29 mars, 2024
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Une leçon de bonne humeur à Copenhague

D’un simple coup d’œil sur une carte pendant le court instant du vol entre Paris et Copenhague j’étais prévenu : Le Danemark est le plus méridional des pays scandinaves. Les quelques heures dans la plus grande des capitales du nord européen m’ont convaincu l’air y est plus vif et les tuiles ,d’un beau noir vernissé , profond, y sont plus sombres que dans notre midi ; mais les danois sont bien les méditerranéens du nord : gais, gentils, prévenants, tolérants aussi.

En couverture de la brochure de l’office du tourisme , un cœur aux couleurs du drapeau national, rouge barré de la croix blanche sur lequel se détache une blonde plantureuse, toutes dents en sourire, très court vêtue. La brochure ne ment pas et elle précise : « les danois forment un peuple nordique apprécié pour sa vigueur, sa bonne humeur , sans limites son sens de l’humour, son goût et sa modestie ». Même cette appréciation n’est pas contradictoire dans un tel document.

Les danois savent leur pays petit, et le reconnaissent. Ils mentionnent simplement au hasard d’une conversation la compétence de leurs exportateurs, le savoir faire de leurs industriels et ajoutent souvent que le tourisme compte beaucoup dans l’économie nationale. Cela dit ma surprise n’est que plus grande quand je constate que l’accueil qu’ils me réservent fait partie de leur nature et ne ressort en rien de calculs commerciaux. Les chauffeurs de taxi descendent de voiture pour ouvrir la portière en souhaitant : « bonne promenade » en français s’il vous plaît ! Il est courant que les garçons de café refusent les pourboires souvent sollicités ailleurs où le service est comme ici compris. Les passants détournent leur chemin pour montrer le vôtre, c’est sans effort. Par gentillesse. Ainsi est-on danois : naturels. Et c’est bien agréable.
Copenhague paraît comme une tranche de bonne humeur dans les pages d’un conte d’ Andersen dont la reliure vient d’être soigneusement refaite à neuf.

Puisque l’on parle ici l’anglais comme une langue cousine je vais dire qu’il y a trois « must »trois obligations à toute exploration, si courte soit-elle : La petite sirène, la garde royale et Tivoli.

A Copenhague on va du merveilleux au réalisme.

La sirène de bronze est sortie d’un conte d’Andersen par la grâce d’un brasseur renommé, Carl Jacobsen, père de la célèbre bière Carlsberg qui n’a ici d’égale que la non moins célèbre Tuborg. Jacobsen fit don de la statue à la ville il y a un siècle.

Cette sirène est une femme-poisson plus femme que poisson, gracile et alanguie sur le clapotis des eaux du port. Le type même du mythe incarné, moins pittoresque mais plus élégant que le manneken piss bruxellois. Sirène qui a, de plus , sur les sirènes de l’imaginaire , l’avantage de laisser voir des charmes harmonieux jusqu’aux genoux. Son créateur n’ a pas eu le cœur de trop allonger son appendice caudal…

C’est un cliché certes mais pourquoi se dispenser d’aller la voir ? D’autant que la promenade Langelinie où veille notre sirène, l’ancienne forteresse du Kastellet avec ses fossés, ses cours et ses bâtiments comme autrefois est toute proche.

C’est de là aussi que l’on peut suivre le va-et-vient incessant des navires et s’offrir quelques instants de méditation sur la mer, le négoce , les cieux du nord ou la poésie des flots suivant son humeur du jour.

Les gardes royaux sont grands, beaux avec leurs hauts bonnets de fourrure d’ours. Ils ont l’impassibilité de rigueur dans leur fonction sans histoire devant le palais rococo d’Amalienborg, la résidence des souverains.

A midi la parade est plus ou moins importante selon que la reine est ou non présente au palais.

On raconte qu’un jour,sur la petite place dessinée par quelque architecte italien égaré ici il y a plus de trois siècles, la garde montante avait dû stopper sa progression au moment sacré de la relève car un cortège de canards venant de la mer toute proche traversait la place inopportunément, au pied de la statue équestre de Frédéric V. La garde a attendu que le dernier canard soit passé avant de reprendre son chemin. Personne ne s’était ému de l’incident…comment faire comprendre à des canards ,fussent-ils danois, ce que sont les traditions de la royauté ?

Ce que nul danois n’ignore , c’est la signification du mot Tivoli : parc d’attraction, l’un des plus plaisants et des plus variés qui soient. Du premier jour de mai à la mi-septembre, Tivoli est le forum de l’amusement. Il est éclairé de 86 000 lampes et coloré de 12 000 fleurs, paraît-il …Des orchestres bercent les visiteurs et des baladins se succèdent sur les scènes de plein-air ; Des marionnettes et des numéros d’un cirque authentique sont pour tous les âges et chaque mercredi, samedi et dimanche gerbes de feux d’artifice . Le parc est en plein centre ville à deux pas de l’Hôtel de Ville.

Et pour finir avec un peu d’aquavit…

Une autre parenthèse dans une cité tout de même bien de son siècle, avec les gaz d’échappement des voitures mais aussi un peuple habile de près d’un million de cyclistes. C’est Ströget. Un ensemble de rues réservées aux piétons qui fut le premier du genre. Ströget pourrait signifier shopping : art scandinave, tissus artisanaux, céramiques, brocanteurs de cuivres, vieux livres .
Un peu d’aquavit pour reprendre ses esprits, des smörrebröds pour se restaurer : ils valent un chapitre à eux seuls.

Pendant le vol de retour j’ai essayé de me souvenir de l’uniforme des agents de police. Tout bien réfléchi pendant ces trois jours je n’en ai pas vu un seul. Ou s’il en était un, il s’était perdu, discret, souriant lui aussi parmi ses compatriotes. C’est un détail . Mais tout de même.

Notes en marge sur mon carnet de voyages
Jacques BASCHIERI dit Vinicius-

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