12 novembre, 2025
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La faillite de Sonder Aparthotels laisse encore des clients sur le carreau

Sonder Hotels, pionnier des hébergements urbains inspirés par les locations de courte durée comme Airbnb, a annoncé sa liquidation sous le chapitre 7 de la loi américaine sur les faillites.

Cette décision, survenue seulement deux ans après un partenariat ambitieux avec Marriott International, expose les vulnérabilités des modèles hybrides alliant technologie et actifs immobiliers lourds. Alors que l’industrie hôtelière se remet de la pandémie, l’effondrement de Sonder soulève des questions cruciales sur la viabilité des approches « tech-first » dans le domaine hôtelier.

Un effondrement soudain: Marriott rompt le partenariat et précipite la faillite

Le 9 novembre 2025, Marriott International a abruptement mis fin à son accord de licence avec Sonder, invoquant un défaut de paiement de la part de la startup. Cette fin immédiate a gelé toutes les réservations sur la plateforme de Sonder, laissant des milliers de voyageurs dans l’incertitude et forçant l’entreprise à initier une liquidation totale de ses opérations aux États-Unis.

Sonder opérait plus de 10 000 unités dans 40 villes dans le monde

L’entreprise n’a pas pu trouver de solution financière viable pour relancer ses activités. Les dirigeants de l’entreprise ont partiellement attribué cet échec à une intégration défaillante du partenariat avec Marriott, qui devait propulser Sonder vers un modèle hybride alliant l’agilité des locations peer-to-peer et la puissance de distribution d’une chaîne hôtelière traditionnelle. Résultat : une fermeture définitive des sites de réservation et une évacuation progressive des clients actuels, avec des indemnisations promises mais incertaines.

La faillite de Sonder Aparthotels laisse encore des clients sur le carreau

Une ascension fulgurante freinée par un modèle hybride risqué

Fondée en 2014 à Montréal, Sonder s’est rapidement imposée comme un innovateur en misant sur une plateforme technologique pour gérer des appartements-hôtels designés pour les voyageurs d’affaires et de loisir.

Cotée en bourse en 2022 via une fusion SPAC valorisée à plus de 2 milliards de dollars, l’entreprise a levé des fonds massifs pour acquérir et rénover des immeubles entiers, adoptant ainsi un modèle « asset-heavy » contraire à l’approche légère d’Airbnb.

Ce virage stratégique via des acquisitions immobilières, s’est heurté à des coûts opérationnels exorbitants et à une dépendance accrue aux cycles économiques. La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation, avec une chute de 90 % des revenus en 2020, forçant Sonder à licencier la moitié de ses effectifs.

Malgré une reprise partielle, les dettes accumulées – estimées à plus de 500 millions de dollars – et l’inflation des coûts immobiliers ont miné sa résilience.

Le fiasco du partenariat avec Marriott: ambitions déçues et conflits internes

Annoncé en 2023, le partenariat avec Marriott visait à intégrer les unités Sonder au programme de fidélité Bonvoy, offrant à la startup un accès à un réseau mondial de clients et à des outils de distribution avancés. En échange, Sonder devait verser des royalties et adopter les standards opérationnels de Marriott, transformant ses propriétés en « Sonder by Marriott ».

Pourtant, l’alliance a vite tourné au vinaigre. Des retards dans les paiements, des divergences sur la gestion des propriétés et une sous-utilisation des canaux de Marriott ont conduit à des tensions croissantes.

Des critiques internes pointent du doigt les dirigeants de Sonder, accusés d’avoir encaissé des bonus post-fusion SPAC sans investir suffisamment dans l’intégration. Marriott, de son côté, a justifié la rupture par des manquements contractuels, marquant un revers pour sa stratégie d’expansion dans les locations de courte durée.

Implications pour l’industrie: les pièges des modèles tech-hospitality

La liquidation de Sonder illustre les limites des approches « tech-first » qui négligent les réalités opérationnelles de l’hôtellerie traditionnelle. Contrairement à Airbnb, qui reste asset-light (pas d’achat d’appartements), Sonder a alourdi son bilan avec des actifs fixes, rendant son modèle vulnérable aux fluctuations des taux d’occupation et aux hausses de loyers urbains.

Cet échec pourrait freiner l’intérêt des investisseurs pour les startups hybrides, poussant les acteurs comme Marriott à repenser leurs alliances avec des “disrupteurs ». Par ailleurs, il souligne l’importance d’une intégration culturelle et technologique harmonieuse : sans cela, même les partenariats les plus prometteurs risquent l’implosion.

Vers un avenir incertain: leçons et perspectives pour le secteur

Avec la liquidation imminente, les créanciers de Sonder – incluant des fonds comme BlackRock et des bailleurs immobiliers – se disputent les restes d’un empire qui valait un milliard de dollars il y a trois ans. Les employés, au nombre de 1 500 avant la crise, font face à des licenciements massifs, tandis que les voyageurs impactés exigent des remboursements via des recours collectifs naissants.

En conclusion, la chute de Sonder Hotels n’est pas seulement une faillite isolée, mais un avertissement pour l’industrie du voyage. Elle rappelle que la technologie, si puissante soit-elle, ne saurait remplacer une gestion prudente des actifs et des partenariats solides.

Tandis que Marriott consolide sa position dominante, les innovateurs futurs devront équilibrer disruption et durabilité pour éviter le même sort. L’hospitalité post-pandémie, en quête d’hybridation, en sortira-t-elle plus sage ? 

Il faut ajouter que Sonder était une pâle copie de ce qu’a réalisé le groupe Ascott Singapour qui gère plus de 175 000 unités réparties dans 230 villes dans le monde.

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