Depuis des années, les scientifiques alertent sur le risque de dégradation de la forêt amazonienne et de sa transformation en zone aride en raison des effets du réchauffement climatique.

Cependant, une étude à long terme contredit ces prédictions pour l’une des régions les plus densément boisées de la planète. Au lieu de décliner, cette forêt tropicale montre que tous les arbres, des plus jeunes aux plus vieux, croissent plus vite.
Les arbres amazoniens grandissent désormais de 3,2 % par décennie
La nouvelle étude avertit que ce phénomène, attribué à l’augmentation du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, pose de nouveaux défis pour la conservation et la biodiversité de la région.
La forêt amazonienne, qui s’étend sur une grande partie du nord-ouest du Brésil et s’étend jusqu’en Colombie, au Pérou, en Guyane, au Suriname, au Guyana, au Venezuela, en Équateur et en Bolivie, est la plus grande forêt tropicale du monde et est réputée pour sa biodiversité.

Cette découverte, publiée dans Nature Plants, est le fruit d’une collaboration entre près de 100 chercheurs qui ont observé 188 parcelles à différents endroits en Amazonie
Entre 1971 et 2015, ils ont mesuré précisément la surface au sol des troncs, un indicateur permettant de calculer la biomasse accumulée dans chaque zone. Ce suivi a permis d’observer l’évolution de la forêt tropicale à la lumière des récents changements climatiques.

La puissance de la jungle défie les lois de la nature
Les résultats ont surpris les experts eux-mêmes. Les données montrent que depuis les années 1970, la circonférence des arbres en Amazonie a augmenté en moyenne de 3,3 % par décennie. Le dioxyde de carbone (CO₂) est devenu un facteur clé de ce phénomène.

Le plus remarquable est que cette expansion ne se limite pas à une seule espèce d’arbre, mais englobe l’ensemble de l’écosystème
Des jeunes pousses en compétition pour la lumière aux géants dominant la canopée, chacun participe à cette croissance collective. Cela contredit la logique écologique courante selon laquelle seuls les plus grands spécimens bénéficiant d’un accès privilégié aux ressources devraient bénéficier des avantages d’un environnement en mutation.

Le CO₂ est-il un poison ou un engrais ?
L’explication réside dans l’atmosphère. L’augmentation constante du dioxyde de carbone, largement considérée comme une menace, a agi dans ce cas comme un engrais naturel. Les arbres convertissent cet excès en énergie pour croître, un phénomène connu sous le nom d’effet fertilisant du CO₂.

Un article de SciencePost explique que les scientifiques ont envisagé trois scénarios possibles
Le premier, appelé « le gagnant rafle tout », prévoyait que seuls les plus grands arbres en bénéficieraient, supplantant les plus petits. Le deuxième scénario, appelé « avantage carbone limité », suggérait le contraire : les jeunes arbres connaîtraient une poussée de croissance bien plus importante que les vieux.
Ce qui s’est réellement produit, cependant, correspond au troisième scénario, décrit comme un « partage des bénéfices ». Selon ce résultat, tous les arbres, quelle que soit leur taille, bénéficient de manière égale de la fertilisation atmosphérique.

Un puits de carbone
La croissance simultanée de millions d’arbres fait de l’Amazonie un puits de carbone plus efficace qu’auparavant. Chaque tronc, dont les cernes de croissance s’épaississent, stocke davantage de CO₂ dans sa biomasse, renforçant ainsi le rôle de la forêt tropicale dans la régulation du climat mondial.
Aucun déclin n’a été observé sur les 188 parcelles étudiées, ce qui suggère que les bénéfices de l’enrichissement en dioxyde de carbone l’emportent actuellement sur les effets négatifs de la chaleur ou de la sécheresse. Cela fait de l’Amazonie un facteur clé d’absorption du carbone atmosphérique et offre un répit inattendu face à l’avancée du changement climatique.