19 avril, 2024
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Phuket Sandbox : une expérience à suivre … entre contraintes et privilèges !

Rouvrir les destinations lointaines… Oui, mais à quel prix ? Entre rêve et réalité qu’est-ce qui se vit vraiment avant le voyage et une fois sur place ?

Touristes, agents de voyage, tour-opérateurs, destinations, tous brûlent d’envie de retrouver l’univers touristique ouvert à cent pour cent. Le discours marketing se veut positif comme c’est son rôle. Mais quid de la réalité pour ceux qui s’y lancent ?

Voici le retour d’expérience d’un petit groupe qui a vérifié, au cours d’un « fam-trip » d’une semaine organisé par la T.A.T (Tourism Authorithy of Thaïland)), les possibilités et les limites d’un voyage long courrier vers une destination habituellement hautement touristique : l’île de Phuket en Thaïlande. Parmi ce groupe figuraient à la fois des tour-opérateurs, familiers de la destination et quatre participants qui découvraient Phuket pour la première fois, chacun analysant l’expérience avec son regard personnel. Pour www.MisterTravel.News , leur retour est l’occasion de décanter l’impression générale pour savoir ce que chacun d’eux pense répercuter auprès de ses amis ou clients. En gros : conseilleraient-ils ou non d’y aller, avec quelles réserves et quels arguments positifs.

Phuket, rappelons-le, après une très longue parenthèse vient de rouvrir aux touristes depuis le 1er juillet dernier. S’agissant d’une île, il est évidemment plus facile d’en contrôler l’accès et un programme de protection sanitaire très strict appelé « Phuket Sandbox » a été élaboré. Tout acteur lié de près ou de loin aux activités touristiques doit y adhérer pour être autorisé à accueillir les voyageurs. Cela passe, entre autres, par l’obligation vaccinale pour tout personnel susceptible d’être en contact avec la clientèle et par un protocole sanitaire très strict. Non moins stricte la politique d’entrée sur les deux seules zones désormais ouvertes en Thaïlande : Phuket au Sud-Ouest et Ko Samui au Sud-Est. Les vols intérieurs, à partir de Bangkok n’étant autorisés que pour Ko-Samui  il faut, jusqu’à nouvel ordre, venir d’une escale à l’étranger et avoir satisfait tous les tests et obligations administratives exigés avant de pouvoir se poser sur l’aéroport de Phuket.

Chi Phan – Voyageurs du Monde

Entre contraintes et privilèges

Pour tout dire, plus que jamais, mieux vaut passer par un agent de voyage ou un tour-opérateur pour voyager à longue distance. Comme l’exprime Chi Phan de Voyageurs du Monde, « en tant que professionnels nous anticipons et organisons tout et non moins important, dans le contexte particulier du moment, nous nous ajustons en temps réel à toutes les contraintes administratives et sanitaires aussi bien avant que pendant le voyage. De nouvelles règles peuvent intervenir du jour au lendemain ». Et elles sont nombreuses les règles. Une fois sur place, tous les participants s’accordent à le dire, on se sent en sécurité, dans un cocon, une bulle mise en place grâce au programme drastique de sécurité sanitaire. Mais avant de partir vous devez être entièrement vaccinés, présenter un test Covid négatif en anglais et certifié par un médecin avant le départ, ainsi qu’un certificat d’assurance, obtenir l’autorisation d’entrer de l’administration thaïlandaise. A l’arrivée, nouveau test Covid à l’aéroport dont le résultat doit être attendu dans la chambre d’hôtel. Si vous restez plus d’une semaine un nouveau test Covid est nécessaire et un autre avant de prendre le vol retour.

La Thaïlande ne plaisante pas avec les risques. Ainsi pendant le fam-trip, tous les vols intérieurs du pays ont été arrêtés en raison d’une forte montée des cas à Bangkok. On comprendra la nécessité d’en passer par les professionnels qui suivent l’évolution des mesures au jour le jour pour laisser leurs clients profiter pleinement de leur séjour. Le port du masque est obligatoire sauf dans les zones en pleine nature, sur les plages ou dans la jungle et la prise de température est fréquente. L’alcool n’est pas autorisé sauf dans les lieux privés car il favorise les rassemblements. Guillaume Linton de chez Asia, observe que la préparation du voyage est plus longue et il s’attend à ce que ce ne soit pas vraiment temporaire : « je considère qu’il faut s’installer dans la durée. C’est une nouvelle façon de voyager qui va aussi entraîner quelques surcoûts liés aux tests PCR qui, à l’étranger sont payants ». Mais comme son collègue Chin Phan, Guillaume Linton estime que ces surcoûts pourront être plus ou moins lissés dans les forfaits proposés par de bonnes négociations avec les structures locales.

Une fois intégrées ces contraintes spécifiques qui, de l’avis de tous les participants interrogés n’a rien d’oppressant, s’installe un sentiment de privilège rarement égalé. Une destination aussi massivement touristique que Phuket devient presque une autre destination. On ne voit plus la tapageuse Patong, épicentre de la vie touristique de l’île où les rares lieux ouverts ferment à 21h mais « on redécouvre Phuket autrement explique Guillaume Linton. On perçoit bien mieux la culture ; de plus la nature pendant ces dix-huit mois, a eu le temps de reprendre ses droits permettant à Phuket de retrouver ses lettres de noblesse ». Et cela oblige les T.O. à inventer de nouveaux packages pour les mois à venir. Le petit nombre de touristes rencontrés est essentiellement composé d’Européens et d’Américains.

S’il est possible de naviguer dans la fascinante baie de Phang Nga, il apparait que la vie touristique se recentre beaucoup sur les hôtels (et on sait à quel point il en est de remarquables) qui deviennent une destination à part entière d’autant qu’avant de bouger vers les îles avoisinantes il faut y rester actuellement sept nuits. La rareté momentanée des touristes responsabilise les hôteliers qui proposent de multiples activités (cours de cuisine, équitation, yoga, massages) et le sur-classement des chambres est assez fréquent. Chin Phan exprime l’avis globalement partagé de « l’agréable surprise liée à la compétence et la créativité des Thaïlandais que tous ont senti hyper-motivés pour offrir le meilleur d’eux-mêmes et de leur île ».

Christophe Guillarmé

Le styliste de mode Christophe Guillarmé et Thierry Marsaux découvraient la destination. « J’avais l’image, dit Christophe, d’un univers surpeuplé, un peu comme Pattaya et j’ai vu tout autre chose : un séjour plus haut de gamme, avec une découverte de la superbe nature, des plages, de la jungle mais aussi des habitants de Phuket comme si on les avait un peu pour soi, à titre privé. On va plus au fond de la destination. Nous nous sommes sentis très en sécurité et tout le monde respecte facilement les règles. Personnellement je recommanderais à mes amis d’y aller maintenant. Les contraintes, si elles sont bien anticipées, sont largement compensées par le faible nombre de touristes. Tout le monde fait des efforts au niveau tarifaire et la chaleur légendaire de l’accueil en Thaïlande est encore accrue. Sur place on est vraiment dans un cocon. C’est vraiment exceptionnel ».

L’expérience toute récente du programme Phuket Sandbox et, plus à l’Est celui, analogue, de Samui Plus va être scrutée par maints acteurs du tourisme. L’idée de créer des bulles touristiques sécurisées est un modèle qui, selon Guillaume Linton va sûrement être dupliqué ailleurs en Asie et dans les destinations insulaires. Phuket et Ko Samui ont toutes les chances de devenir les seules destinations accessibles en Asie du Sud-Est cet hiver, les autres étant toujours fermées au tourisme. Sans doute aussi faut-il s’attendre à ce que les tarifs se fassent moins accessibles, attirant peut-être une autre population plus exclusive et limitant un peu le retour au mass market.

Evelyne Dreyfus

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