Il faut bien reconnaitre que l’article est loin d’être favorable au groupe allemand et sa gestion douteuse en France. Nous vous donnons quelques passages croustillants mais malheureux pour les collaborateurs qui seront licenciés !
Le PDG de TUI France fait une annonce….
Un responsable qui fait une annonce importante depuis sa résidence … au Maroc ! On croit rêver ! Le journal écrit « les salariés de TUI France ont reçu un courriel intitulé « Visio-conférence d’information sur le projet de changement d’organisation de TUI France. A l’heure dite, ils ont cliqué sur le lien renvoyant vers l’application Microsoft Teams. Plein cadre, leur DG, Hans Van de Velde, depuis sa résidence au Maroc, d’où il dirige les activités françaises du tour-opérateur ». Tout cela pour que ce vieil employé du groupe allemand (plus de 16 ans d’ancienneté) annonce que pour éviter la faillite, il va falloir supprimer 583 postes. Mais également fermer 70 agences « TUI Store ».
La chronique d’une mort annoncée
Le Monde poursuit son article en évoquant le sort d’employés qui assiste, chez eux, à cette téléconférence. « Licenciés dans leur salon. Cinthia Bernard Decot, 33 ans, représentante du personnel et salariée d’une agence lyonnaise, relate la scène que lui ont décrite tant de ses collègues, à l’époque au chômage partiel ou en télétravail. Le foyer demande : « Qu’ont-ils dit ? », la mère répond : « Je suis virée. »
TUI avait racheté des marques prestigieuses
« En France, à partir des années 2000, le groupe rachète des marques qui ont incarné la démocratisation du tourisme : Nouvelles Frontières, clubs Marmara, Look Voyages » Pourtant, le groupe TUI avait pour ambition de commercialiser du tourisme de masse comme il le fait si bien en Allemagne ou au Royaume-Uni. Mais les marques rachetées avaient leur propre originalité et les clients savaient ce qu’ils achetaient en se rendant dans une agence NF ou Look Voyages !
Les trois lettres TUI n’ont, en fait jamais été comprises par le grand public
Le Monde poursuit « Sur les brochures, la prise de pouvoir se lisait dans la typographie : une année, le logo TUI est devenu plus gros que Nouvelles Frontières ou Marmara, sans que les clients aient jamais compris ce que recouvraient ces trois lettres. Pendant que l’appétit de voyages des Français ne se démentait pas, TUI s’embourbait, virait de bord régulièrement et continuait de faire fondre la masse salariale, bientôt rachitique.
Pour les employés : « on s’est fait bouffer par la grosse bestiole »
« L’expertise, disent les élus du personnel, est partie, de gré ou de force, ou a été anesthésiée. Cinthia Bernard Decot, ancienne du tour-opérateur « « Passion des îles » », allume une cigarette: « On s’est fait bouffer par la grosse bestiole. Au fur et à mesure des fusions, on se disait : « Cela ne fonctionnera jamais. » Il n’y avait pas de publicité, pas de gestion des fichiers clients, pas de vision »
Pour Nouvelles Frontières : aucune vision
Comment n’avoir pas compris l’esprit de Nouvelles Frontières qui avait bien évolué depuis sa création. L’entreprise était connue pour ses vols pas chers au fin fond du monde. Elle avait su proposer, via de gros catalogues, une foule d’offres originales sur des destinations lointaines. Il y a eu également la création de clubs. Bref, NF se transformait, en gardant son esprit d’aventure. Jacques Maillot était un redoutable négociateur (votre serviteur en a fait les frais). Mais, il avait su donner un sens à son entreprise. TUI n’a rien compris ou n’a pas voulu comprendre.
L’outrance des « TUI Store »
Le Monde poursuit : « Les TUI Store étaient pourtant clinquants : une grande table ovale avec écran tactile, des bureaux aérés et des courbettes aux clients. Les deux employées (interrogées par le journaliste) racontent ces trois jours de séminaire à Paris, où on leur a inculqué le nouveau « cérémonial de service », calqué sur celui des boutiques de l’avenue Montaigne. Aller chercher le client à la porte, s’agenouiller pour dire bonjour aux enfants, servir le café et ne jamais parler de « devis », mais de « projet de voyage ». « Cela ne collait pas du tout avec ce qu’on vendait. Le client qui vient acheter, sa semaine all inclusive, Marmara à 600 euros, il peut même être mis mal à l’aise. » «Au fur et à mesure des fusions, on se disait : « Cela ne fonctionnera jamais »
Quel gâchis !
La crise de la Covid 19 a sûrement incité le groupe a accéléré la restructuration, notamment France. On ne connait pas aujourd’hui, l’ampleur des dégâts, sachant qu’au Royaume-Uni, de nombreux voyages ont dû être annulés, suite à la décision du gouvernement britannique d’ordonner la mise en quarantaine de personnes ayant séjourné en Espagne. Le groupe est soutenu par des prêts accordés au niveau fédéral mais savons-nous si cela sera suffisant pour que ce géant survive. L’effondrement de Thomas Cook, nous rappelle qu’un grand groupe comme TUI reste un colosse aux pieds d’argile.
Nous pensons, bien sûr, à tout le personnel de TUI en France. On a pu voir dans notre profession quelques retournements.
Des entreprises se créeront et remplaceront aisément pour remplacer dignement ces entreprises qui auront été gérées de façon très hasardeuse. Au fait, Hervé Vighier (fondateur de Marmara) a bien un projet ….
Très bon article, mais qui aurait pu se remettre du rachat de NF? Un gouffre financier et social, une bombe à retardement. Certainement pas des industriels Allemands sans aucune compétence.
Serge je ne vais plus glorifier qui que ce soit et je suis arrivé à un âge où je peux me permettre d’apporter un modeste témoignage même si cela ne sert plus à rien de se lamenter sur la mort du tour operating français entamée, sans résistance notable par la profession, depuis 1985 et s’est accélérée au début des années 1990 avec la catastrophe qui a suivi la première guerre en Irak.
Le paysage du tour operating français comptait près de 400 T.O montés sur un modèle artisanal et on avait prévenu de la vulnérabilité du secteur face à la déréglementation aérienne venue d’Amérique et de l’invasion des mastodontes allemands et anglais TUI, NECKERMAN, THOMSON !
Quand à la relative réussite de NF je te renvoie à l’épisode NF, GMF Banque et Corsair !
Notre ami LB a payé de sa chaire son entêtement à vouloir ériger le Groupe A, un TO francais de dimension suffisamment importante pour espérer être en mesure de défendre le pavillon francais du tour operating et des compagnies aériennes privées charter. L’aérien charter étant le cheval de bataille du tour operating.
Qui des professionnels ne se souvient pas du fameux B747 qui portait la marque Air Liberté d’un côté et Corsair de l’autre ! Tout un signal annonçant la fin du tour operating français. Le rachat de NF par TUI a très vite suivi ces événements rocambolesques. La dérèglementation aérienne qui a fortement impacté les artisans du tour operating français a laissé une autoroute libre pour les Allemands et les Anglais.
Aujourd’hui il est plus que trop tard concernant un modèle qu’il faut carrément réinventer après la crise du Covid-19.