15 mai, 2025
spot_img

Aéroport d’Orly: quand voyager handicapé vire à l’humiliation

En 2025, voyager en avion lorsqu’on est en fauteuil roulant reste une épreuve. Entre incompétence, absence de formation et manque total de considération, le service d’assistance aux personnes à mobilité réduite (PMR) de l’aéroport d’Orly plonge encore les passagers handicapés dans des situations inacceptables. Voici une histoire vécue récemment.

Une assistance totalement dépassée

Voyager avec une personne en situation de handicap moteur devrait aujourd’hui être simple, fluide, humain. Pourtant, chaque vol se transforme en un parcours du combattant. Le samedi 12 avril, sur le vol Paris-Tunis (TU723), nous avons une fois de plus mesuré à quel point l’assistance PMR à l’aéroport d’Orly est dépassée, inadaptée et indigne.

Aéroport d’Orly: quand voyager handicapé vire à l’humiliation. Depositphotos

À l’embarquement, une agent PMR nous attend. Dès les premiers échanges, l’incompréhension est flagrante

« Il ne marche pas du tout ? Même pas un peu ? »

Nous répondons clairement que non. Notre père est handicapé moteur, totalement dépendant. L’agent, désemparé, appelle un collègue en renfort via son talkie-walkie.

Le collègue arrive, nous guide à la porte de l’avion… puis disparaît, prétextant d’autres tâches. Livrée à elle-même, l’agent se montre incapable de manœuvrer le fauteuil roulant.

Nous devons, une nouvelle fois, nous en charger pour permettre à notre père d’embarquer

Quand nous lui faisons remarquer son manque total de préparation, elle ose nous répondre : « Je sors d’une césarienne, j’ai mal au dos. »

Avant d’ajouter :

« J’ai deux enfants, c’est tout ce que j’ai trouvé comme travail. »

Comment expliquer qu’un service aussi vital que celui dédié aux personnes handicapées soit confié à des agents non formés, physiquement inaptes, sans accompagnement ni qualification spécifique ?

Où est la dignité que tout être humain mérite ?

Face à cette scène, un agent d’entretien, non formé mais humain, intervient pour aider à transférer notre père de son fauteuil à son siège. Le chef de bord de Tunisair, témoin de la situation, rédige immédiatement un rapport. Il faut saluer l’équipage de Tunisair pour leur humanité et leur professionnalisme.

Tunisair

Il serait temps que l’assistance aux passagers handicapés soit sérieusement pris en compte par ADP

Mais comment, en 2025, tolérer qu’un passager handicapé soit considéré comme un problème encombrant ?

Comment accepter que, dans un aéroport international comme Orly, l’assistance aux PMR soit confiée à des personnes non préparées, sans équipement adéquat, sans considération réelle pour les voyageurs qu’elles assistent ?

Pourquoi, à ce jour, aucune réflexion sérieuse n’a-t-elle été menée pour aménager des sièges adaptés aux handicapés moteurs dans les avions ?

Pourquoi l’accessibilité est-elle encore traitée comme un supplément optionnel, au lieu d’être une norme incontournable ?

Les personnes handicapées ne demandent pas la charité, elles exigent le respect

En 2025, il est inadmissible que voyager soit encore une épreuve imposée par l’incompétence et l’indifférence.

À ADP, aux compagnies aériennes, aux autorités : l’accessibilité n’est pas un supplément de service, c’est un droit.

L’indignité que nous avons subie n’est pas un accident : elle est le résultat d’un abandon systémique.

A découvrir dans la même catégorie..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

L'Actualité du jour