12 octobre, 2024
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Notre livre de la semaine !

 Ne tirez- pas sur l’oiseau moqueur – HARPER LEE

  En 2006, le journal The Guardian publiait une liste de trente romans qualifiés d’incontournables par les bibliothécaires britanniques : le roman d’Harper Lee – To kill a mocking bird, Ne tirez  pas sur l’oiseau moqueur , figurait  en tête de ce classement . Le livre fut vendu à plus de quatre millions d’exemplaires dans le monde et son auteur reçut en 1961 le prix Pulitzer. Dès sa parution, le roman a suscité un vif enthousiasme. Au cours des années soixante, les Etats-Unis traversaient une vague de contestation avec la lutte des Noirs américains pour l’obtention de l’égalité des droits. Les nombreux thèmes abordés dans le livre, le racisme, le courage, la lutte des classes, la justice de compassion sont en phase avec l’actualité et le roman est vite devenu un symbole.

Harper Lee

Harper Lee est née le 28 avril 1926 à Monroeville dans l’Alabama. Son père qui était avocat et éditeur du Monroe Journal a siégé à l’Assemblée législative de l’Alabama comme Atticus Finch le père de la narratrice de notre roman.

Il faudra attendre 2015, soit plus de quarante années, pour qu’Harper Lee publie   son deuxième roman – Go Set a Watchman (Allez mettre un gardien), qui est très controversé : le récit se passe dans les années 50, le héros est toujours le père Atticus Fitch qui s’est métamorphosé ; il est devenu raciste et membre du Ku Klux Klan

Le thème de l’oiseau moqueur est une référence dans la littérature américaine puisqu’il est évoqué dans l’un des poèmes de Leaves of Grass, célèbre recueil de Walt Whitman. Harper Lee lui donne une dimension supplémentaire en l’associant au motif de l’innocence. C’est pourquoi tuer l’oiseau moqueur est un péché.

 L’Alabama que décrit Harper Lee est un Etat dévasté par la crise économique qui s’ouvrit en 1929 avec le krach boursier. Si l’ensemble des Etats-Unis fut touché par la Dépression, les Etats du Sud furent particulièrement touchés (cf. Les Raisins de la colère de Steinbeck) La famille Cunningham, fermiers endettés, est le symbole de cette crise. Elle ne peut s’offrir le luxe de prévoir un déjeuner pour ses enfants scolarisés ; elle en est réduite à payer en nature les services juridiques d’Atticus.

Le roman contient de nombreuses allusions à la situation économique des années 30. « Il y avait des grèves avec occupation d’usine à Birmingham ; dans les villes, les queues devant les soupes populaires s’allongeaient de jour en jour ; dans les campagnes, la population ne cessait de s’appauvrir. ».

La ségrégation est omniprésente, tant la ségrégation raciale, les quartiers habités par les Blancs sont nettement séparés des quartiers réservés aux Noirs, que la ségrégation économique, les nantis et les pauvres (souvent délinquants comme les Ewell) habitent dans des mondes totalement différents. Il n’y a aucun enfant noir à l’école fréquentée par Scout et Jem. Les Noirs ont leur église particulière –l’un des paroissiens reproche à Calpurnia, la cuisinière noire des Finch – d’y introduire Scout et son frère à l’office du dimanche. Au tribunal, Les Noirs doivent s’installer sur la galerie et ne pas se mélanger aux Blancs. Dans son roman, Harper Lee dénonce un système juridique à deux vitesses où les jugements rendus sont déterminés à partir de la couleur de la peau de l’accusé. La religion est instrumentalisée pour justifier le racisme et l’absence de compassion envers les pauvres.

Certains lecteurs seront étonnés du choix narratif de l’auteur qui confère à une petite fille de six ans la fonction de narratrice.  Une fois ce choix admis, on se laisse prendre au charme de ce récit plein de fraîcheur et d’humour, qui est tout à la fois un roman de formation, un roman engagé dans la lutte contre l’injustice et le racisme et un roman d’aventures entouré de mystère selon le genre littéraire anglais, le gothique.

 Situé dans l’Alabama, le roman d’Harper Lee peut aussi éveiller chez le lecteur le désir de prolonger son voyage à travers les 49 autres États américains…

NE TIREZ PAS SUR L’OISEAU MOQUEUR- HARPER LEE- 445 pages – Le Livre de Poche

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