Selon l‘étude Deloitte sur les voyages d’affaires 2025, le secteur connaît une reprise soutenue, mais les perspectives sont désormais « marquées par plus de nuance et de prudence ». Alors que les volumes augmentent, les entreprises adoptent une gestion plus rigoureuse des budgets, particulièrement sur les hébergements. D’ici la fin de l’année, cette tendance mixte devrait se confirmer aux États-Unis et en Europe, avec des impacts notables sur l’industrie hôtelière.

Une reprise globale, mais prudente
Les voyages d’affaires post-pandémie ont rebondi de manière spectaculaire, avec une croissance estimée à 15 % en 2024 aux États-Unis et à 12 % en Europe. Pour 2025, Deloitte prévoit une poursuite de cette dynamique, portée par la reprise des événements MICE (Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions) et des déplacements hybrides.

Cependant, l’incertitude économique – inflation persistante et tensions géopolitiques – incite les gestionnaires à une vigilance accrue. Aux États-Unis, où les voyages d’affaires représentent 30 % du marché touristique global, les entreprises anticipent une hausse modérée de 8 à 10 % d’ici décembre 2025. En Europe, la fragmentation réglementaire pourrait freiner légèrement cette croissance à 7-9 % jusqu’à fin décembre 2025. Ce qui est plutôt positif !

États-Unis: priorité à l’efficacité budgétaire
Aux États-Unis, les voyages d’affaires, qui pèsent 1 200 milliards de dollars annuels, devraient croître de 9 % d’ici fin 2025, selon Deloitte. Les grandes firmes de la tech et de la finance, basées à New York ou San Francisco, multiplient les déplacements pour consolider les équipes hybrides. Pourtant, 68 % des gestionnaires de voyages interrogés prévoient une pression accrue sur les coûts, avec un focus sur les tarifs aériens et hôteliers.

Les hébergements moins chers, comme les hôtels économiques ou les options partagées, gagnent du terrain, au détriment des chaînes haut de gamme. Cette prudence pourrait limiter l’expansion des hubs comme Las Vegas ou Miami, tout en boostant les destinations secondaires comme Austin ou Nashville.

Europe : fragmentation et durabilité d’abord
En Europe, le marché des voyages d’affaires, évalué à 800 milliards d’euros, devrait progresser de 8 % d’ici la fin de l’année, freiné par des disparités régionales. L’Allemagne et le Royaume-Uni, avec leurs secteurs financiers robustes, tirent la croissance (10 % prévue), tandis que la France et l’Italie, impactées par les grèves et l’instabilité politique, stagnent autour de 6 %.
Les entreprises européennes mettent l’accent sur la durabilité : 55 % des gestionnaires exigent des options bas-carbone, favorisant les trains à grande vitesse (TGV, Eurostar) au détriment des vols courts. Sur les hôtels, la quête d’économies pousse vers des établissements de moyen de gamme, avec une baisse de 5 % des dépenses moyennes par nuit.

Défis communs : recherche d’hébergements abordables et une meilleure gestion des dépenses
Partout, les gestionnaires de voyages ciblent les hôtels pour contrôler les budgets, comme le souligne Deloitte. Aux États-Unis, 62 % des entreprises prévoient de négocier des tarifs inférieurs, impactant les revenus des chaînes comme Marriott ou Hilton.
En Europe, cette pression est amplifiée par l’inflation énergétique : les voyageurs optent pour des hébergements à proximité des gares ou aéroports, réduisant les séjours prolongés. Les défis incluent aussi la rareté des talents en gestion de voyages et les retards logistiques, qui pourraient freiner 20 % des déplacements prévus.

Impacts sur l’Industrie hôtelière
Pour les hôteliers, cette nuance est un double tranchant : hausse des volumes mais compression des marges. Aux États-Unis, les hôtels d’affaires à bas prix pourraient capter 15 % de parts de marché supplémentaires, tandis qu’en Europe, les initiatives vertes (labels éco comme Green Key) deviennent un atout pour attirer les voyageurs corporate. D’ici fin 2025, Deloitte anticipe une stabilisation, avec une reprise plus affirmée en 2026 si l’économie se redresse.
Les voyages d’affaires aux États-Unis et en Europe s’annoncent mixtes d’ici décembre 2025 : croissance modérée, mais avec une prudence budgétaire qui redessine les priorités. Pour les professionnels du secteur, l’enjeu est d’innover en offrant des options abordables et durables, afin de transformer ces défis en opportunités.