23 avril, 2024
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Le Roi … NIL

Le Nil voie de communication entre l’Afrique profonde et la Méditerranée.

De vieux bateaux rappelant l’ère impériale britannique naviguent encore.

Une foule de fellahs enrubannés vêtus de robes claires devisent tandis que des femmes drapées de noir, encombrées de paquets, groupées à part des hommes gardent, loin de la maison la réserve timide des femmes d’Islam.

Partout une profonde impression de détente, de paix et de vie.

Au loin, les montagnes arides aux couleurs claires, ocrées, sur lesquelles le soleil déchaîne des arcs-en-ciel  de teintes. Des cultures exubérantes, des champs travaillés comme des jardins. Des maisons basses en torchis, éparses, secrètes au milieu des champs.

Douceur de Haute-Egypte. Une atmosphère préservée, sereine. Loin du Caire fourmillant d’hommes entassés, un univers paisible, tout en harmonie. Omniprésence d’une civilisation rurale vieille comme l’Égypte.

Le soir sur le Nil les felouques aux voiles blanches triangulaires glissent lentement, poussées par une brise légère. Les nautoniers ont des gestes amples et précis d’hommes qui vivent selon le rythme du vent et de l’eau. Le batelier commande la manœuvre dans un arabe à peine guttural. Tout semble apaisé. Les poulies grincent à peine. Le matelot est un  gamin très beau au visage allongé, à la peau satinée. Les galabieh, robes longues à rayures ou bleues vêtent les corps sans les contraindre.

Il faut passer à bord de longs moments, regarder les rives, accrocher son regard à un défilé d’ânes chargés de sacs, fouaillés par un gamin criard, découvrir les silhouettes noires des femmes penchées sur la terre dans des champs minuscules, écouter la plainte grave d’un muezzin ou la cloche grêle d’une église copte.

Les montagnes dans le lointain se couvrent d’ombre, le soleil incendie les roches dénudées. Le désert est tout proche.

Le long de la rive de la ville, des avenues plantées d’arbres sous lesquels passent des calèches. Des nuées d’enfants se poursuivent dans des rires épanouis, frappant le sol de leurs pieds nus.

Le soir dans les maisons « coloniales »qui rappellent l’ère révolue de l’empire britannique, les domestiques aux gestes mesurés, aux turbans clairs, ouvrent les fenêtres et les volets pour faire circuler l’air.

La ville de Louxor commence un peu à l’abri du fleuve.

C’est l’Orient bien sur, avec ses odeurs et sa vie de la rue, mais il y a quelque chose de particulier. Une sorte de liberté d’allure, de grâce dans les gestes qui sent l’Afrique.

Sur le seuil des boutiques complètement ouvertes, les hommes bavardent agglutinés en grappe. Un apprenti sert les verres de thé.

L’artisan a délaissé un moment son marteau, son aiguille ou son burin.

Des hauts parleurs hors d’age diffusent de la musique lancinante ou prenante selon les instants.

Devant les cafés maures, des groupes de vieillards sont assis, les mains nouées sur leurs cannes. Des femmes en « milaya » grand voile noir, passent en essaims entourées d’enfants  qui s’accrochent à leur robe.

Des carrioles de paysans traversent la cité au trot rapide de petits chevaux minces et nerveux, disproportionnés par rapport à la charge qu’ils tirent. Les passants habitués, s’écartent.

Les portiques des mosquées s’ouvrent sur des intérieurs sombres où les taches des robes des fidèles trouent l’obscurité qui va bientôt tout noyer.

Des enfants suivant les étrangers non pour mendier, mais pour montrer leur savoir en anglais.

Des monceaux de fruits attendent l’acheteur dans de grands paniers d’osier, tandis que le vendeur, accroupi, semble perdu dans un rêve sans bornes.

Tout près de la ville, la masse du temple surgit brusquement. Un autre monde : Louxor petite ville provinciale, redevient la vieille capitale des souverains, des pharaons.

Civilisation millénaire du Sud, omniprésence des hommes. Rythme de vie scandé par le pas des chameaux. Une verdure luxuriante une population pauvre étonnamment cordiale. Sourire des jeunes filles au teint cuivré, drapées dans le voile noir. Comme il y a quatre vingt siècles elles vont puiser au fleuve l’eau qu’elles rapportent dans de lourdes poteries en équilibre sur leur tête.

C’est une harmonie profonde entre le fleuve les paysages et les vestiges préservés des civilisations disparues. Une égale grandeur, fûts élancés des palmiers colonnes fines  malgré leur masse ,statues hiératiques, haut dressées au visage souvent meurtri par la violence des hommes et l’outrage des siècles.

Jacques Baschieri dit “Vinicius”

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1 COMMENTAIRE

  1. C’est un fleuve puissant et doux qui dialogue entre le désert et la nature
    et qui peut seul interpeler les divinités…
    j’ai écrit ce texte au retour d’un voyage en octobre 1981…Je naviguais sur le Nil alors que l’on assassinait le président Anouar el Sadate…

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