La pénurie d’avions devient génératrice de profits pour certaines compagnies aériennes, car elle leur a permis de vendre de nouveaux appareils à des sociétés de leasing à des prix bien plus élevés que ceux payés. Frontier Airlines, la low-cost basée à Denver, et la hongroise Wizz Air ont déclaré des bénéfices pouvant atteindre des centaines de millions de dollars en vendant des avions après livraison et en les louant pour leur propre usage.
Ces transactions de cession-bail constituent depuis longtemps un moyen pour les compagnies aériennes du monde entier de générer des liquidités et de réduire les tensions sur leurs bilans. A l’heure actuelle, le marché tendu des avions commerciaux a rendu ces transactions beaucoup plus attractives.
Des compagnies aériennes américaines telles que Delta, American et United ont également passé des commandes chez les principaux avionneurs, mais pas aussi fréquemment que Frontier. La compagnie aérienne à bas prix a commandé plus de 200 nouveaux avions Airbus, dont la livraison est prévue d’ici 2029. Frontier a déclaré ce mois-ci que même si elle recevait les avions d’Airbus à un « rabais important par rapport au marché », elle les vendait aux bailleurs à un prix beaucoup plus élevé. Cette astuce financière a permis au transporteur à très bas prix d’atteindre presque l’équilibre au premier trimestre. Cela a aussi inquiété certains analystes, qui ont déclaré que les activités de la compagnie aérienne semblaient dépendre davantage de ces transactions que des passagers.
Selon Cirium Ascend Consultancy (des consultants britanniques en aviation civile), le tarif mensuel de location d’un Airbus A321neo est de 455 000 US$, en hausse de 30 % depuis 2020. Les compagnies aériennes doivent non seulement payer un loyer mensuel pour la durée de leur contrat de leasing, mais également une indemnité de maintenance et une caution.
Les retards dans les livraisons d’avions peuvent également créer des difficultés pour les compagnies aériennes, en particulier celles qui comptent sur ces contrats pour générer des liquidités et gérer leurs dépenses. La compagnie aérienne brésilienne GOL qui a récemment déposé le bilan (chapitre 11) aux États-Unis, est confrontée à des coûts de location et d’intérêts élevés après que Boeing n’a pas réussi à livrer des avions à un niveau suffisant pour financer ses opérations.
La situation de Frontier n’est pas si désastreuse, mais le transporteur nord-américain n’a enregistré un bénéfice qu’au cours d’un des cinq derniers trimestres. Le rythme des livraisons doit continuer à fonctionner pour financer la compagnie aérienne, mais que se passe-t-il si les livraisons ne peuvent pas suivre?