26 avril, 2024
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Du rififi dans le cockpit: les pilotes d’American Airlines contre Boeing à propos du 737 Max

Dans une décision qui porte un coup à Boeing, l’Allied Pilots Association (APA), syndicat étasunien qui représente les quelque 15 000 pilotes d’American Airlines, a exprimé hier son opposition à toute prolongation du délai qui permettrait aux modèles Max 7 et Max 10 d’entrer en service commercial sans un remaniement complet du système d’avertissement dans le poste de pilotage.

Boeing fait depuis un certain temps du lobbying auprès du gouvernement américain sur les 737 Max 10 et 737 Max 7 pour lui accorder une extension du délai. Le constructeur souhaite en fait contourner les réglementations supplémentaires créées par la loi 2020 sur la certification, la sécurité et la responsabilité des aéronefs qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, en durcissant les conditions nécessaires à l’obtention du certificat de ce type pour un nouvel appareil. 

La nouvelle loi fait grincer des dents aux dirigeants du constructeur américain. Pour Boeing, cela signifierait ajuster le cockpit des deux derniers modèles Max, ce qui coûte du temps et de l’argent et Boeing a déjà des commandes pour environ 640 appareils de ce type auprès de 17 clients. Bien que le constructeur aéronautique puisse être en mesure de convertir certaines des commandes en celles du plus petit modèle Max 9, il risquerait toujours de perdre la plupart d’entre elles. Ce serait mauvais à la fois économiquement et d’un point de vue de l’image.

Jusqu’à présent, il a semblé que la politique étasunienne était du côté de Boeing. Mais un grand syndicat de pilotes s’oppose désormais clairement aux arrangements du groupe. Boeing prétexte qu’il est plus sûr de ne pas introduire d’innovations dans le cockpit. Sinon, les pilotes opérant les différentes versions du Max et du 737 NG de la génération précédente pourraient être confus.

Le syndicat réplique. “Boeing doit procéder à l’installation de systèmes d’alerte d’équipage à la pointe de la technologie sur ces avions pour atténuer l’effet de surprise et la confusion des pilotes lors de pannes complexes du système”, a déclaré Edward Sicher, capitaine d’American Airlines et président du syndicat. “Une fois que ces systèmes seront en place et que les pilotes auront été correctement formés, nos équipages seront en mesure d’identifier les défaillances du système et de prioriser les actions correctives qui pourraient sauver des vies”, a-t-il ajouté dans ses déclarations au quotidien Seattle Times.

Concrètement, cela signifie que l’avionneur doit installer dans le cockpit de nouveaux systèmes permettant à l’équipage de différencier au mieux les avertissements sonores et visuels et de supprimer les avertissements erronés.

De plus, le responsable d’APA a souligné que la mise en place de nouveaux systèmes d’alerte aiderait le constructeur “à continuer de restaurer la confiance du public”, gravement touchée par les deux accidents impliquant des avions 737 Max 8 en octobre 2018 et mars 2019. Les familles des victimes s’étaient déjà fermement opposées à cette prolongation par le biais d’une lettre envoyée au Congrès en juillet dernier.

Si les pilotes réussissent à faire entendre leur voix auprès du gouvernement, on ne sait pas ce qui se passera ensuite avec le 737 Max 10. Une affaire à suivre…  

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