26 avril, 2024
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2ème tour des régionales à Paris, demandez l’programme tourisme !

Quatuor pour un duel au sommet (région Île de France)

Ce mercredi 23 juin, BFMTV a reçu lors d’un débat animé les quatre candidats en lice au second tour des régionales en Île-de-France : Valérie Pécresse (LR), Jordan Bardella (RN), Julien Bayou (EELV – PS – LFI), Laurent Saint-Martin (EM) . Si le tourisme a été le parent pauvre du programme de certains au premier tour (voir notre article ICI), la thématique touristique a fait hier l’objet de quelques passes d’armes intéressantes à décrypter, d’autant plus que l’hypothèse d’une alternance politique n’est pas impossible à la tête de la première région touristique mondiale, la fébrilité de Valérie Pécresse sur le plateau de BFM semblant acter cette possibilité…Cette dernière affirme tout de go que seuls deux candidats sont véritablement en position de diriger la région dans quelques jours : elle ou Julien Bayou ! Les deux autres candidats EM et RN ne bronchant pas à cette assertion, donc acte, c’est bien d’un duel qu’il s’agit…et de deux conceptions très différentes du développement touristique.

Idées en fusion

Du côté programmatique, alors que les propositions de Valérie Pécresse, Jordan Bardella et Laurent Saint-Martin n’ont pas évolué entre les deux tours, il est à noter que la fusion des listes EELV-PS-LFI a obligé le leader écologiste Julien Bayou de lâcher son projet initial de transformation de l’aéroport d’affaires du Bourget en un gigantesque parc qui irritait tant à gauche qu’à droite. Nouveau point de convergence des fusionnés EELV-PS-LFI : le clair refus de l’ouverture à la concurrence dans les transports et la remise à plat du projet de gare du Triangle de Gonesse (Val d’Oise) de la ligne 17 du Grand Paris Express devant relier à l’horizon 2030 Saint-Denis à l’aéroport Roissy-CDG.

CDG-Express, le train des riches…

Lors de ce débat BFM (intégralité via le lien ICI ), le ton est rapidement donné avec un long développement de la thématique sécuritaire qui n’est pourtant qu’à la marge (dans les lycées et transports) une attribution des régions… Si V. Pécresse défend l’« acte 1 de la révolution des transports » impulsée par ses soins mais, de bonne guerre, contesté pour insuffisance par ses trois adversaires, les quatre candidats développent un bouquet de propositions pour l’extension, la modernisation, la sécurisation de lignes, la meilleure gestion des flux…et pour EELV-PS-LFI, un accent sur le vélo qui n’est pas « un hobby mais une vraie solution pour désaturer les transports». Le véritable point d’achoppement vient d’EELV qui conteste clairement le projet « Charles de Gaulle Express » (gare de l’est/Roissy) présenté par Julien Bayou comme « le train des riches ». Sa démonstration n’intégrant pas l’analyse d’un éventuel impact économique de cette ligne pour l’emploi touristique…des classes modestes.

“Green new deal”

Fait rare dans les débats politiques, après la thématique « transports », le tourisme a été au cœur des échanges de fin d’émission. L’enjeu est de taille et la situation mérite effectivement débats et propositions : après 1 an ½ de crise liée au Covid, la région Ile-de-France a perdu 60% de ses touristes en 2020, 15,5 milliards d’Euros de recettes touristiques et présente maintenant près de 30% des hôtels et restaurants risquant la faillite… Le RN  de J. Bardella met l’accent sur l’aide et l’accompagnement aux TPE-PME « oubliés des politiques publiques » (alors que 80% de la commande régionale concerne déjà les TPE-PME…), laissant les grands groupes sous le feu des critiques. De son chapeau sort aussi le projet de réserver une partie du contingent régional de logement sociaux pour tous ceux acceptant une offre d’emploi dans l’hôtellerie-restauration en manque de candidats…V. Pécresse propose de son côté d’annuler la  part régionale de la dette Covid de 7000 TPE-PME, soit une note de 35 millions d’Euros. J. Bayou y va de son « Fond de confiance vert » de 500 millions d’Euros pour venir en soutien aux hauts de bilan et capitaux propres des entreprises et compte mettre les assureurs face à leurs responsabilités pour qu’ils jouent leur part du sauvetage et de la reprise. Sans nuance, V. Pécresse rappelle qu’en septembre 2020, Julien Bayou aurait affirmé devant la  commission tourisme du Conseil Régional être « opposé à la reprise de l’activité touristique en Ile de France ».  Le compte-rendu du Conseil Régional oubliant le « comme avant » de la fin de sa phrase…Face au procès de politique économique décroissante qui lui est fait, J. Bayou réaffirme alors sa stratégie pour l’investissement vert via un « Green New Deal » qui intègrerait la montée en puissance du ferroviaire (donc des marchés de proximité) et la baisse de la dépendance à l’aérien (et des marchés lointains)… Le leader écologiste réaffirme l’impératif d’accompagner la transition de l’industrie des voyages vers un tourisme durable qui regarde et combat sans concession les nuisances (augmentation des loyers, bruit, pollution…) du tourisme de masse et de conclure « En ne tirant pas les leçons, on est condamné à subir ».

Saison de mauvaise augure

Par un été culturel dense en évènements, la présidente sortante veut « sauver une saison touristique qui va être très dure et calamiteuse » à cause des clientèles françaises qui, selon elles, ne privilégieront pas cette année les destinations urbaines. Son souhait :  faire classer l’Ile de France par l’Etat (avec l’aide de Laurent Saint-Martin s’il est élu à ses côtés ?) en « région sinistrée » à l’instar des zones de montagne. Laurent Saint-Martin défend l’exemplarité internationale de la politique gouvernementale du « quoiqu’il en coûte » et propose que l’épargne des franciliens accumulée pendant la crise soit rapidement mobilisée via le « Fond d’Epargne populaire » au service notamment de l’emploi des jeunes et l’amélioration des fonds propres des entreprises. Le tourisme international allant encore être probablement ralenti pendant quelques années, il veut lui aussi revaloriser un tourisme plus local.

Changement de paradigme, ou pas…

En bref, cette élection régionale francilienne confirme deux visions du développement touristique de la première destination mondiale : l’une de rupture (douce ?) d’avec les schémas et stratégies d’antan incarnée par EELV et ses actuels alliés de circonstances (PS-LFI), l’autre dans la relative continuité du monde pré-Covid sans grande remise en question de ses fondamentaux et portée par la candidate LR et son futur (?) allié de circonstance (EM). Quant au RN, il veillera à la sécurité en regardant heureusement passer les trains…

Philippe Mugnier-Eté

http://philippemugnier.fr/

www.attract-pr.com

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