Mon séjour à Chypre en six points clés

De retour de Chypre, je vous partage mes impressions sur cette île de la Méditerranée orientale, plutôt mal connue des Français.

1- Situation géopolitique: depuis l’invasion turque de juillet 1974, cette île qui s’étendant sur 240 km de longueur et 100 km de largeur n’a conservé que 62% de son territoire. C’est l’actuelle république de Chypre. Au nord de l’île, la partie occupée par les Turcs –soit 38% du territoire– n’est pas reconnue politiquement sur le plan international. On parlerait toujours d’un projet de référendum pour adopter la dénomination « République Islamique de Chypre ». A suivre.

Nicosie, la capitale de l’île, est divisée en deux: une partie grecque bien développée et une partie turque. Depuis 2004, l’ile toute entière est membre de l’Union Européenne. Dans la partie grecque, les règlements se font en euros. Et en livres turques dans la partie occupée.

2- Bilan touristique: avec des sites archéologiques de toute beauté et de superbes plages, l’ile d’Aphrodite est traditionnellement appréciée par les Britanniques et les Russes. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine, ces derniers ont quasiment disparu. Toutefois, une communauté russe continue de résider sur place. Explications: Moscou se situe à moins de 4 heures de Larnaca, l’alphabet cyrillique est assez proche du grec tout comme la religion orthodoxe.

Sans oublier que plusieurs citoyens russes ont acheté un bien sur l’île afin d’obtenir un « golden visa ». Il y a eu des abus, voire des scandales au plus niveau dans ce système d’investissement permettant d’obtenir un permis de résidence ou un passeport chypriote. Selon mes informations, la politique des golden visa vient de reprendre. Cette fois les promoteurs ne s’adressent plus aux Russes, mais surtout aux Israéliens très nombreux sur l’île, depuis les événements du 7 octobre 2023. Il faut moins d’une heure d’avion pour relier Tel Aviv à Larnaca.

Un exemple parmi d’autres: dans les restaurants touristiques les cartes sont en grec, anglais et encore cyrillique. Mais j’ai entendu des serveurs bredouiller de l’hébreu. Les temps changent…

Sur le classement de visites touristiques, les Français se situent autour de la 7ème place. « Aujourd’hui, cette destination a encore une conation anglaise. Mais c’est un tort, car les Chypriotes adorent les Français et parlent de plus en plus notre langue » me confie Christophe Chaillou, à la tête de l’agence réceptive Creative Tours basée à Limassol.

3- Les croisières maritimes: habituellement, les croisières vers Haïfa en Israël faisaient une escale à Limassol. Sans surprise, les compagnies de croisière reportent actuellement leur itinéraire vers le Golfe Persique. Je me suis rendue au terminal de croisière de Limassol, quasiment sans activité. Bien qu’on ne ressente aucune tension à Chypre, le conflit au Moyen Orient a un fort impact sur l’île.

4- Le réchauffement climatique: comme la Grèce, Chypre a connu cet été une grosse canicule avec plus de 40°. Au point que sur la zone côtière, les Grecs Chypriotes ne sortaient qu’en soirée.

Une confidence: jusqu’à J-8, j’avais les yeux rivés sur la météo pour savoir si je différais mon voyage ou non. Finalement je l’ai maintenu. Et la température avoisinait les 30°…

Pendant les périodes chaudes, mieux vaut se réfugier dans l’arrière-pays; à l’abri du Mont Olympe culminant à 1800 mètres, vous avez 15° de moins que sur la cote. En prime: des vignobles, une nature préservée et des chemins de randonnée.

Mon conseil: même si la destination ne connait pas de sur tourisme comme la Grèce, privilégiez les intersaisons. Là-bas, on peut se baigner de mai à novembre.

5- La desserte aérienne: c’est souvent la poule et l’œuf. Les compagnies hésitent à desservir une destination faute d’un nombre suffisant de clients. Et des touristes préfèrent voyager par des vols non stop.

La compagnie aérienne nationale s’appelle Charlie Airlines, mais elle opère sous le nom de Cyprus Airways. D’avril à octobre, elle dessert Larnaca depuis l’aéroport CDG. Si vous voulez atterrir à Paphos, ce que je vous conseille vivement en raison de ses richesses archéologiques, prenez un vol Transavia. Cette filiale d’Air France dessert la destination tout comme Larnaca d’avril à octobre. Des compagnies comme Wizz Air, Ryan Air et Easy Jet desservent Chypre en saison, au départ de Paris et de certains aéroports de province.

6- Mes sites préférés: au cours d’excursions animées exclusivement en français par des guides agréés par le ministère du tourisme et proposées en petit groupe par le réceptif Créative Tours, j’ai été impressionnée par le site de Paphos. Habité depuis les temps néolithiques, il remonte au XII^e siècle av. J.-C. Aujourd’hui c’est un parc archéologique classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

 Les vestiges de villas, palais, théâtres, forteresses et tombeaux confèrent au site un intérêt architectural et historique exceptionnel. Les mosaïques de Nea Paphos sont parmi les plus belles du monde; à ne pas manquer: les villas de quatre gentilshommes romains et les maisons de Dionysos, Thésée, Aiôn et Orphée qui datent du IIIe au Ve siècle après J-C.

Dans la Maison de Dionysos, j’ai admiré les 556 mètres carrés de mosaïques décorés de scènes mythologiques, de scènes de vendange et de chasse. A l’entrée, une mosaïque de galets de l’époque hellénistique, représentant le monstre mythique Scylla.

Autres incontournables: les 14 chapelles familiales remontant au XII° siècle dans le Troodos, l’arrière-pays. Dix d’entre elles sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial pour leurs peintures murales. C’est un véritable panorama de l’histoire de la peinture byzantine et post-byzantine à Chypre. J’ai visité l’église de Saint-Nicolas-du-toit située à 5 km du village de Kakopetria, une petite merveille où les photos sont interdites. Dans cette région montagnarde, les anciens ont protégé les fresques d’une double toiture.

A Nicosie, le musée de Chypre abrite 14 galeries d’œuvres d’art originales, toutes datant de l’Antiquité. Pas de doute que cette île au carrefour des civilisations de la mer Egée, du Proche Orient, de l’Asie Mineure et de l’Egypte garde toutes les traces des civilisations méditerranéennes.

Martine Denoune