29 avril, 2024
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L’accident des Andes et les cannibales. Vers un tourisme crash et trash?

Autant ouvrir le parapluie avant l’averse, on ne sait jamais. D’abord, on tient à signaler que nous n’avons rien, absolument rien, contre aucune destination au monde, ni contre certains choix thématiques proposés par les offices du tourisme ou les opérateurs touristiques.

Rien, on le répète, contre l’Amérique Latine donc. Au contraire, l’un de nos collaborateurs y est basé et il est, lui-même, sudaméricain. Bien entendu, on lui doit la plupart des sujets sur ce continent.

On pourra, éventuellement, lui reprocher d’être (trop?) critique en pointant du doigt les problématiques propres à la région -trafic de drogue, corruption, populisme, etc.- , mais pas de rester fidèle à transmettre le ressenti des populations locales, ce que les médias européens -avec ce romantisme farouchement soixante-huitard et guévariste- ont souvent du mal à saisir, et encore moins à communiquer sous un angle dépourvu d’idéologie.

On adore le Chili…

Trêve de préambules, allons directement au propos de cet article. Hier, nous avons reçu dans la rédaction un communiqué de l’agence en charge de la promotion du Chili en France. Son titre évoque le film de Netflix ‘Le cercle des neiges”, basé sur l’accident aérien d’une équipe de rugby uruguayenne dans la cordillère des Andes en 1972.

Le communiqué, que nous reproduisons ci-après, propose aux voyageurs qui surfent sur la “tendance set jetting” (comprenez, qu’ils aiment visiter les lieux de tournage iconiques) de se rendre au Chili pour suivre les traces des survivants de l’accident qui, à son époque, avait secoué l’opinion publique en raison du fait qu’ils ont pu rester en vie en mangeant les cadavres des autres joueurs.

…mais pas tellement la thématique !

Au cas où vous n’aurez pas vu le film, ni connaissez l’histoire, sur 45 passagers, 29 ont survécu à l’impact de l’appareil contre les Andes avant de se retrouver piégés, à la merci de la montagne, dans un froid glacial qui les a conduits à recourir à l’impensable pour survivre. Certains sont morts dans l’accident, d’autres au cours des deux mois qui se sont écoulés jusqu’à leur sauvetage. Seules 16 personnes ont survécu.

Le communiqué nous dit que “il existe désormais des offres touristiques pour en savoir plus sur cette histoire en profitant d’un voyage unique”. Etrange, pour ne pas dire macabre. Après tout, le voyage vers le grand sud du monde, pourquoi pas. Le Chili possède une variété de paysages uniques du fait de son extension, et la Cordillère toujours en toile de fond rend toute perspective simplement magique.

Toutefois, on tient à signaler que la chose la plus étrange à laquelle on assiste dernièrement, ce sont les idées de voyages les plus tarabiscotées et tirées par les cheveux que les attaché(é)s de presse nous font parvenir. Le tourisme de guerre, on l’a connu. On nous a habitué également au tourisme de l’extrême, et il semble se porter toujours bien. Le tourisme cannibale, présenté sous l’angle “miracle des Andes”, cela semble la dernière trouvaille des voyages trash, dans la droite ligne des émissions de téléréalité sur une île déserte coupée du monde. Copie à revoir.

Allez-y quand même, vous ne le regretterez pas

Avis aux amateurs donc. Nous, on vous conseille chaudement de visiter le pays, qui ne manque absolument pas d’attraits. Sachez néanmoins que le Paris-Santiago est le plus long vol direct d’Air France.

Voici le contenu du communiqué :

“Depuis 2021, la région de l’Alto Colchagua au Chili, se positionne comme une destination touristique. Il y a un demi-siècle, cette même zone, adjacente à la chaîne de montagnes, a été le théâtre du “Miracle des Andes”.

Plongée dans des canyons montagneux et à deux heures de Santiago, la zone située dans la région d’O’Higgins éblouit ses visiteurs par ses paysages grandioses et ses cours d’eau chargés de minéraux qui descendent avec force du sommet des montagnes.

L’Alto Colchagua fait partie de la cordillère des Andes, le grand massif andin du centre du Chili. Parmi les excursions possibles, il y a notamment la piste des empreintes de dinosaures et l’exploration du volcan Palomo, haut de 4 850 mètres, dont le nom vient de la forme de ses glaciers, semblables aux ailes d’un pigeon. Actuellement inactif, il est fréquemment escaladé par divers grimpeurs. Bien que l’on puisse accéder à la montagne par ses quatre glaciers, l’itinéraire le plus connu est la route qui relie San Fernando aux Termas del Flaco, en suivant d’abord le cours de la rivière Azufre puis celui de San José. Il s’agit du confluent où deux des survivants, Fernando Parrado et Roberto Canessa, sont arrivés après de longues heures de marche portés par leur courage, après 70 jours perdus dans la montagne. Ils ont été retrouvés par le muletier Sergio Catalán, un paysan qui est allé chercher de l’aide.

La vallée de Colchagua, région viticole par excellence, est célèbre pour ses variétés de Cabernet, Carménère, Malbec et Syrah. Les vignobles proposent des visites de leurs infrastructures, des dégustations culinaires, des randonnées, des promenades à vélo, en calèche et à cheval. Pendant les vendanges, fête emblématique qui a lieu en mars, les caves permettent de visiter et d’apprendre en détail chacun des processus de vinification. Elles offrent aussi la possibilité de faire des dégustations gastronomiques et de découvrir l’artisanat local.

San Fernando : mémorial et musée

Après avoir été secourus, les survivants du “Cercle des Neiges” se sont rendus à l’ancien hôpital San Juan de Dios de San Fernando, la ville où les premiers soins médicaux ont été prodigués au groupe de jeunes Uruguayens. Plus de 50 ans après l’accident et aujourd’hui avec des installations rénovées, l’hôpital se souvient encore du “Miracle des Andes” avec une peinture murale réalisée par Carlos Paez – l’un des 8 survivants admis à l’hôpital – en guise de remerciement au personnel de santé.

À l’occasion du film, Roberto Canessa et Gustavo Zerbino, un autre des survivants, sont retournés visiter la zone qui les a abrités. Ils ont notamment visité la Parroquia Hijas de la Caridad de San Vicente de Paul, un monument national chilien, qui abrite des photographies originales du sauvetage et des documents historiques rappelant ce miracle.

L’église n’est pas le seul endroit de San Fernando où l’on peut en apprendre davantage sur le “Cercle des Neiges”. Le musée Casa Lircunlauta consacre une salle à l’odyssée dans les Andes, où l’on peut également consulter des documents de l’époque. Un peu plus haut dans la chaîne de montagnes, dans la ville de Puente Negro, il est aussi possible de visiter une sculpture en l’honneur de Sergio Catalán.

Sur le chemin du retour vers Santiago, une autre attraction touristique est l’hacienda “Los Lingues”, datant de la fin du XVIe siècle ; elle conserve ses constructions en terre et en paille d’un style colonial inimitable et permet de découvrir une propriété agricole chilienne typique de l’époque. Sa riche gastronomie est basée sur les produits frais de son propre potager et sur le pain fraîchement cuit, prêt à être dégusté.

Il ne fait aucun doute que connaître de près cette histoire, en relation avec l’événement qui s’est déroulé au début des années 70, possède un charme singulier qui a attiré l’attention du public international à travers le film. Et donc à travers lui, découvrir le Chili que les touristes sont impatients de visiter.”

 

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