18 avril, 2024
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Un pays sous les projecteurs : La Russie de l’ère Poutine

Semaine d’élections législatives en Russie, une fois de plus sous le signe de la fraude… Russie Unie, le parti de Poutine l’emporte et conserve la majorité parlementaire à la Duma. C’est pourtant son pire résultat depuis son arrivée au pouvoir en 2003, car le parti communiste a été le grand bénéficiaire de l’érosion du Kremlin et de la persécution de Poutine à l’opposant Alexeï Navalny. La plupart des candidats de l’opposition n’ont pas pu participer aux élections en raison de différents obstacles, allant des accusations d’extrémisme à la possession de devises à l’étranger.

Et comme le maître du Kremlin et liberté d’expression n’ont jamais fait bon ménage, voici une petite sélection de films et documentaires que Mister Travel a sélectionné pour contrer les vieux démons du totalitarisme.

Un palais pour Poutine : l’histoire du plus gros pot-de-vin (2021) est une vidéo-enquête devenue virale lancée en janvier dernier par Alexeï Navalny depuis sa prison pour briser un tabou sur la fortune du président. L’activiste écologiste Dmitri Shevchenko a fait une incursion sur le manoir de la mer Noire en 2011 et, avant d’être arrêté, il a collecté des documents et fait des registres photographiques qui soutiennent l’enquête de Navalny sur ce domaine d’une valeur estimée à 1,1 milliard d’euros. Depuis les plans d’étages jusqu’aux visualisations en 3D des intérieurs, on voit tout de la luxueuse résidence près de la station balnéaire de Guélendjik. Au palais de 17.700 m2 s’ajoutent un domaine viticole de 7.000 hectares, un héliport, une patinoire, un amphithéâtre et… un tunnel dans la falaise pour accéder à la plage. L’homme d’affaires et milliardaire Arkadi Rotenberg a affirmé publiquement que le palais lui appartient. L’oligarque, qui a fait fortune dans les hydrocarbures et a remporté de nombreux appels d’offres juteux, est l’un des amis les plus proches de Vladimir Poutine, ainsi que son partenaire de judo.

Poutine, l’irrésistible ascension (2019) est un documentaire letton-suisse-tchèque du réalisateur dissident Vitaly Mansky qui dresse encore un portrait critique du président russe. Il s’agit du matériel que le cinéaste a capturé en tant que fonctionnaire de la télévision d’État russe pendant les premières années du gouvernement de Poutine, et le déchiquette minutieusement en un document terrifiant sur le pouvoir, la trahison et la perpétuation d’un tyran. Les séquences qui composent le film brillent en grande partie grâce aux images intimes que le cinéaste a pu filmer comme les conversations dans le bureau de Poutine, le dîner du Nouvel An dans l’intimité familiale de Boris Eltsine ou les formules convenues dans la façon de parler de Poutine qui rappellent celles des mafieux. Il y a près de vingt ans, on pouvait déjà songer le sort terrifiant qu’allait connaître la Russie. Mansky, avec une approche soignée et autoréflexive, réalise un film destiné à devenir la référence sur laquelle on reviendra un jour pour tenter de comprendre ce qui a conduit un pays à perdre sa démocratie éphémère.

La mort de Staline (2017) est une comédie satirique britannico-franco-belge tirée de la bande dessinée française homonyme, coécrite et réalisée par le britannique Armando Iannucci. Dans un communiqué officiel à sa sortie en salle en Russie, le gouvernement déclara que ce film « visait à attiser la haine et l’hostilité, à humilier la dignité des citoyens russes, à propager l’infériorité de la personne sur la base de son appartenance sociale et nationale », et qui pouvait donc être considéré comme une manifestation d’extrémisme. Manifestement, ils n’ont pas supporté que l’on plaisante avec leur tyran et le gouvernement de l’ex URSS. En fait, il ne s’agit pas des blagues inoffensives, mais plutôt acides et agaçantes. C’était déjà très caustique dans la bande dessinée de Fabien Nuri et Thierry Robin -passée inaperçue des Russes-, mais la version sur grand écran devant des milliers de spectateurs fut une autre histoire. L’action s’accélère lorsque Staline meurt et que toute sa clique se rassemble pour voir ce qu’ils font d’un cadavre couvert de pipi qui personne ne veut toucher. Le leader n’est plus effrayant, juste dégoûtant. Un étrange jeu de trônes s’engage entre ses ministres pour occuper le pouvoir et installer une supposée ouverture du régime. Le dictateur n’a même pas de médecins pour le soigner, car il a tué tout le monde par peur d’être empoisonné, comme de nombreux historiens l’ont suggéré dans le soi-disant « complot des médecins ».

Pussy contre Poutine (2013) Les filles de Pussy Riot sont les protagonistes du documentaire britannique de Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin sur ce groupe punk rock féministe et anti-Poutine. En février 2012, elles ont créé l’événement seins nus à la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou pour protester contre le statut de tsar éternel de Vladimir Poutine et son lien autoritaire avec l’Église orthodoxe. Elles furent arrêtées pour violation de l’ordre public, mais les autorités ont tenté de les impliquer dans une accusation de « blasphème » (dont la législation russe ne parle pas) et, avec un cynisme effrayant, Poutine a attisé publiquement les flammes de l’indignation religieuse. Ce qui ressort de tout ça est l’effronterie et l’hypocrisie de Poutine d’associer ces trois jeunes femmes à la suppression de la religion par les bolcheviks. Trois membres de la bande ont été condamnées et ont subi un procès-spectacle soviétique à l’ancienne. Elles étaient peut-être naïves, mais ont eu certainement beaucoup plus de courage que les mâles intimidateurs et fanfarons qui se dressaient contre elles dans les tribunaux.

C.A.T.

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