29 avril, 2024
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Maldives: hors du temps, hors du monde

Dans l’hydravion menant de la capitale Malé à l’atoll de Noonu s’impose à moi cette phrase extraite de La Ferme africaine de Karen Blixen. « Plus tard, il m’offrit un cadeau, un incroyable cadeau : un aperçu du monde à travers l’œil de Dieu et je pensais, oui, je vois, c’est bien ainsi que cela fut conçu ».

Voler au-dessus de cet univers singulier est un choc visuel. La beauté impressionnante des 26 atolls et 1199 îles des Maldives laisse sans voix. Dans l’immensité bleue marine de l’Océan Indien apparaissent des gemmes insulaires aigue-marine, entourant parfois une végétation dense, parfois juste un banc de sable blanc. Le regard est hypnotisé par cette myriade d’îles et îlots étalés sur 90 000 km2. Des atolls dont le nom d’ailleurs nous vient des Maldives. Des récifs coralliens circulaires abritent en leur centre un lagon. Aux Maldives, ces petits lacs d’entre terre et récifs coralliens forment d’immenses piscines naturelles qui font le bonheur des touristes.

Premier coup œil sur la vie en bleu (photos ED)

Je ne sais pourquoi j’ai pensé à Venise : une même invraisemblable beauté appelée tôt ou tard à être submergée. Le point culminant de ces îles émerge à un peu plus de 2 mètres seulement et le niveau de la mer s’élève d’environ 3 mm chaque année… Alors j’ai voulu regarder cette merveille de la nature comme on regarde Venise, merveille du génie humain, essayant d’oublier l’aspect trop carte postale de la destination, l’artifice des innombrables îles-hôtels ou même des îles artificielles rajoutées par certains complexes hôteliers. Elles sont toutes totalement exemptes de vie sociale locale, d’habitants du pays autres que ceux dédiés au service. D’oublier l’ambiguïté de ces îles occupées par un seul resort où tout est permis, dans la gamme sea, sex, and sun, et la sévérité sans appel du régime politique religieux en place.  Car il y a, dans ce pays, la « resort life » et l’autre.

Le tourisme donne le La

Les Maldives sont aussi un cas d’école pour le tourisme. Ce pays vit à 45% du secteur des services et donc du tourisme avec 1,7 millions d’arrivées par an en 2021 pour une population autochtone de seulement 500 000 habitants. L’aéroport de Malé s’agrandit constamment et souhaite porter sa capacité à 3 millions d’entrées et une augmentation des capacités d’hébergement de 50 % d’ici deux à trois ans. Le tourisme, il est vrai y représente 51% du PNB contre 31 % pour l’agriculture ou la pêche et 18 % pour l’industrie.

Manne du pays autant que son talon d’Achille, il est clair que le tourisme est le tuteur sans lequel toute une économie irait à vau l’eau. C’est un des lieux où les efforts en faveur du soutien à l’écologie ont été mis en place mais compenseront-ils jamais les nombreuses heures de vol nécessaires, la climatisation indispensable dans cet univers chaud et humide, la nécessité d’importer à peu près tout pour faire vivre ces îles-hôtels…. qui font vivre tout le pays ? Vaste question.

Sara Siyam directrice du Sun Siyam World et fille du fondateur
Sara Siyam, directrice du Siyam World et fille du fondateur

Les hôtels Sun Siyam, dont les propriétaires, la famille Siyam sont Maldiviens nous ont permis de comprendre au plus près ce qui fait l’attrait de cette destination. Les Européens la plébiscitent pour les mariages et les voyages de noces mais pas seulement. Les Indiens, les Emiratis, les Russes et les Chinois, géographiquement plus proches, en ont fait une destination de vacances familiales dans un univers étanche au stress. Rendons grâce à ce groupe d’avoir banni les plastiques non réutilisables et de mener avec le personnel et les clients volontaires des actions écologiques tels que plantation de cocotiers ou réimplantation de coraux.

La famille Siyam possède cinq resorts de tailles différentes, ce qui lui permet de s’adresser à des publics aux aspirations diverses.

Expérience vécue : à quoi faut-il vous attendre ?

Ce qui est commun à tous les hébergements de ce type (les Maldives comptent actuellement quelque 170 resorts), c’est l’indescriptible transparence  de l’eau, l’espace infini, les possibilités multiples d’accéder à toute les activités nautiques : de l’observation de la magnifique faune lors des plongées ou des activités de snorkelling à tous les sports nautiques dont vous pouvez rêver et même ceux que vous ne connaissez pas encore.

On ne va pas à la plage, c’est elle qui vient vers vous partout et votre villa comportera nécessairement votre bout de plage personnel au sable uniformément blanc. Si le luxe c’est l’espace, la formule se confirme ici tant s’impose la sensation d’être dans un univers sans limites et quasiment privatisé. Vous habitez un désert d’eau piqué de luxueuses oasis de sable et de verdure hors de la vraie vie.

Resort life

hébergements dans les différents resorts Sun Siyam

 Au Sun Syiam Irufushi 5*

Autant dire, mon préféré et sans doute le plus enclin à séduire les Français à la fois par ses dimensions raisonnables et par sa situation entre mer, sable et verdure. On l’atteint en 45 mn d’hydravion à partir de Malé, la capitale. Le temps d’attendre l’hydravion, un lounge dédié aux hôtels Sun Siyam vous attend avec victuailles et boissons et même espace douche et espace de massage. Quand les pales de l’hydravion s’arrêtent vous êtes sur un long ponton en bois qui enjambe l’eau cristalline. La fête commence.

Ce complexe hôtelier comprend des villas et résidences spacieuses, ouvertes sur l’infini de l’océan et promettant pourtant une intimité appréciable. L’image rêvée correspond à la réalité : une maison sur pilotis d’où l’on voit régulièrement passer des poissons de toutes sortes. Intérieur très bien aménagé avec  banquettes-lits, lits king-size, fauteuils, espace bureau, télévision grand écran, grande salle de bain et terrasse donnant sur une piscine individuelle et sur un petit escalier permettant l’accès direct à la mer. Et wi-fi partout.

Ici comme dans les autres complexes hôteliers on marche pieds-nus sur un sable blanc et doux. A part les tongs vous pouvez ranger les chaussures. Il faut une demi-heure environ pour faire le tour de l’île à pieds. Hors du temps, hors du monde. Une quinzaine de restaurants  et bars permettent de varier les plaisirs gourmands. On y mange bien partout et il faut saluer l’ensemble des resorts du groupe Siyam, d’apporter une si minutieuse attention à toute forme d’intolérance alimentaire ou d’allergie. C’est un parcours sans faute. Le Spa (primé) lové dans un espace de verdure est exceptionnel et emploie d’authentiques experts de divers massages du monde.

Tous les sports nautiques sont praticables pour qui recherche des vacances actives. Les contemplatifs ne sont pas en reste : couchers de soleil incomparables sur ces eaux translucides, pacifique cohabitation aquatique avec les poissons grands et petits et les tortues marines. Vous avez aussi possibilité de privatiser un bout de plage pour un dîner en amoureux, de faire des excursions sur des îles désertes où le personnel fort sympathique de l’hôtel dresse une table éphémère pour un pique-nique de rêve.

Tout est imaginable dans l’espace infini de ces îles mais pour tout ce qui n’est pas prévu dans la formule all inclusive, tout se paie assez cher. Ajoutons que la douce température et le calme et la faible profondeur de l’eau des lagons se prêtent sans difficulté aux séjours avec enfants (un kids club leur est dédié).  https://www.sunsiyam.com/sun-siyam-iru-fushi/

Au Siyam World 5*

Gigantesque complexe hôtelier du même groupe. C’est le resort idéal pour les fêtards, les groupes d’amis, les consommateurs de sports nautiques en tous genres, les amateurs d’expériences diverses. C’est aussi le seul des complexes hôteliers à disposer d’un club équestre.  On n’y manque pas d’espace sur les 54 hectares d’île, 4 km de plages, 6 km de récif corallien, des résidences allant de une à six chambres à coucher avec 21 catégories d’hébergement : villas, pavillons, et la Beach house collection, résidences allant de 89 à 3000 m2. 17 bars et restaurants avec tous types de gastronomie. On peut ne pas apprécier esthétiquement l’alignement de dizaines de villas sur pilotis flanquées, en ligne, de toboggans bleu ciel pour permettre de glisser de chez soi dans l’eau de mer…

Vous y trouvez aussi un terrain de foot et des courts de tennis et un parc aquatique flottant. Et bien sûr d’innombrables possibilités d’organiser des cérémonies sur-mesure pour les mariages ou autres festivités privées. L’île étant plus grande, le Siyam World propose à ses clients de louer un Moke pour la durée de leur séjour. Ce sont des voitures électriques respectueuses de l’environnement qui peuvent être livrées avec votre propre système audio pour circuler avec votre type de musique préférée. Ce resort est certainement le plus bling-bling mais assurément le plus festif aussi.  Il vient de remporter cette année le Best Luxury Resort Maldives award à l’Arabian Travel Awards de Dubai.

https://www.sunsiyam.com/fr/siyam-world/

Au Sun Siyam Ohluveli 4*

Le troisième des complexes Siyam se trouve sur l’île d’Olhuveli à 45 mn de hors-bord de Malé. Il se compose d’une île naturelle en forme de botte couchée et de deux îles artificielles, toutes reliées par des ponts. L’une d’elles, Olhuveli Romance est exclusivement réservée aux adultes. Côté hébergements, on y trouve, outre les suites d’inspiration maldivienne d’élégantes villas au design plus graphique et plus contemporain. Onze restaurants et bars offrent une grande variété de cuisines et d’ambiances.

Ce resort propose des dîners ultra-romantiques sur une plate-forme flottante. Un tête-à-tête « seuls au monde » pour amoureux d’émotions douces. C’est aussi un lieu privilégié de plongées y compris les plongées sur des épaves échouées dans l’atoll de Vaavu, sur un banc de sable peu profond. Un spot particulièrement riche en faune aquatique qui assure le spectacle naturellement, juste avec masque et tuba. Et puis, depuis la jetée, un spectacle gratuit enchante les promeneurs même non plongeurs, celui du ballet, à la nuit tombée des raies Manta qui semblent voler sous la surface de l’eau. https://www.sunsiyam.com/sun-siyam-olhuveli/destination/

Le prix du rêve

Quel que soit votre choix, les Maldives sont un lieu parfait pour qui veut croire au paradis. On y est dans un cocon qui semble avoir échappé aux turpitudes du monde. C’est aussi une destination coûteuse pour les Français et les Européens en général qui impose de passer par un Tour Opérateur.

Le tarif moyen ce mois de novembre, à titre d’exemple, avoisine les 7 à 8000 € pour deux pax, vols inclus pour une semaine de séjour en all inclusive. Pour profiter de innombrables possibilités d’expériences, d’excursions, d’activités, il faut toutefois prévoir une réserve budgétaire car les tentations dans cet univers fantasmé et insouciant sont multiples. Et payantes.

La vraie vie des Maldives : visiter une île locale habitée

Vie locale dans un village traditionnel à Guraidhoo (photo ED)

A partir d’Olhuveli entre autres il est possible d’aller visiter une île locale habitée par des Maldiviens. La vraie vie, c’est là qu’on la trouve à un quart d’heure de navigation. On est accueillis, à Guraidhoo par des guides qui font visiter cette commune de 2000 habitants. De fait on est brusquement sur une autre planète. Jolie petite ville très arborée, croulant sous les massifs de bougainvilliers ou de frangipaniers. Très colorée aussi. Et… habitée par des Maldiviens ! On y trouve de petites supérettes ou boutiques-bazar, de sympathiques cafés et restaurants  et quelque 25 maisons d’hôtes lesquelles se multiplient à l’envi.

Le village vit à 95 % du tourisme m’explique le guide soulignant que le prix d’une chambre ici est d’environ 45 dollars contre au moins 700 dans les îles-hôtels ; bien sûr le confort n’est pas comparable. Partout la mer et même une « plage bikini » uniquement pour les touristes. L’islam fait loi et à Guraidhoo, comme partout hors des îles-hôtels, l’alcool est strictement prohibé.  La mosquée occupe un bel espace, l’école communale aussi. Les maisons aux couleurs vives semblent avoir été repeintes récemment et c’est le cas.

Tous les cinq ans lors des élections présidentielles, des habitants repeignent leur maison aux couleurs soit du parti démocrate en jaune, soit aux couleurs du parti nationaliste en rose selon leurs convictions. Une belle bataille de couleurs au milieu desquelles se trouvent aussi des immeubles blancs ou vert pistache. En tout cas cette incursion dans la vraie vie est une jolie parenthèse permettant aux rêveurs de revenir sur terre.

Evelyne Dreyfus

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