20 avril, 2024
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Birmanie : le pays fête ses 75 ans mais la fête n’est pas au rendez-vous

La junte militaire birmane célèbre, en catimini, le 75e anniversaire de son indépendance, proclamée le 4 janvier 1948. Le pouvoir tente de mobiliser l’opinion publique en appelant à une célébration de « l’union nationale.

Mais la propagande ne prend pas

« Pour la première fois dans l’histoire de la Birmanie, les militaires ne parviennent pas, malgré la violence, à soumettre la population », constatait récemment Zachary Abuza, professeur au National War College de Washington et spécialiste de la région.

Les militaires perdent du terrain

Près de deux ans après leur coup d’Etat, les militaires contrôlent les grandes villes et les grands axes du pays mais perdent du territoire dans plusieurs zones rurales. « L’armée n’enregistre pas de progrès. Ses lignes d’approvisionnement sont plus vulnérables, elle souffre des désertions et peine à recruter de nouveaux soldats ». « Il y a tout le potentiel pour un conflit interminable »

Des activistes pendus par le régime militaire

Plus de 13 000 prisonniers politiques dans les prisons birmanes

Au f i l de l ’année 2022, des citoyens, notamment des étudiants, ont encore osé orchestrer des dizaines de manifestations éclair contre la dictature qui a durci la répression.

D’après le dernier bilan de l’Association d’aide aux prisonniers politiques de Birmanie (AAPPB), l’armée du Myanmar a tué 2.685 personnes depuis le coup d’État et maintient 13.167 prisonniers politiques dans ses geôles, notamment dans ses couloirs de la mort.

La Birmanie s’appauvrit

Alors que le reste de l’Asie du Sud-Est voit sa croissance repartir après les années Covid, la Birmanie reste bloquée en récession. Les pannes d’électricité et les pénuries de produits de base limitent l’activité économique au moment où les prix à la consommation flambent. « La banque centrale, qui appliquait un régime de taux de change fixe, a autorisé en 2022 deux séquences de forte dépréciation du kyat par rapport au dollar, ce qui a aggravé les problèmes d’inflation importée », rappelle par ailleurs l’économiste.

Les Birmans encore plus pauvres

Si 40 % des 55 millions de Birmans vivent désormais, selon les calculs de la Banque mondiale, sous le seuil de pauvreté (contre 25 % avant le coup d’Etat), l’armée parvient, elle, toujours à alimenter ses caisses et à entretenir ses cadres corrompus grâce à son contrôle étroit des grands conglomérats d’Etat et des exportations de gaz naturel.

Faute d’entente de la communauté internationale, le régime maintient ainsi des relations commerciales étroites avec plusieurs grandes nations, comme l’Inde, la Russie et la Chine.

Aung San Suu Kyi encore davantage de prison

L’ancienne leader du mouvement démocratique Aung San Suu Kyi a, elle, été condamnée fin décembre à sept années d’emprisonnement pour « corruption » en plus des vingt-six ans de prison déjà prononcés contre elle par un tribunal aux ordres des militaires.

On a adoré visiter la Birmanie avant le putsch des militaires. Comment pouvons nous aujourd’hui proposer une voyage en Birmanie ?

Avec l’article de Yann Rouseau – Les Echos

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1 COMMENTAIRE

  1. Impossible de faire du tourisme comme si rien ne se passait dans ce pays.. Le peuple Birman, admirable et exemplaire dans sa façon de résister n’en toucherait pas le moindre fruit.. Les devises que générerait le tourisme irait directement dans les caisses de la junte au pouvoir.. Pauvre Birmanie.. Soutien indéfectible au peuple Birman.

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