25 avril, 2024
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Une destination, une chanson : New-York USA de Serge Gainsbourg

A 30 ans de sa mort, entre mythe et réalité, les chansons de Serge Gainsbourg continuent d’évoquer directement ou indirectement des destinations connues ou lointaines. Que ce soit dans les siennes, comme le Kenya de Là-bas, c’est naturel ou dans celles écrites pour d’autres interprètes comme le Pacifique de Manureva, le dépaysement est toujours présent. Et même si les Caraïbes ou l’île de Java ne sont pas explicitement mentionnés dans les textes, Couleur Café ou La Javanaise racontent aussi des voyages sentimentaux.

Des vrais déplacements Gainsbourg en a fait, comme celui en 1979 en Jamaïque, où il enregistre son album reggae Aux armes et cætera avec des musiciens de l’île. Et beaucoup d’aller-retours à Cresseveuille, un petit village en Normandie où Jane Birkin avait acheté une maison de campagne qui l’inspira pour le texte de La gadoue.

En tant que compositeur, Gainsbourg était très influencé par le jazz dans ses premiers disques des années 1950, fut plutôt chansonnier dans les années 60 et incursiona dans le rock progressif dans les années 70. Ses expérimentations s’étendaient aussi vers le domaine textuel, où il multipliait les références culturelles et sociales ainsi que les effets de style. Maître de l’allitération, des onomatopées et des anglicismes, rares sont les chansons où Gainsbourg-Gainsbarre ne se sert pas de rimes et contre-rimes pour créer du paradoxe. Et du détournement du sens, un procédé stylistique proche de la parodie et du pastiche, mais qui permet souvent de créer du neuf à partir des expressions figées, comme dans le titre de l’album avec Dutronc Guerre et pets, un détournement du roman Guerre et paix de Tolstoï.

Dans les paroles de ses chansons le son l’emporte généralement sur le sens. Il aimait jouer avec le lexique et souvent il mettait côté à côte des mots phonétiquement proches, mais qui n’avaient pas un rapport de sens évident. Dans notre chanson du jour tirée de l’album Gainsbourg Percussions de 1964 et composée en hommage aux gratte-ciels de Manhattan, ilévolue autant autour des équivalences phonétiques « oh ! », « c’est haut » et « vu d’au » qu’au rythme des percussions de l’album de Babatunde Olatunji Drums of passion.

Je me suis demandé ce que Gainsbourg pensait vraiment de New York, car il ne mentionne que de gratte-ciel dans la chanson, dont la plupart ne sont pas particulièrement agréables à regarder. Je pense qu’étant né à Paris, où il y a des merveilles architecturales à gauche et à droite, ça a dû lui faire étrange de trouver une beauté similaire sur les toits de Manhattan. A moins qu’il ne s’agisse d’un prétexte pour faire une énumération aléatoire et répéter le mot « building » qui, depuis, est devenu indispensable au parler franglais du parisien, toujours friand des emprunts et adaptations des mots américains.

C.A.T.

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