La justice brésilienne a officiellement ordonné la suspension du réseau social X (Twitter) à partir d’aujourd’hui, après des jours de différends avec l’entrepreneur Elon Musk. La décision était attendue puisque la plateforme X avait déclaré jeudi dernier qu’elle ne suivrait pas l’ordonnance du tribunal avec lequel il était en litige depuis un certain temps.
Le chef d’accusation est la diffusion de fake news et l’on sait depuis un moment que l’entreprise du magnat sud-africain est bien en deçà de ce que prévoit l’UE dans son code de bonnes pratiques contre la désinformation.
Le tribunal présidé par le juge Alexandre de Moraes s’est prononcé contre Musk à propos du “non-respect des décisions de justice” et sa “tentative de ne pas se soumettre au système judiciaire brésilien” visant à “créer un environnement d’impunité totale et d’anarchie”, ajoutant que la plateforme était utilisée par “des groupes extrémistes” pour “la “diffusion massive de discours nazis, fascistes, antidémocratiques et haineux”.
L’Autorité nationale brésilienne des télécommunications (Anatel) a déjà reçu l’avis du ministre lui demandant d’informer les quelque 20 000 opérateurs Internet qu’ils doivent bloquer l’accès des utilisateurs à la plateforme dans un délai de 24 heures.
L’App Store et le Google Play Store ont cinq jours pour supprimer l’application de leurs boutiques en ligne. Les trois plus grands opérateurs de télécommunications du Brésil – TIM, Telefónica et Claro – ont informé vendredi le régulateur Anatel qu’ils bloqueraient l’accès au réseau social pour se conformer à l’ordonnance du tribunal.
Quid de la liberté d’expression…
X est déjà interdit dans plusieurs pays. Ce qui étonne dans le cas du Brésil, c’est le fait que la plupart d’entre eux sont gouvernés par des régimes autoritaires comme la Chine (Twitter fut interdit en juin 2009, deux jours avant le 20e anniversaire de la répression des manifestations pro-démocratie sur la place Tiananmen); la Russie (Moscou a restreint l’accès à Twitter via des ralentissements à partir de 2021, dénonçant la diffusion de “contenus illégaux”); le Venezuela (Maduro, réélu en juillet dernier malgré sa fraude électorale, a ordonné la suspension le 9 août et l’interdiction est toujours en vigueur), ou encore l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan ou la Birmanie qui cherchent à contrôler la dissidence et à restreindre la liberté d’expression.
D’autres pays qui pratiquent aussi la censure de leurs opposants politiques avaient temporairement bloqué ce réseau qui s’est avéré efficace pour diffuser des informations sur les protestations, comme en Égypte lors du Printemps arabe en 2011, en Turquie en 2014 et 2023, ou encore en Ouzbékistan avant et après les élections présidentielles de 2021.
Doit-on lire cette mesure suite aux positions toujours ambiguës du président brésilien Lula da Silva sur la crise au Venezuela? A suivre…