25 avril, 2024
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Peut-on être objecteurs de conscience en matière de voyages ?

L’objection de conscience était considérée en France comme un refus de la part des jeunes hommes à accomplir leur service militaire car ils s’estimaient pacifistes ou antimilitaristes. Puisque, de nos jours, l’appel au service n’est plus obligatoire, le terme désigne désormais un refus d’accomplir des actes jugés en contradiction avec ses propres convictions en matière de religion, de politique, d’idéologie et même des sentiments intimes.

Pour moi, l’argument du rejet pour des motifs personnels tient également la route en matière de tourisme, lorsque se pose le choix de la destination. Pendant ces quatre dernières années, j’ai entendu plus d’une fois de la bouche de mes copains et copines la phrase : « tant que Trump sera à la Maison Blanche, je me mettrai pas les pieds aux Etats-Unis», suivie d’une explication plus ou moins logique sur le fait de ne pas vouloir dépenser leur argent dans un pays avec lequel on n’est pas du tout d’accord pour des raisons qui excèdent les débats sur les institutions démocratiques et relèvent plutôt de l’éthique et du culturel.

Des raisons semblables peuvent être évoquées concernant des nations que l’on considère comme liberticides en Occident, allant des démagogies aux dictatures (à l’heure actuelle le choix est vaste, hélas), des pays où les droits de l’homme sont systématiquement bafoués, des pays où les femmes occupent une place sociale inférieure à celle des hommes, des pays qui tolèrent l’exploitation des enfants par le travail, et bien d’autres cas plus ou moins supportables.

Certaines voix s’élèvent contre ces refus, en soulignant que boycotter une destination pour des motifs idéologiques équivaut à la condamner à se refermer davantage sur elle-même, en empêchant la population locale de profiter des revenus du tourisme et des échanges avec d’autres mentalités plus ouvertes sur le monde. Cet argument est aussi parfaitement acceptable.

On vit une époque où les réseaux sociaux nous ont habitués à juger trop vite, au pouce levé ou pouce baissé, à tourner les talons au moindre différend, à nous échauffer au moindre soupçon que l’on se trouve avec quelqu’un qui ne partage pas nos mêmes points de vue. J’ai beau me montrer bienpensant et raisonnable en écrivant ces lignes, quand je n’arrive pas à garder mon sang froid devant une partisane décomplexée de Bolsonaro, un militant d’Erdogan ou un fan de Poutine. Ces messieurs-dames devraient avoir le droit d’éprouver exactement la même chose vis-à-vis de moi… ainsi va de l’opinion publique dans chacune des nations qui composent notre planète, avec un écart qui se creuse de jour en jour.  

Avant de finir, permettez-moi de signaler un cas particulièrement inquiétant dans la galaxie des personnalités urticantes: il s’agit de la députée républicaine et trumpiste radicalisée Marjorie Taylor Greene, évincée, le 4 février dernier, de son siège au sein des commissions de l’Education et du Budget pour avoir partagé ses théories du complot et demandé « l’exécution » de Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre, et des dirigeants démocrates récemment élus.

Je crains que mes copains et copines devront attendre, non seulement la fin de la pandémie, mais également la fin de la connerie pour lever leur véto de voyages sur les USA. Et ce n’est pas pour demain, mes chéris !

C.A.T.

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2 Commentaires

  1. Sage réflexion et belle conclusion.
    En effet s’il avait fallu boycotter pour des raisons dictées par nos nombreuses et différentes sensibilités la Chine de Mao quand elle s’est ouverte au tourisme au début des années 70,le Brésil sous le dictat des militaires ou les pays de l’Europe de l’Est derrière le rideau de fer, Beaucoup d’entre ne liraient pas mister travel…Beaucoup de Tour opérateur comme Transtours par exemple n’aurait jamais existés !

  2. A la question posée dans le titre ma réponse personnelle est oui. Le monde est vaste. On peut boycotter et c’est affaire de conscience personnelle. Chacun y place son curseur. Je conçois que ce soit peu défendable pour les professionnels du tourisme (business is business) mais je regrette aussi que la presse globalement n’évoque que les paradis sans jamais signaler certaines part d’enfer. Et si stigmatiser une population entière n’est certes pas judicieux, ne pas avoir le moindre regard sur ceux qui y souffrent cruellement parfois ne l’est pas non plus. C’est leur faire doublement injure. Où s’arrête le tourisme, où commence le politique?…

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