27 avril, 2024
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Sous un soleil qui n’a rien à envier à celui de la Côte d’Azur ou de la Grèce voisine, La côte Dalmate est unique en Méditerranée.

J’ai toujours beaucoup aimé les pays où la mer se mêle étroitement à la terre.

En Europe du Nord ils abondent : Norvège où les fjords pénètrent parfois de plusieurs centaines de kilomètres à l’intérieur de la montagne, Stockholm où chaque dimanche des milliers de suédois arrivent à se perdre dans l’archipel à quelques kilomètres de la capitale, les îles Aaland en plein milieu de la Baltique où les poissons d’eau douce eux-mêmes ne savent plus où finissent les rivières et où commence la mer,les grandes et petites îles du Danemark, les lough et les Hébrides en Écosse le littoral Ouest de l’Irlande et jusqu’en France en Bretagne et surtout le Golfe du Morbihan. Mais en Méditerranée où le soleil est presque perpétuel et la mer si bleue et si chaude en été, de telles régions sont hélas plutôt rares. Il y a le sud de la côte égéenne de la Turquie encore assez sauvage, quelques parties de la Grèce c’est à peu près tout. Tout, sauf la Côte Dalmate.

Face à la côte très linéaire de l’Adriatique italienne, le littoral de l’ex Yougoslavie mesure 628 kilomètres à vol d’oiseau. En réalité la longueur totale de toutes les découpures de la côte et des îles s’allongerait sur 6616 kilomètres si elle était complètement déployée. De quoi laisser rêveur celui qui aime les découvertes et les paysages à surprises.

Tout le long effectivement des 725 îles, 426 récifs et 82 rocs à fleur d’eau (c’est le décompte exact, ce n’est pas moi qui l’ai fait, mais je vous défie de le vérifier vous-même) à travers les innombrables archipels, passages et détroits de toutes sortes au milieu des caps, des péninsules, des presqu’îles, des chenaux, des petits golfes et des grandes baies. C’est à mon avis un des plus beaux voyages à, faire en Europe et tout spécialement en bateau.

D’ailleurs tout se prête à la navigation de plaisance. Pas de marée, une eau si transparente que l’on arrive parfois à distinguer le fond jusqu’à dix mètres, un des climats les plus doux et surtout des petits ports et des petites villes ravissantes les mieux abrités de la Méditerranée. Car de tout temps cette côte bénie des dieux a attiré les voyageurs et les invasions. On n’en comprendra pas sa réalité intime si l’on n’y distingue pas une région de confluent dans tous les sens du mot.

C’est d’abord la rencontre de la mer et de la montagne qui est perpétuellement présente au-dessus de nos têtes. Ici, un peu comme en Norvège le pêcheur et le paysan, le marin et le montagnard se sont toujours mélangés. En visitant quelques petites villes j’ai été surpris à la tombée du soir de voir peu à peu surgir de tous les coins de la ville, une foule très jeune et très animée passant et repassant jusqu’à une heure avancée de la nuit. C’est le paseo, la passagietta, comme à la même heure à Barcelone, à Naples, ou à Tel-Aviv.

C’est également un confluent de culture et de civilisation. La Côte Dalmate, spécialement entre Split et Kotor a été une de ces grandes « marches historiques » entre l’Islam et la Chrétienté. Les ports toutefois m’ont apparu étrangement vénitiens comme sortis d’un tableau de comédia dell’ arte ou propres à accueillir les personnages d’une comédie de Shakespeare. Mais en pénétrant un peu à l’intérieur j’ai vu surgir dans l’âpreté de la montagne de petits minarets et même quelques mosquées.

Kotor

L’expansion turque s’est arrêtée aux bouches de Kotor. Les remparts rivaux d’Herceg Novi et de Kotor attestent encore les exploits sanglants d’une lutte souvent féroce. Mais à l’intérieur elle avait déferlé bien plus avant s’enfonçant plus profondément jusqu’au cœur de la Bosnie, débordant sans pouvoir la submerger la République de Raguse. La ceinture de remparts qui date du XVème siècle et derrière laquelle elle s’abrite n’a pas toujours été un délicieux lieu de promenade.

A cette époque la République de Raguse était à son apogée s’étendant de Korcula jusqu’aux Bouches de Kotor et elle tirait de sa position favorable sur les routes du commerce transméditerranéen tous les profits possibles. Déjà au début du XVIème siècle la vieille ville présentait son aspect actuel, les affaires étaient florissantes et elle était devenue le rendez-vous des marchands, des marins et des artisans de Dalmatie, du Levant, de Hongrie, d’Allemagne, d’Angleterre, de France et de toute l’Europe.

Pourtant la Méditerranée commençait à voir sa prospérité menacée par la découverte de l’Amérique. Son économie était ébranlée par l’or du Pérou. Le marché turc où les concurrents étaient désormais nombreux est lui-même en déclin. Venise aux abois se faisait plus menaçante.

Puis en avril 1667 une partie de la ville est détruite pas de violents séismes. Un incendie dévaste Raguse pendant près d’une semaine alors qu’au large les flottes vénitiennes et turques se surveillent mutuellement pour le cas où une d’elles porterait secours afin de mieux vouloir rester.          

Dubrovnik

Devenue Dubrovnik en 1918 les premiers touristes vont la découvrir et ne plus l’abandonner. Elle deviendra la perle de l’Adriatique et va faire de tout le littoral une des régions méditerranéennes les plus fréquentées en été.

J’ai pu constater une nouvelle invasion, venue cette fois de tous les pays de l’Europe. L’été sur certaines plages ce serait presque la cohue si… S’il n’y avait pas encore ces kilomètres d’îles et de péninsules presque désertes, ces paysages admirables que l’on peut encore goûter presque seul, ces dizaines de petites criques isolées où seul le crissement des cigales vient troubler un silence presque parfait.

Notes en marge sur mon carnet de voyages

Jacques BASCHIERI dit Vinicius

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