29 avril, 2024
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Air France bloque les touristes chinois

Quelques personnalités du tourisme en France avaient envoyé un message à Emmanuel Macron avant sa visite en Chine. Ce courrier était signé, notamment par Augustin de Romanet (PDG d’Aéroports de Paris), Sébastien Bazin (Accor), Nicolas Houzé (Galeries Lafayette) et Henri Giscard d’Estaing (Club Med). 

90 vols reliaient la France et la Chine en 2019

Ils y soulignaient que « pas moins de 90 vols hebdomadaires reliaient les deux pays en 2019. Ces vols avaient permis à la France de se positionner comme principal porte d’entrée en Europe.  En 2019, les Chinois représentaient seulement 3 % des séjours dans le pays,mais 7% des recettes (3,5 milliards d’euros), selon Atout France.

Une clientèle qui dépense

Si cette clientèle est particulièrement attendue, c’est aussi parce qu’elle dépense plus que toutes les autres. Dans l’hôtellerie ou les commerces,notamment de luxe, le manque à gagner est évident, certains grands magasins réalisant plus de 30 % de leur chiffre d’affaires grâce à la clientèle chinoise. Idem dans les aéroports parisiens, où les Chinois dépensent près de 10 fois plus que les Américains. Et où ils représentaient plus de 32 % des ventes détaxées avant la crise.

Un retour qui se fait attendre

Leur retour est malgré tout freiné par plusieurs facteurs. Outre la distribution au compte-goutte des passeports par le gouvernement chinois, le nombre de vols entre les deux pays, loin d’être revenu à son niveau pré-Covid, commence à provoquer quelques crispations. On assisterait à un bras de fer entre Paris et Pékin sur l’équilibre des liaisons aériennes. Certains acteurs du tourisme verrait ce frein comme une défense des intérêts d’Air France au détriment de leurs activités. 

Air France et l’Etat se sont mis d’accord

En fait, ils accentuent le blocage des vols entre la France et la Chine, en détournant d’une manière absurde les accords de trafic existant pour protéger la compagnie nationale », s‘indigne ainsi Philippe Villin, banquier d’affaires et propriétaire exploitant du groupe hôtelier Libertel. 

Air France aurait souhaité survoler la Russie

« Air France exige que le retour à la normale pour les compagnies chinoises n’intervienne que lorsque ses appareils pourront survoler le ciel russe,repoussant ainsi la reprise aux calendes grecques. Ne s’agit-ilpasd’un« petit arrangement entre amis » de la même caste étatique, dramatique pour l’économie française ? » poursuit l’hôtelier. 

Le retour des touristes de Chine continentale se fera attendre

Dans trois mois,le nombre de vols entre la Chine et la France ne devrait se situer qu’à 18 % de son niveau d’avant-crise, selon le cabinet ForwardKeys. Un chiffre qui atteindrait 27 % en Espagne, 46 % en Allemagne,et même 97% en Italie. Dans leur lettre du 30 mars, les quatre dirigeants réclament « un assouplissement des restrictions à l’endroit des compagnies aériennes chinoises»,qui imposent la réciprocité. Et suggèrent de « réattribuer systématiquement » les droits des compagnies aériennes chinoises et d’Air France jusqu’à un retour à la normale. Philippe Villin, de son côté, ne décolère pas. 

« Comment l’Etat peut-il sacrifier le gagne-pain de millions de salariés et de dizaines de milliers d’entreprises pour protéger cet ancien monopole d’Etat qu’est resté Air France ? De mon point de vue, l’Etat doit obliger la compagnie à reprendre d’urgence ses vols avec la Chine à leur niveau de 2019 (quitte à ce que la compagnie doive affréter des avions), et autoriser les compagnies chinoises à voler vers la France autant qu’elles le souhaitent (jusqu’à la fin des sanctions sur la Russie). Si l’Etat ne fait rien, celui-ci s’expose à la vindicte des professionnels du tourisme au sens large ainsi qu’à des risques juridiques », prévient l’hôtelier.

Air France en profiterait pour laisser des tarifs élevés

La principale vertu, aux yeux d’Air France, de cette offre réduite est d’assurer des tarifs élevés et une bonne rentabilité. Mais cela suppose que les compagnies chinoises ne puissent pas inonder le marché de vols supplémentaires. Et donc, que l’accord 2017 soit revu de façon à garantir un meilleur équilibre entre les pavillons français et chinois, tant que durera l’interdiction de survol de la Russie. C’est ce que le gouvernement français aurait encore fait savoir la semaine dernière, au ministre chinois du Commerce, venu à Paris pour réclamer davantage de vols. Mais cela ne fait évidemment pas les affaires des nombreux secteurs du tourisme, du commerce et des loisirs, qui attendent avec impatience le retour de la manne touristique chinoise. Ils ont réclamé à l’Etat le rétablissement du niveau de connectivité aérienne de 2019. Sans succès jusqu’à présent.

Article rédigé avec les informations parues dans les Echos du 26 Avril.

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