23 mai, 2025
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Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

La Corse connaît une baisse significative de sa fréquentation touristique encore en 2025, exacerbée par un arrêté préfectoral de 2023 interdisant aux navires de plus de 24 mètres de mouiller près des côtes dans plusieurs zones de l’île. Cette mesure, visant à protéger les herbiers de posidonie, a détourné une partie des yachts de luxe vers des destinations concurrentes comme la Sardaigne, affectant l’économie touristique insulaire.

Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

“Cela a des conséquences pour tous les habitants de l’île”, a déploré Michel Mallaroni, directeur du port de plaisance de Bonifacio, lors d’un entretien avec Le Figaro. La conséquence est immédiate, de nombreux vacanciers évitent la Corse.

La posidonie

Une mesure pour préserver la posidonie

Depuis le 7 juin 2023, un arrêté de la préfecture maritime de Méditerranée interdit le mouillage des navires de plus de 24 mètres dans une zone s’étendant de la pointe de Lozari au golfe de Roccapina, ainsi que dans d’autres secteurs clés comme le nord du Cap Corse. L’objectif est de protéger les herbiers de posidonie, une plante marine essentielle à l’écosystème méditerranéen, souvent endommagée par les ancres des grands yachts. En 2023, 933 suspicions d’infractions au mouillage ont été enregistrées en Méditerranée française, contre 650 en 2022, soulignant l’application stricte de ces règles.

Un superyacht

Contraintes pour les yachts de luxe

Cette réglementation oblige les grands navires à mouiller à plus de 40 mètres de profondeur, les éloignant des criques et baies prisées pour leurs eaux turquoise. À Bonifacio, par exemple, la fréquentation des yachts a chuté de 10 % par an depuis 2022, tandis que Saint-Florent rapporte une baisse de 10 à 15 % entre 2023 et 2024. Les ports corses, souvent dépourvus de places adaptées pour les unités de 50 mètres ou plus, peinent à accueillir ces navires, poussant les capitaines et loueurs à privilégier la Sardaigne, où les restrictions sont moins contraignantes.

Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

Le déclin de la grande plaisance

La grande plaisance, qui représente jusqu’à 50 % des recettes de certains ports corses et génère environ 9 millions d’euros par an pour l’économie insulaire, est particulièrement touchée. À Calvi, des yachts de 41 mètres ont écourté leurs escales en 2023, préférant regagner la Sardaigne. Cette désaffection affecte non seulement les ports, mais aussi les commerces locaux, les artisans, les chauffeurs et les blanchisseries, qui dépendent des dépenses des plaisanciers fortunés. En 2025, les professionnels estiment une perte d’activité de 20 à 30 % dans le secteur du yachting, accentuant la crise touristique.

Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

Les autres moyens de transport sont trop chers

Outre l’interdiction de mouillage, les tarifs élevés des transports maritimes et aériens freinent l’attractivité de la Corse. En 2024, un billet aller-retour Paris-Bastia en avion coûtait environ 300 euros en juin, et jusqu’à 500 euros pour Lille-Ajaccio en août. Cette cherté, combinée à une réduction de 15 % de l’offre aérienne en 2023 due au désengagement des compagnies low-cost, rend la Corse moins compétitive face à des destinations comme la Grèce ou les Baléares. Les professionnels du tourisme, comme César Filippi du GHR Corsica, dénoncent ces coûts comme un « obstacle majeur » à l’activité touristique.

Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

Perçue comme une destination trop chère

La Corse souffre d’une image de destination coûteuse, avec un coût de la vie 7 % plus élevé qu’en métropole selon l’Insee. En 2024, des touristes ont réduit leurs dépenses sur place, affectant les restaurants et les activités de loisirs. « Tout est cher », déplorent certains visiteurs, citant des locations et des repas onéreux. Cette perception, amplifiée par l’inflation post-pandémie, pousse les vacanciers à opter pour des destinations méditerranéennes plus abordables.

Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

Une économie insulaire fragilisée

Le tourisme représente 39 % du PIB corse, soit 3,5 milliards d’euros par an, faisant de l’île la région française la plus dépendante de ce secteur. La baisse de fréquentation, aggravée par le recul de la grande plaisance, menace environ 2 000 emplois directs et indirects liés au yachting, ainsi que des milliers d’autres dans l’hôtellerie, la restauration et les services. À Ajaccio, les restaurateurs rapportent une chute de 20 % de leur chiffre d’affaires en juillet 2024, un scénario qui risque de se répéter en 2025 sans mesures correctives.

Pourquoi la Corse connaît-elle une baisse de fréquentation?

Un équilibre à trouver

La baisse du tourisme en Corse en 2025 met en lumière les tensions entre préservation écologique et vitalité économique. Si la protection de la posidonie est essentielle, l’absence de solutions alternatives a détourné une clientèle aisée, fragilisant une économie insulaire déjà sous pression.

Face à des transports coûteux, une concurrence déloyale et une image de destination onéreuse, la Corse doit repenser son modèle touristique pour rester compétitive. Des initiatives comme les coffres d’amarrage et les incitations aériennes, combinées à une régulation plus équitable, pourraient permettre à l’Île de Beauté de retrouver son attractivité tout en préservant son patrimoine naturel.

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3 Commentaires

  1. Les emplois dans le tourisme ! Ils sont majoritairement importés du continent. Peu de locaux travaillent sur place, en dehors des patrons. Vous ne partez pas de la nuisance touristique. Arrogance, incivilités en masse, surpopulation, bouchons, augmentation des coûts, pollution, plages dégradées. Une grande partie des corses se passe de ces croix qui reviennent, comme la mauvaise herbe, chaque année. Et un grand nombre n’a même pas d’argent à dépenser et base ses vacances dans la gratuité du camping sauvage (absolument interdit) et des sandwichs au pâté.
    Ils pensent être attendus, nous donner à manger…
    Les pauvres. Qu’ils restent chez eux, on ne les attend pas.

  2. La désaffection de la Corse s’explique également par un accueil pas toujours respectueux des touristes, des parkings pour l’accès aux plages payant même en raz campagne, et l’accès de plus en plus limité des plages aux chiens. Les graffitis sur les bords de route anti français n’arrange pas les choses.

  3. Bonjour
    Et oui Dommage . Une si belle destination.
    Le prix pour les passages en Ferries sont de plus en plus élevés . La navigation est de plus en plus compliqué. Alors peut-être pour réduire les couts de transport la nage est peut-être envisageable dans quelques années.

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