Dans un contexte où les alternatives écologiques au transport aérien peinent à s’imposer, la liaison nocturne en train entre Paris et Berlin semblait promise à un avenir incertain. La SNCF, qui avait relancé cette ligne il y a seulement deux ans en partenariat avec ses homologues allemands et autrichiens, a annoncé son abandon pour 2026.

Mais, c’est sans compter sur l’initiative d’une coopérative belgo-néerlandaise, European Sleeper, qui s’apprête à relancer le service, offrant une nouvelle option aux voyageurs soucieux de l’environnement.

L’abandon par la SNCF: une question de subventions
La décision de la SNCF de mettre fin à l’exploitation des trains de nuit NightJet reliant Paris à Berlin et à Vienne a surpris de nombreux observateurs. Lancée en grande pompe en décembre 2023, cette ligne devait symboliser le retour en force du rail nocturne en Europe, une alternative plus verte à l’avion pour les trajets entre capitales européennes. Pourtant, dès le 13 décembre 2025, ces rames cesseront de circuler.

La raison invoquée serait financière : la non-reconduction d’une « aide au démarrage » accordée par le ministère des Transports français pour l’année 2026. Sans ce soutien, l’opération n’est plus viable selon la compagnie ferroviaire publique, qui opérait en collaboration avec la Deutsche Bahn et les ÖBB (Autriche). Ce retrait a consterné les partisans du train de nuit, qui y voyaient un pas timide mais essentiel vers une mobilité durable.
Malgré cela, la SNCF ne délaisse pas totalement ces destinations. Les liaisons diurnes en TGV entre Paris, Berlin et Vienne continuent d’opérer et connaissent même un succès croissant. La compagnie prévoit d’augmenter son offre pour répondre à la demande, prouvant que le rail reste compétitif sur ces axes, du moins en journée.

European Sleeper à la rescousse
Face à ce vide, la coopérative ferroviaire European Sleeper, basée en Belgique et aux Pays-Bas, a annoncé le 12 novembre 2025 le lancement d’une nouvelle liaison nocturne entre Paris et Berlin. Les réservations devraient ouvrir le 16 décembre 2025, avec un démarrage des opérations prévu pour le 26 mars 2026.

Contrairement au tracé choisi par la SNCF, qui passait plus au sud, European Sleeper optera pour une route plus septentrionale. Au départ de la gare du Nord à Paris, les trains feront escale dans les Hauts-de-France (à Aulnoye ou Douai), puis à Bruxelles et à Hambourg, avant d’atteindre Berlin. Cette ligne proposera trois allers-retours par semaine, se limitant à la capitale allemande pour l’instant.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie plus large d’European Sleeper, qui exploite déjà une ligne reliant Bruxelles à Berlin et Prague. Selon l’opérateur, cette complémentarité « favorise énormément l’équilibre économique » du projet, en optimisant l’utilisation des rames et en attirant une clientèle transfrontalière.

Un enjeu écologique et économique
Le retour du train de nuit Paris-Berlin illustre les défis du secteur ferroviaire en Europe : dépendance aux subventions publiques pour les lignes moins rentables, concurrence avec l’avion low-cost, et besoin d’investissements pour moderniser les infrastructures. European Sleeper, en tant que coopérative, mise sur un modèle collaboratif pour surmonter ces obstacles, en s’appuyant sur des partenariats locaux et une demande croissante pour des voyages durables.

Pour les voyageurs, cette relance est une bonne nouvelle. Elle offre non seulement une option nocturne confortable – avec couchettes et wagons-lits – mais aussi une connexion plus large au réseau européen. Reste à voir si cette initiative privée parviendra à s’imposer là où la SNCF a échoué, et si les autorités publiques renoueront avec des aides pour soutenir ces projets verts.


