Le pont sur le détroit de Messine, qui reliera la Sicile au continent, est presque une réalité. C’est du moins l’intention du gouvernement Meloni, après une décennie d’échecs. Mercredi 6 août, le Comité interministériel pour la planification et le développement économiques a approuvé le projet final. Matteo Salvini, le ministre des Infrastructures à l’origine du projet et grand ami de Marine Le Pen, prévoit que les travaux commenceront entre septembre et octobre, sous réserve de l’approbation de la Cour des comptes. L’investissement s’élève à 13,5 milliards d’euros.
Un rêve berlusconien devenu réalité par la nouvelle coalition de droite au pouvoir
Dans cette affaire fort couteuse et peu écologique, où se mêlent des intérêts économiques pour le moins troubles, on ne peut pas oublier Silvio Berlusconi, à qui l’on doit le projet du pont soutenu par de nombreuses campagnes électorales au fil des ans et maintes apparitions dans ses chaînes de télévision à côté des mannequins.
Salvini, qui est vice-Premier ministre et aussi président du parti de droite dure en coalition avec le gouvernement Meloni, prévoit que l’inauguration pourrait avoir lieu entre 2032 et 2033. Pour les voitures et autres véhicules routiers, le temps de trajet moyen passera de 70-100 minutes à 10 minutes. Les trains traverseront le détroit en un quart d’heure, contre deux à trois heures aujourd’hui, a précisé Salvini.
Le premier ministre italien Giorgia Meloni a salué l’approbation du projet le qualifiant de « stimulant »
S’il est achevé, le pont deviendra le plus long pont suspendu du monde. Le gouvernement italien souhaite inclure la construction du pont dans ses dépenses militaires.
Cependant, ses détracteurs s’inquiètent depuis longtemps de son impact et de son coût: hier, des représentants du comité « No Ponte » ont attendu Salvini pour manifester leur désaccord. Selon les déclarations de Renato Accorinti, ancien maire de Messine et l’un des chefs de file de la lutte contre le pont, au journal online Messina Today:« Il ne faut pas toucher au détroit de Messine, nous le défendrons bec et ongles ».
Son combat contre le pont a débuté il y a plusieurs années, plus précisément durant l’ère Berlusconi, quand le projet semblait presque achevé et que des centaines de millions d’euros étaient dépensés en une montagne d’études, calculs d’ingénierie et analyses. « J’ai déclaré la désobéissance civile ; nous devons occuper les chantiers s’ils rouvrent. Nous ferons tout notre possible pour défendre notre territoire, qui appartient à toute l’humanité », a conclu Accorinti.
Un pont de 3,3 km de long
Le projet de construction de ce pont reliant l’île de Sicile à l’Italie continentale, à travers le détroit de Messine, est controversé et discuté depuis des décennies.
S’il est achevé, le pont du détroit de Messine battra le record du pont de Canakkale en Turquie, le plus long pont suspendu du monde, avec ses 2,02 kilomètres de long.
Selon le projet final, le pont sur le détroit de Messine s’étendra s’étendra entre deux tours de 400 mètres de haut, avec deux voies ferrées au milieu et trois voies de circulation de chaque côté.
Un projet abandonné à plusieurs reprises
Ce ne serait pas la première fois que la construction du pont est retardée. Depuis l’élaboration des premiers plans il y a plus de 50 ans, plusieurs projets ont dû être abandonnés pour diverses raisons et le pont fait face depuis longtemps à une vive opposition. Cela inclut la crainte que d’énormes sommes d’argent des contribuables soient détournées par les mafias siciliennes et calabraises, qui ont une grande influence sur la politique et la société du sud de l’Italie.