16 avril, 2024
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Un pays sous les projecteurs : Le Nicaragua

Les élections du 7 novembre dernier au Nicaragua furent sans surprise, car elles visaient juste à pérenniser le président Daniel Ortega au pouvoir pour son quatrième mandat consécutif, étant donné que ses sept rivaux sérieux ont été successivement emprisonnés ces derniers mois.

Les comices se sont déroulées dans un climat de répression et de fermeture des espaces démocratiques voulu par Ortega qui ne cherche qu’à maintenir ses privilèges et immunités, dans un contexte de répression, de corruption, de fraude électorale et d’impunité structurelle.

Daniel Ortega

Selon la Commission Interaméricaine des Droits de l’’Homme (CIDH), le Nicaragua s’est transformé en « État policier », où le gouvernement Ortega « a installé un régime de terreur », avec la suspension des droits fondamentaux et une atteinte « intense et systématique » aux libertés publiques « par le biais de l’État et institutions de sécurité parapubliques ». Dans son dernier rapport, la CIDH souligne en outre qu’en répondant aux manifestations antigouvernementales massives qui ont éclaté en 2018, le gouvernement Ortega “a mené une conduite qui, selon le droit international, devrait être considérée comme un crime contre l’humanité”. En 2021, la répression des manifestations a fait au moins 328 morts, 1 614 détenus, dont 136 sont toujours en prison, et plus de 103 000 exilés.

Avec son épouse Rosario Murillo comme vice-présidente et les huit enfants (des mariages précédents) du couple placés dans des postes publics et les médias, les parents directs de l’homme fort du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, ex-guérilla au pouvoir) se partagent le pouvoir et le budget de l’Etat faisant preuve d’un népotisme éhonté. Alors que l’ex-guérillero assure que son gouvernement appartient au peuple et qu’il défend la souveraineté de son pays contre les attaques des Etats-Unis, dont les sanctions du Trésor pèsent sur tous ceux qui soutiennent le régime d’Ortega.

Côté productions cinématographiques

… le triomphe de la rébellion sandiniste sur la dictature d’Anastasio Somoza a rendu possible la création de l’Institut du cinéma nicaraguayen (INCINE) en 1979, produit de l’expropriation de l’une des sociétés de production les plus renommées de la dictature de Somoza qui était Producine. Son but est de rééduquer la population à travers des récits cinématographiques purement nationaux, rejetant toute production nord-américaine, portant le septième art aux populations les plus reculées du pays au moyen de mobiles unités, imitant à la lettre le modèle cubain. Mais, au fil du temps, la rébellion a dû aussi adopter l’un des mécanismes de diffusion et de propagande qu’utilisaient ses anciens bourreaux : les journaux télévisés.

La Yuma (2010). De la réalisatrice française Florence Jaugey. A Managua, Yuma veut être boxeuse. Dans son quartier pauvre, les gangs luttent pour le contrôle de la rue. Chez elle le manque d’amour dicte sa loi. Le ring, l’énergie, l’agilité des pieds et des mains, sont ses rêves et sa seule option. Une rue, un vol, une rencontre, Yuma connaît Ernesto étudiant en journalisme. Un garçon qui vient de l’autre côté de la ville. Ils sont différents mais tombent amoureux, attirés l’un par l’autre comme deux pôles opposés. Cependant, les inégalités qui les séparent les transforment rapidement en adversaires. Le crime et la pauvreté les mettent face à un Nicaragua divisé en classes sociales violemment contrastées.

Carla’s song (1996). Du réalisateur britannique Ken Loach. George, un Écossais rebelle qui travaille comme chauffeur de bus, rencontre Carla, une réfugiée nicaraguayenne qui vient d’arriver à Glasgow. Pendant ce temps, au Nicaragua (1987), la Contra s’apprête à renverser le gouvernement sandiniste. La situation dans son pays, sa famille et l’amour qu’elle a laissé hantent Carla. George décide alors de l’accompagner au Nicaragua pour affronter la dure réalité de la guerre et des sentiments.

Alsino et le condor (1982). Le réalisateur chilien Miguel Littín arrive au Nicaragua attiré par les images animées et intéressantes projetées par les journaux télévisés sandinistes, et crée son long métrage avec une coproduction entre le Mexique, Cuba et Costa Rica, qui raconte l’histoire d’Alsino, un garçon qui vit avec sa grand-mère et qui est impliqué dans la guerre. Littín a réussi à capturer, à travers le regard d’un enfant, la cruelle réalité d’une force interventionniste qui a dénoncé l’insurrection, lui valant une nomination à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et devenant le premier et le seul film nicaraguayen en lice.

C.A.T.

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