27 avril, 2024
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Cuba, nouvel Haïti?

Cela semble des lustres que Barack Obama s’est rendu sur l’île de Cuba -le premier président américain en 88 ans- et que les Rolling Stones ont joué devant un demi-million de Cubains à La Havane. Cependant, cela ne date que de 2016.

Dans les derniers jours de février, le régime cubain a demandé l’aide des Nations Unies pour faire face à la pénurie alimentaire croissante, une nouvelle qui est passée presque inaperçue au milieu des drames et des crises qui secouent chaque semaine l’Amérique latine.

L’appel à l’aide sans précédent lancé par un régime communiste qui s’est toujours enorgueilli de son modèle de protection sociale reflète la situation économique désastreuse de Cuba. En raison du renforcement des restrictions américaines, de la baisse de la production nationale, de la faiblesse de l’industrie touristique post-coronavirus et de l’indifférence de ses alliés, l’île connaît ses pires jours économiques depuis l’effondrement de l’Union soviétique il y a plus de trois décennies.

Mais un embargo imposé il y a 62 ans ne peut expliquer à lui tout seul pourquoi l’île a perdu au moins un demi-million de citoyens entre 2021 et 2023, soit environ 5 % de la population totale de Cuba. Il s’agit de jeunes Cubains instruits qui fuient la faim, la mauvaise gestion économique et l’oppression politique.

Les prédictions de Hemingway

On assiste donc à l’effondrement du régime socialiste cubain, une transition qui pourrait prendre des décennies. Ou bien cela pourrait se produire, comme Ernest Hemingway l’a décrit un jour: “d’abord progressivement… puis soudainement”. Une chose est claire: la crise ne peut être résolue sans changer fondamentalement le modèle d’un pays centralisé et contrôlé par l’État dans lequel les bureaucrates dominent tous les aspects de la vie publique. Ce changement politique, qui doit venir de la société cubaine, menace la survie du régime et l’avenir de la révolution, un risque inacceptable pour la vieille garde bien nourrie qui dirige encore le pays. Et c’est le cœur du conflit actuel.

L’embargo américain est l’excuse historique de Cuba en période de malaise économique

À la veille des présidentielles américaines, Donald Trump et son entourage pourraient célébrer l’effondrement soudain du régime cubain comme un succès politique, mais dans le cas hypothétique où cela se produirait, aucune opposition organisée n’attendrait pour prendre le contrôle et diriger le navire. Nous ne savons pas non plus quelle serait la réaction de l’armée cubaine et le résultat pourrait être un État en faillite avec une migration massive et la création d’organisations criminelles transnationales, comme c’est le cas actuellement en Haïti. Cela constituerait un problème bien plus grave pour les États-Unis, une catastrophe potentielle.

À l’heure actuelle, le régime cubain tente de résoudre ses problèmes économiques en mettant en œuvre un programme d’austérité très impopulaire, qui comprend une multiplication par cinq des prix de l’essence -le diesel et l’essence sont passés de 25 pesos cubains à 132 pesos cubains, soit une hausse de 428 pour cent-, pour combler un énorme trou budgétaire (estimé à 18,5 pour cent du PIB) et freiner une inflation galopante.

Cuba a encore des alliés ?

Les gauchistes latino-américains de la vieille école comme le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le Mexicain Andrés Manuel López Obrador, le Colombien Gustavo Petro et, bien sûr, le Vénézuélien Nicolás Maduro pourraient encore s’inspirer idéologiquement de Cuba. Mais les nouvelles générations de ces pays grandement peuplés sont -au mieux- indifférentes.

Puis, malgré toutes les spéculations sur les relations stratégiques de Cuba avec la Russie et la Chine, la réalité est qu’au-delà de leur orientation géopolitique et de leur rivalité avec les États-Unis, ces pays hésitent à financer un régime qui a longtemps en défaut de paiement sur ses dettes.

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