30 mai, 2025
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L’UE est un terrain miné où les affreux boîtiers Airbnb font toujours débat

Airbnb est toujours au cœur de débats enflammés en Europe. Partout, et depuis quelques années, villes et communes de l’UE sous pression touristique prennent des arrêtés interdisant les boîtes à clés à code des propriétaires de logements secondaires mis en location. Accusée de contribuer au surtourisme, à la crise du logement et à la transformation des villes en « parcs à thème », l’entreprise étasunienne fait face à une vague de réglementations strictes.

Une boite à clés avec code

Derrière la laideur des boitiers ou les accusations d’assèchement de l’offre locative se cache le véritable enjeu: la question fiscale

Commençons par ce qui disent les lois dans la plupart des destinations concernées: elles laissent libre cours aux propriétaires pour la pose des boîtes à clés à l’extérieur dans les maisons individuelles, tandis qu’elles interdisent de les accrocher au mobilier urbain. Pour les copropriétés, c’est plus compliqué: à priori, c’est illégal d’installer une boîte à clés dans les parties communes sans avoir demandé une autorisation au préalable lors d’une assemblée générale. Si le règlement de copropriété n’autorise pas les activités commerciales ou professionnelles, à savoir la location meublée à courte durée, on n’a pas le droit d’en poser.

L'UE est un terrain miné où les affreux boîtiers Airbnb font toujours débat
L’UE est un terrain miné où les affreux boîtiers Airbnb font toujours débat

Ces derniers mois, les critiques à l’encontre des logements touristiques se sont multipliées en Espagne. On leur reproche d’alimenter la hausse des prix des loyers dans les grandes villes en réduisant le nombre de logements disponibles pour les résidents. En réponse, Airbnb a exprimé sa volonté de travailler avec le gouvernement espagnol pour mettre en œuvre des réglementations spécifiques, mais a également critiqué le manque de clarté de la législation et la possibilité que certaines mesures puissent avoir un impact négatif sur l’entreprise.

En France, et dans d’autres pays de l’Union, Airbnb a été accusé à plusieurs reprises d’encourager l’évasion fiscale. Fin 2023, en Italie, Airbnb a trouvé un accord dans son litige fiscal en payant 576 millions d’euros. Le parquet de Milan avait accusé Airbnb de ne pas avoir collecté une taxe sur les revenus locatifs perçus par les propriétaires entre 2017 à 2021 et qui doit être reversée au fisc italien. Airbnb réfute, affirmant ne pas être concerné par cet impôt, mais finit par régler la note.

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L’UE est un terrain miné où les affreux boîtiers Airbnb font toujours débat

En Espagne, le gouvernement vient d’augmenter la TVA sur les propriétaires de locations touristiques et impose de nouvelles amendes aux plateformes. Le pays rejoint ainsi le Canada, les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas, la France et l’Italie en limitant les locations touristiques et en introduisant une taxe de 21 % sur les séjours de courte durée.

Rappelons aussi que, à ce jour, l’UE n’a toujours pas une législation commune concernant la question fiscale des plateformes comme Airbnb ou Booking.com et chaque pays en est décisionnaire. Un flou juridique qui sans doute bénéficie ces entreprises…

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Le cas italien: les médias ont parlé abondamment des problèmes causés par les locations touristiques

En Italie, une récente décision judiciaire a renversé une interdiction controversée sur les boîtiers sécurisés pour les check-ins automatiques, suscitant des réactions mitigées. 

La plupart des journaux nationaux italiens comme Corriere della Sera et des médias régionaux ont évoqué les problèmes liés aux locations de courte durée et surtout des fameuses boîtes à lettres pour récupérer les clés de l’appartement loué sur une des plateformes de locations comme Airbnb.

En novembre 2024, le ministère italien de l’Intérieur a interdit les boîtes à clés pour les check-ins automatiques, comme ceux utilisés pour les locations Airbnb. L’objectif ? Renforcer la sécurité en limitant les entrées sans interaction humaine, jugées risquées. Les militants anti-surtourisme, notamment à Florence et Rome, ont applaudi, considérant ces boîtes comme des “verrues” sur les façades des immeubles historiques.

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L’UE est un terrain miné où les affreux boîtiers Airbnb font toujours débat

Une récente victoire judiciaire pour Airbnb

Ce mardi 27 mai, un tribunal italien a annulé l’interdiction de novembre dernier, au grand soulagement des hôtes Airbnb et des touristes. Cette décision a été perçue comme une victoire pour la commodité et les revenus des propriétaires, mais un revers pour les défenseurs de la lutte contre le surtourisme. Les juges ont estimé que l’interdiction manquait de base légale claire et entravait la liberté des propriétaires. Les boîtes à clés, souvent fixées aux murs ou aux portails, sont donc de retour, au grand dam de ceux qui les trouvent pour le moins disgracieuses.

Le surtourisme à Venise
Le surtourisme à Venise

Une crise du logement exacerbée

Au-delà du surtourisme, Airbnb est accusé d’aggraver la pénurie de logements. À Venise, 8 322 annonces Airbnb (dont 77 % pour des logements entiers) réduisent drastiquement l’offre pour les résidents. À Barcelone, où les loyers ont grimpé de 10 % en un an, les 321 000 locations touristiques recensées en 2024 ont poussé les autorités à interdire les locations Airbnb d’ici 2028. En France, Nice envisage de diviser par deux le nombre d’Airbnb pour libérer des logements. Les habitants, chassés par des loyers inabordables, accusent la plateforme de transformer leurs villes en dortoirs pour touristes.

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Les griefs des anti-Airbnb

Mais tout le monde n’est pas à la fête. Les militants anti-surtourisme, soutenus par des habitants de Rome ou de Venise, dénoncent une décision qui favorise les profits au détriment de la qualité de vie. Les boîtes à clés, fixées sur des bâtiments historiques, sont accusées de défigurer les centres-villes. De plus, elles symbolisent l’omniprésence d’Airbnb, qui transforme des quartiers résidentiels en zones touristiques. À Venise, où la population a fortement chuté à cause des locations courte durée, le retour des boîtes à clés est vu comme un pas en arrière dans la lutte pour préserver l’âme de la ville.

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L’UE est un terrain miné où les affreux boîtiers Airbnb font toujours débat

Des réponses européennes variées

L’Italie n’est pas seule à lutter contre les effets d’Airbnb. En Espagne, 65 000 annonces ont été supprimées pour non-conformité, et Barcelone prévoit une interdiction totale d’ici 2028. En Sardaigne, des plages comme Tuerredda limitent l’accès via une application pour contrôler le flux de visiteurs. En Autriche, Hallstatt a installé des barrières anti-selfies pour protéger ses paysages. Ces mesures, souvent accompagnées de taxes touristiques ou de plafonds de visiteurs, montrent une Europe déterminée à juguler le surtourisme, même si les approches varient.

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Airbnb contre-attaque

Airbnb, de son côté, ne reste pas les bras croisés. La plateforme argue que les interdictions, comme celle des boîtes à clés ou des locations à Barcelone, ne résolvent pas la crise du logement et privent les propriétaires de revenus. À Brighton, en Angleterre, où les Airbnb aggravent la pénurie de logements, des zones spécifiques pourraient être créées pour limiter les locations. Airbnb propose aussi des solutions, comme des outils pour signaler les annonces non conformes, mais les critiques estiment que ces efforts sont insuffisants face à l’ampleur du problème.

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Réguler sans interdire

Certaines villes explorent des solutions intermédiaires. À Lisbonne, des quotas de licences Airbnb ont été instaurés, tandis qu’Amsterdam impose une limite de 30 nuits par an pour les locations. Ces approches cherchent à équilibrer les besoins des touristes, des hôtes et des habitants, mais leur succès reste à prouver.

 

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