À Hammamet, l’une des principales destinations touristiques du pays, l’érosion côtière s’accélère en raison de l’urbanisation incontrôlée et du changement climatique
L’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), établissement public, a entrepris une vaste opération de réfection de la plage du centre-ville avant l’été. 15.000 m3 de sable, transportés par 750 camions depuis les carrières de la région semi-désertique de Kairouan, à plus de 100 km, ont été déversés sur la plage pour la restaurer.
Le tourisme est vital pour l’économie tunisienne, car il fournit de nombreux emplois, notamment aux jeunes, dans un pays où le taux de chômage est élevé. Les autorités ont pour objectif d’attirer 10 millions de visiteurs en 2024. L’objectif semble ambitieux. On peut indiquer en aparté, que selon plusieurs sources, les touristes algériens ont sauvé le tourisme en Tunisie. Un responsable de ONTT a communiqué des chiffres : « du 1er janvier et jusqu’au 10 juillet 2024, la Tunisie aurait accueilli 1.419 067 touristes algériens en augmentation de 17% par rapport à 2023.

Le sable peut disparaître en quelques jours
Au cours de la dernière décennie, la force implacable de l’érosion côtière a dévoré 24 000 mètres carrés de plage à Hammamet, en Tunisie. Entre 2006 et 2019, 3 à 8 mètres de plage ont disparu chaque année. Un rapport de la Banque mondiale de 2020 a tiré la sonnette d’alarme, décrivant le taux d’érosion comme « spectaculaire » et atteignant un nouveau niveau de « destruction » au cours des deux dernières années. L’ensemble du littoral tunisien est en péril, avec une perte annuelle moyenne de 1,5 mètre, entraînant la disparition de 90 kilomètres de plage et mettant en danger 190 kilomètres supplémentaires sur les 570 kilomètres de côtes sablonneuses au total.
Si le réensablement des plages peut offrir un répit temporaire, il ne constitue pas une solution durable à long terme. Des alternatives comme la construction de digues ou d’autres structures pour retenir le sable sont à l’étude. Selon l’AERE, l’installation de palissades sur plusieurs kilomètres s’est avérée efficace pour reconstruire et stabiliser les dunes sur de nombreuses plages en Tunisie. Sans ces mesures, le sable peut être rapidement érodé par la mer ou lors des tempêtes, comme l’a démontré une opération de réensablement à Hammamet à l’été 2023. La poursuite de ces solutions durables offre un espoir dans la lutte contre l’érosion côtière.
Solution provisoire
La plage centrale de Hammamet est considérée comme la fierté de la ville. Narjess Bouasker, de la Fédération régionale de l’hôtellerie, insiste sur la nécessité de préserver la beauté de la plage. Elle reconnaît toutefois que les efforts actuels pour réapprovisionner le sable ne sont qu’une solution temporaire. Elle estime qu’il est essentiel de trouver un équilibre entre la préservation du paysage et la lutte efficace contre l’érosion côtière à long terme.
L’AERE et l’APAL pointent du doigt l’activité humaine, notamment l’urbanisation incontrôlée, comme principale cause de l’érosion. Le réchauffement climatique aggrave la situation, entraînant des tempêtes plus fréquentes et plus violentes et une montée rapide du niveau de la mer, notamment en Méditerranée. Les travaux de construction sur la plage d’Hammamet ont contribué à la disparition des dunes protectrices, qui contribuaient auparavant à la reconstitution naturelle du sable.
L’APAL critique également le développement côtier qui ne respecte pas les écosystèmes. Il s’agit notamment de recouvrir les lits des rivières qui transportent 85 % des sédiments vers la côte, ce qui est essentiel pour réduire l’érosion. Un responsable anonyme de l’APAL souligne que les projets de construction doivent tenir compte de la dynamique côtière. L’AERE note que les plages urbaines, comme celles de Hammamet, Monastir et Sousse, sont les plus touchées par l’érosion.
L’article édité par le journal Le Monde a inspiré cet article