger un renouvellement de la subvention. Des pétitions en ligne et des campagnes sur les réseaux sociaux soulignent l’urgence : « Sauvons les trains de nuit pour un avenir durable ! » Des voix politiques, comme celles des écologistes au Parlement européen, plaident pour un fonds européen dédié aux liaisons nocturnes.
ÖBB reste optimiste, évoquant des discussions en cours avec les autorités françaises. Un sursis pourrait venir d’une extension temporaire de l’aide, ou d’une augmentation des subventions allemandes. En attendant, les réservations pour décembre battent leur plein, signe que les voyageurs refusent de laisser s’éteindre cette flamme verte du rail.