19 avril, 2024
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Sélection littéraire : Être sans destin d’ Imre Kertész. Un témoignage unique.

Être sans destin d’ Imre Kertész  Prix Nobel de littérature. À 14 ans, ce petit juif hongrois  est déporté à Auschwitz. Un témoignage unique.

Comme l’écrit Irène ADLER, dans sa critique D’ÊTRE SANS DESTIN : Quel que soit le nombre de témoignages lus, quel que soit le point de vue abordé, nous resterons toujours de l’autre côté des barbelés. C’est une barrière infranchissable qui nous sépare des survivants.

Imre Kertész – prix Nobel de Littérature

La Hongrie avait choisi les forces de l’axe. Les Allemands envahissent la Hongrie le 19 mars 1944 de peur que les hongrois rejoignent les anglo-américains. Dès le mois de mai la police hongroise avec les forces allemandes (Eichmann) commence à déporter les juifs Hongrois. En deux mois 440 000 juifs sont déportés. Sous l’occupation allemande, qui se termine en février 1945, 500 000 juifs moururent sur les 825 000 juifs présents en 1941. Il n’en reste qu’un tiers à la fin de la guerre.

L’auteur témoigne de sa déportation, à l’âge de 14 ans pour Auschwitz puis Buchenwald. Le récit débute au printemps 1944 par les préparatifs du père pour un camp de travail. Ce récit est d’une innocence bouleversante, c’est tout l’intérêt de ce témoignage exceptionnel, une descente vers le mal indicible, absolu par un ange, car pour moi Kertész est un Ange. Cette pureté nous déstabilise dans la première partie de ce témoignage. Nous qui ne sommes pas des profanes, qui avons lu tant de témoignages, vu tant d’images sur l’horreur de la Shoa, Kertész nous impose de chasser de notre mémoire tout un historique appris au fil des ans, pour suivre pas à pas la découverte naïve du mal par cet adolescent. Nous connaissons ces horreurs ce qui va se passer, nous avons envie de lui crier lors de son arrestation sauve toi, plus tard dans la briqueterie ne pars pas en Allemagne on te ment. Mais on ne le peut pas, nous sommes condamnés à suivre le long chemin de croix de cet enfant qui devient le nôtre au fil du récit. Comme un enfant il est curieux, même dans un camp de concentration on met de la bonne volonté à toute nouvelle activité. Kertész murit vite, même en captivité l’imagination est libre. La vie sera la plus forte et Kertész nous bouleverse par cette phrase d’enfant : Je voudrais vivre encore un peu dans ce beau camp de concentration. On pleure.

Et puis la libération, rien n’a changé à Budapest, son appartement est occupé par des Hongrois, qui le chassent. Lui devra témoigner et vivre sa vie invivable.

Mais le témoignage de Kertész sera un témoignage d’humanité : parmi les cheminées, dans les intervalles de la souffrance, il y avait quelque chose qui ressemblait au bonheur.

Ecrivain de l’ombre pendant plus de quarante ans Imre Kertész a reçu le prix Nobel de littérature en 2002. Il est mort en 2016 à Budapest.

Jean-François Colonna

Être sans destin- Imre Kertész – Babel 360 pages

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