« Je vois les pièces vidées. Je me vois assis tout au sommet de la carriole, je vois la croupe du cheval, la vaste étendue de terre brune, les oies dans la gadoue des basses-cours et leurs cous tendus, et aussi la salle d’attente de la gare de Grodno avec, au beau milieu, le poêle surchauffé entouré d’une grille et les familles d’émigrants regroupées tout autour. Je vois les fils du télégraphe montant et descendant devant les fenêtres du train, je vois les alignements des maisons de Riga, le bateau dans le port et le recoin sombre du pont où, autant que l’entassement le permettait, nous avions installé notre campement familial. »
Le récit est construit comme une enquête minutieuse, avec une patience d’archiviste, une minutie de paysagiste. W.G. SEBALD, à partir de quatre personnages de sa connaissance, ils sont pour la plupart juifs d’origine allemande ou lituanienne, dépeint la douleur inguérissable de l’exil. Nostalgie du pays, solitude des vies, où on ne construit pas de famille. Même la réussite professionnelle n’y fera rien, pour ces déracinés, et le temps ne fera qu’ajouter le désespoir à la douleur.
La vie heureuse disparait avec le pays que l’on quitte. La vie devient alors grise, sans espoir. Il n’y a pas d’ailleurs heureux et chaque personnage qui ne cherche pas à témoigner lâche la bride de la vie. Un témoignage poignant de vies brisées.
W.G. SEBALD est né en Bavière en 1944, il vivait à Norwich en Angleterre depuis 1996 où il enseignait la littérature. Décédé en 2001 il laisse une œuvre importante qui lui a valu une reconnaissance internationale.
LES EMMIGRANTS -W.G. SEBALD- BABEL 276 PAGES
© Jean-François Colonna – septembre 2021
Merci pour le choix Jean-françois , J’ai lu ce livre …Ecrivain érudit, cérébral même qui restitue les histoires de personnages que hantent des souvenirs traumatiques avec beaucoup de détails…beaucoup trop à mon goût !????