24 avril, 2024
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L’archipel perdu- Les îles Seychelles.

En voyage j’ai remarqué que toutes les îles entre les tropiques ont un air de famille.

Mais les Seychelles longtemps archipel oublié de l’océan Indien m’ont laissé un souvenir singulier.

La première île m’est apparue dans une trouée de brouillard, ombre légère posée sur une mer de plomb. Son nom la décrivait parfaitement : Silhouette.

A la jumelle, du ” Lindblad Explorer “bateau à bord duquel j’avais embarqué à Mombasa j’observai la frange de sable que l’on appelle chez nous une plage. Nulle trace, pas même celle d’une tortue venue pondre. La nature en pleine possession de sa beauté, une ébauche de paradis.

Une heure plus tard le soupir des vagues me portait jusqu’à l’île de Mahé, devant le port de Victoria capitale des Seychelles. A peine débarqué une certitude me saisit. J’étais arrivé au terme de mon voyage mais j’avais sans l’avoir prévu voyagé dans deux dimensions. Je n’étais pas seulement loin, j’étais aussi jadis.

Aux Seychelles, malgré la présence des automobiles, malgré les signatures habituelles du progrès, je ne me suis pas seulement senti dépaysé : J’ai quitté une époque. Merveilleuse sensation qui m’éloigne de moi-même, qui feutre mes soucis, mes souvenirs et me restitue un parfum de paradis.

Chacune des îles de l’archipel qui fait partie du Commonwealth a un nom français, souvenir des navigateurs bretons qui s’y installèrent les premiers : Moreau de Séchelles, Jacques de Silhouette, Mahé de la Bourdonnais etc.…Les britanniques se sont contentés d’ajouter un « y » au nom le plus souvent porté sur les cartes. Mais ils n’ont rien pu faire contre les chapeaux ronds et les blouses fermières de la mode de Bretagne que portent encore de nos jours les vieux et les vieilles qui racontent des histoires dans un français chantant et anachronique.

L’île de Mahé est le centre de l’archipel, Victoria une petite ville aux ruelles minuscules qui évoquent les Antilles ou la Nouvelle Orléans avec ses balcons de bois travaillé et ses jardins compliqués comme des rêves.

Le plaisir est partout dans la démarche des filles nonchalantes, l’odeur du poisson frit des petits restaurants et le chant des jeunes rappelant la vieille France. Une ville du passé langoureuse et insouciante.

Tout autour c’est beau, l’île est lascive, endormie et dégage un fort parfum de cannelle et de vanille, principales ressources avec les vestiges des pirates.

Il ne m’a pas fallu plus d’une semaine, le temps d’une large escale, pour visiter en détail l’archipel longtemps oublié. La meilleure façon a été pour moi d’embarquer sur différents voiliers de pêcheurs qui cabotent de façon incessante entre les îles.

L’île de Praslin (D’après le fameux Vicomte) est une réserve magnifique d’oiseaux et de végétaux. La vallée de Mai est l’exemple unique d’un paysage de temps géologiques. Dans ce monde oublié pousse l’extraordinaire coco de mer ou coco fesse, noix géante et double, impudique, qui aurait paraît-il des vertus aphrodisiaques.

C’est de là que viendrait l’expression « cucul la praline ».

Par bon vent, à une heure de voile de Praslin j’ai débarqué sur l’île Aride : une dizaine d’habitants permanents, trente mille oiseaux et les plus rares coquillages du monde dont le fameux cône rose, chef d’œuvre de la mer avec ses reflets de nacre teintée. L’îlot couvert de rochers  et de grands cocotiers est d’une beauté sauvage extraordinaire.

Depuis Aride je suis allé faire un saut sur l’île aux vaches marines (espèce disparue) devenue l’île aux fous, grands oiseaux de mer au bec jaune.

Je suis retourné à Mahé juste pour retrouver un peu de confort et me reposer quelques heures avant de poursuivre une visite du paradis par les oubliées de La Digue et Frégate.

A La Digue qui possède un magnifique cimetière marin, les habitants partagent leur temps entre les soins de propreté, le balayage de leur maison quatre fois par jour, le chant et la danse. L’inquiétude, les soucis, le mal lui-même semblent oubliés comme si le diable avait omis de débarquer sur l’île.

C’est ici que vivent et pour longtemps encore je l’espère les vingt cinq spécimens de la « veuve des Seychelles » un oiseau gris a très longue queue et œil triste, objet de tous les soins des ornithologues du monde entier.

Frégate, elle, est habitée par un autre oiseau étrange, encore que moins bavard, qui n’existe nulle part ailleurs, la « pie des Seychelles ».

Partout j’ai retrouvé la même eau tiède transparente où glissent des poissons multicolores et insouciants, des plages de sable fin et les longues chevelures des cocotiers.

C’est près de ces eaux que l’on découvrit un jour des cœlacanthes vivants, les seuls qui remontent au temps où toute la terre était un paradis.

J’ai rapporté quelques coquillages, de petits objets en écaille, un peu de vannerie : trois fois rien , mais le plus beau et le plus enrichissant souvenirs et surtout, l’idée inestimable qu’un jour peut-être je me déciderai de vivre au paradis.

Jacques.Baschieri dit “Vinicius”

Jacques nous a confié avoir écrit ce récit, il y a plusieurs années, à la suite d’un éductour. Il fut un temps où les agents de voyages étaient gâtés !

A signaler :

La décision des autorités seychelloises est tombée, ce lundi 17 août 2020 précise le site de France diplomatie. Les Français, qui souhaitent se rendre malgré tout aux Seychelles, peuvent venir. Ils doivent, au préalable, fournir un test PCR négatif 72 heures avant leur départ et une fois sur le sol seychellois, ils devront demeurer en quatorzaine dans un hôtel dédié. Bref, dans ces conditions, il semble difficile, voire impossible, de choisir cette destination pour ses vacances.

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1 COMMENTAIRE

  1. Voyage d’un temps où le transport aérien commençait à peine à banaliser les distances…Où le TO ( on ne disait pas encore voyagiste) EURO 7 proposait une semaine à “CEYLAN” 1700 Frs…
    oui mister Travel j’ai été gâté …

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