28 mars, 2024
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Une destination, une chanson : Runaway de Janet Jackson

Le voyage est l’un des plus grands plaisirs que nous procure la vie sur cette planète et cela a toujours été un moyen de rompre avec la routine quotidienne. Que l’on soit démotivé par un travail, que l’on traverse une déception amoureuse, ou que l’on ait assez de la qualité de vie dégradée dans les grandes métropoles, peu à peu on revient à la normale et on peut s’évader vers de nouveaux horizons comme les destinations d’outre-Atlantique récemment ouvertes. Direction donc les USA pour un tour rapide chez la famille Jackson.

Janet, sœur cadette de la superstar Michael, fut l’une des icônes féminines des années 1980 et 1990, avec son style personnel mélangeant le R&B, la pop et la danse. Elle a néanmoins su se tailler un prénom, avec ses mélodies entraînantes et ses chorégraphies complexes ayant servi d’inspiration à une ribambelle d’artistes féminines comme Britney Spears ou Beyoncé qui en font une référence. Son registre est celui d’une mezzo-soprano mais, tout au long de sa carrière, elle a été fréquemment critiquée à cause de ses capacités vocales limitées à côté des rivales contemporaines comme Whitney Houston ou Mariah Carey. En tant que chanteuse et danseuse, Janet vise plutôt un effet sexy et sensuel qui fonctionne très bien sur scène par sa présence très athlétique plutôt que par sa voix, qui n’est pas la vedette.

En novembre 1993, Janet Jackson entame sa deuxième tournée mondiale avec l’album Janet en commençant par les États-Unis et le Canada jusqu’en août 1994, suivi par les concerts en Australie en février 1995. Elle se poursuit en Asie du Sud-Est (Singapour, Manille et Bangkok), puis l’étape européenne qui s’est terminée en avril 1995 au Wembley Arena, en Angleterre. Runaway fut un titre très populaire de cette même année 1995, sans doute inspiré par la tournée mondiale qu’elle venait juste d’achever. La vidéo illustre l’univers frénétique des stars internationales ; elle saute par la fenêtre de son appartement à New York, atterrit sur un poteau téléphonique, embarque sur un jet pour un tour ultra-rapide du monde en passant par l’Inde, la Chine, l’Afrique, la Toscane, Paris et l’Australie entre autres destinations, pour enfin rentrer chez elle et être accueillie par son chien.

Cette fin d’histoire assez simple et naïve nous éclaire néanmoins sur l’équilibre souhaité -mais pas toujours trouvé- entre le voyage comme expérience d’une quête de soi et le besoin naturel d’un retour chez soi pour se ressourcer. Dans le monde du show-biz, le style de vie ultrafestif est souvent présenté comme la cause d’un grave affrontement entre la véritable personnalité de l’artiste et le personnage superstar que le public attend de lui. Les exemples ne manquent pas, du propre frère de Janet Jackson au DJ suédois Avicii récemment disparu.

Pour nous autres simples mortels, à l’heure de la pandémie et des tout-puissants réseaux sociaux, quitter la maison n’est pas toujours une option et l’euphorie qui peut déclencher un projet de voyage dorénavant sans restriction s’apparente souvent à de l’hypomanie. Durant les mois d’été on a observé -surtout parmi les jeunes en vacances- une exaltation excessive de la personne, en pleine conviction qu’ils sont des sujets capables de grandes réalisations. Une hyperactivité qui se traduit en abus de tout genre, de l’alcool à la promiscuité sexuelle. En bref, un comportement de groupe chez des personnes convaincues d’être au-dessus des autres et qui n’ont aucun respect pour les normes sociales, tant chez eux qu’à l’étranger.

Sans doute, le confinement ensemble à une crise globale des valeurs ont mis à dure épreuve la stabilité émotionnelle de la population. À en croire que les vacances tant attendues, contrairement à ce que l’on pourrait attendre, sont une source de stress pour ceux et celles qui ont du mal à gérer leurs loisirs. Le besoin forcé d’aller dans des endroits « instagrammables » pour ne pas être en reste avec ceux qui téléchargent des photos de la plage ou des fêtes soi-disant fantastiques, nous obture la possibilité de faire ce que nous aimons, même si ce n’est pas ce que les autres attendent de nous.

Le rapprochement entre le speed des artistes en tournée et ces jeunes narcissiques qui se prennent pour des stars en vacances est tout fait. Il est donc fondamental de laisser place à l’ennui, source de réflexion saine et nécessaire sur la façon dont nous menons notre vie et sur les décisions qui peuvent nous rendre plus heureux.

C.A.T.

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