Notre époque est pleine de faits de société qui réclament, souvent à juste titre, plus de visibilité pour les minorités ou les groupes discriminés et marginalisés. Effet pandémie oblige, on a récemment constaté des inégalités envers les personnes âgées considérées comme groupes de risque ainsi que vers les personnes handicapées ou malades.
Le virus changera t-il vraiment nos habitudes ?
Le nouveau virus met en lumière la stigmatisation et les injustices sociales même dans les petits gestes de la vie quotidienne : un éternuement dans un lieu fermé déclenche une série de regards réprobateurs ; une petite toux dans la file d’attente avant d’aborder l’avion et il est fort probable que vous restiez cloués au sol… au revoir aux vacances ! Comment vont donc se conjuguer dorénavant tourisme et distance sociale ? Même s’il est encore trop tôt dans la saison pour tirer des conclusions, certains avis d’experts se sont avérés assez justes : une nette préférence pour les destinations dans le pays de résidence, pour les déplacements courts au cas où l’on devrait faire face à un nouveau confinement, pour les lieux ouverts en pleine nature comme la montagne ou la campagne plutôt que le bord de mer souvent affolé.
La distance se fait asociale
Tandis que les médias colportent le message institutionnel de la santé publique, la vie de tous les jours révèle les pratiques des gens ordinaires. Et là, hélas, la distance se fait asociale. On perçoit l’autre comme un contaminé tout en oubliant qu’on est soi-même un potentiel contaminant. On croit d’être protégé parce qu’on est en famille ou entre amis, alors que les statistiques montrent que grand nombre de nouveaux cas se retrouvent justement à l’intérieur d’un même groupe social. A ce jour, les informations que la communauté scientifique a fait connaître à propos de la contagion sont aussi mutantes que le virus lui-même. Malgré les aller-retours des spécialistes et les fortes contradictions de la classe politique, depuis le début de la pandémie, chacun de nous s’en est déjà fait une idée de comment réagir dans la vie quotidienne. Et puisque l’être humain a montré pendant des siècles une incroyable capacité d’adaptation aux situations les plus extrêmes, nous savons déjà que le confinement que l’on croyait insurmontable n’a finalement pas été ni si tragique ni si injuste, bien qu’il nous ait temporairement privés de nos libertés.
La question que l’on doit se poser maintenant est celle de la suspicion. Cette foule d’anonymes que nous avions l’habitude de côtoyer sans faire attention le temps d’un déplacement en métro, bus, train ou avion devient maintenant visible et, pire, vecteur d’infection. Méfiance et soupçons peuvent avoir des conséquences encore plus graves que la pandémie si les fameux « gestes barrière » dépassent le simple cadre de la vigilance de santé pour devenir un véritable blâme social.
C.A.T.