Habemus papam ? La fumée blanche n’était pas forcément attendue, mais nous avons une ministre déléguée chargée de l’Économie du Tourisme. Alléluia.
Comme les étoiles filantes, le tourisme sous forme de responsabilité ministérielle -en France- apparaît, disparaît, réapparaît, souvent avec un titre aussi surprenant que sa durée de vie. Cette instabilité reflète l’importance inégale accordée à ce secteur pourtant crucial, s’agissant d’une industrie qui représente aujourd’hui 7 % du PIB du pays et près de 100 millions de visiteurs annuels.
Pour mémoire, à l’heure où il convient de louer la nomination d’une ministre déléguée à l’économie, un petit tour d’horizon des titres ministériels, témoignages d’un secteur en quête de reconnaissance, s’impose.
Les débuts : un sous-secrétariat discret
Il faut remonter aux années 1930 pour trouver les premières traces officielles du Tourisme au sein du gouvernement français. À cette époque, on lui accorde un sous-secrétariat d’État. Autant dire que c’était loin d’être une priorité nationale ! Au moins, le tourisme commence-t-il à se faire une petite place dans l’administration, même si ce n’est qu’en complément d’autres portefeuilles.
Les années 1950 : le tourisme s’accroche aux travaux publics
Dans les années 1950, sous la présidence de René Coty, c’est toujours la débrouille pour le secteur. Il est inclus dans un ministère regroupant les Travaux publics, les Transports et le Tourisme. Clairement, à cette époque, le tourisme devait encore se frayer un chemin parmi les routes, les ponts et les chemins de fer.
Les années 1960 et 1970 : un ministère éphémère
En 1968, Henri Rey est nommé ministre d’État chargé du Tourisme dans le gouvernement Pompidou. Il occupe ce poste très brièvement, du 31 mai au 10 juillet 1968, en pleine période des événements de mai 68. Puis, Françoise de Panafieu devient ministre du Tourisme à plein exercice dans le premier gouvernement Juppé, sous la présidence de Jacques Chirac, de mai à novembre 1995. Son mandat ne dure que six mois, mais marque une rare tentative de donner au tourisme un ministère distinct, signe timide de reconnaissance du secteur
Les années 1980 à 2000 : multi-casquettes et portefeuilles fourre-tout
À partir des années 1980, le tourisme est toujours régulièrement associé à des ministères à multiples casquettes. Les secrétaires d’État ou ministres délégués sont souvent responsables à la fois du tourisme et d’autres secteurs variés : équipement, transport, commerce, industrie, logement… Un bel exemple de ce mille-feuille ministériel est le mandat de Jean-Baptiste Lemoyne (2017-2022), sous les gouvernements Philippe et Castex. Par chance, l’homme connaissait fort bien le secteur. Il cumulait les portefeuilles du tourisme, des Français de l’étranger, de la francophonie, et même des petites et moyennes entreprises. Le Tourisme, fait figure de passager, parmi d’autres, dans un bus de compétences variées, difficile à distinguer au milieu de la foule.
Le grand vide des années 2010 : le tourisme passe sous le radar
Sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, c’est la dilution. De 2017 à 2020, le tourisme n’a tout simplement plus de ministre spécifique. Il se cache derrière les affaires étrangères, avec Jean-Yves Le Drian, puis disparaît au profit d’un portefeuille large géré par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances. Olivia Grégoire reprend vaguement le flambeau en 2022 avec le titre de ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme. Bref, une présence en pointillés, comme si on ne savait plus trop où ranger le tourisme.
2024 : la renaissance ?
En 2024, nous voilà de nouveau dotés d’un ministère. Marina Ferrari, députée de Savoie et ancienne secrétaire d’État au numérique, est nommée ministre déléguée chargée de l’économie du tourisme dans le gouvernement Barnier. La France, qui s’apprête à franchir le cap symbolique des 100 millions de visiteurs étrangers, avec 68 milliards d’euros de recettes attendues, se décide enfin à accorder au tourisme une attention à la hauteur de son poids économique et de ses enjeux stratégiques. On devine que l’organisation des Jeux olympiques et leur impact sur la visibilité du pays ont contribué à cette décision. Sommes-nous dans le développement ministériel durable ou sous le régime poétique des météorites ? A voir.
Qu’il soient secrétariats d’Etat ou ministères à part entière ou encore associés au commerce et artisanat..
Ils veillent surtout sur le tourisme réceptif…
pas faux =